Intimidation à OD: Productions J annonce un «remaniement complet» de son émission

L’éviction des trois candidats intimidateurs n'a pas suffi: les entreprises Couche-Tard et GURU se sont ajoutées à la liste des commanditaires qui ont décidé de se dissocier d'OD Martinique. Devant l’ampleur de la crise, le producteur Productions J a été forcé de remanier complètement l’émission. 

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Afin de stopper l’hémorragie, la production n’a eu d’autre choix que de prendre des actions concrètes. Par voie de communiqué, intitulé Évolution double, Productions J a annoncé un «remaniement complet» de l’émission de téléréalité. 

L’ensemble des épisodes de la série ont d’abord été retirés du site du diffuseur et une décision a été prise de retirer les trois candidats de l’écran dès jeudi soir. Dans l'épisode diffusée sur noovo, il n'y avait plus de traces des candidats jugés toxiques, Philippe, Isaack et Félix. Selon nos sources, l'équipe de Productions J a procédé à une réédition rapide de l'épisode.

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Les VENDREDIS OD, OD EXTRA et OD WEEK-END feront aussi relâche cette semaine. L’émission de dimanche débutera avec l’annonce aux candidats des participants exclus et l’explication des raisons de leur exclusion.

Le souper d’élimination sera quant à lui transformé «en discussion, information et sensibilisation à la communication non violente avec l’auteure India Desjardins qui a pris l’avion pour la Martinique dans la nuit de mercredi à jeudi et du professeur en prévention de l’intimidation de l’UQAM, Stéphane Villeneuve.

Retrait de neuf commanditaires

Après Shop Santé, Oraki, Polysleep et Twenty Compass qui s’étaient retirés de l’aventure plus tôt cette semaine, Couche-Tard a aussi emboîté le pas. L’entreprise a annoncé la nouvelle sur sa page Instagram jeudi en début de soirée.

«Bien que nous reconnaissons que des mesures correctives ont été prises par la société de production, nous avons pris la décision de mettre fin à notre entente avec Occupation Double, et ce, dès maintenant», peut-on lire dans la plus récente publication Instagram de Couche-Tard.

Cette dernière a souligné que les comportements observés à l’émission ne correspondent pas à leurs valeurs et qu’elle condamnait fermement toute forme d’intimidation ou de harcèlement. Le tout en soulignant que leur culture d’entreprise est basée sur l’honnêteté, l’intégrité et l’inclusion. Pour des raisons similaires, le producteur québécois de boissons énergisantes GURU a annoncé qu'elle coupait ses liens avec l'émission.

En plus de Couche-Tard et GURU, les petites entreprises Twenty Compass, That'so, Nail Creation et les sacs Lambert se sont ajoutés à la liste des commanditaires qui abandonnent OD.

Au total, OD Martinique a perdu neuf commanditaires depuis mercredi.

Tolérance zéro pour les jeunes

Pierre Barrette, directeur à l’École des médias de l’UQAM, n'est pas surpris de l'ampleur de la crise. Selon lui, ce n’est pas la puissance de l’intimidation, mais le degré de tolérance du public par rapport à ce genre de comportement qui a changé au fil des années. C’est le refus des téléspectateurs d’OD de cautionner certains actes d’intimidation combiné aux retraits de maintenant neuf commanditaires de l’émission qui ont mené à l’éviction des candidats problématiques.

La présente édition d’OD montre, selon lui, à quel point la ligne de ce qui est acceptable a bougé dans les dernières années.

«Aujourd’hui, la question du respect entre les individus et de l’intimidation ne passe pas et les canaux de communications donnés au public pour s’exprimer sont nombreux et instantanés, croit-il. Les gens ont la possibilité d’être très vocaux sur les réseaux sociaux, ce qui crée un mouvement qui, à un moment, peut faire boule de neige. C’est le public qui a choisi!»

Pour faire boule de neige, cela a fait boule de neige alors que le climat toxique grandement dénoncé sur les réseaux sociaux a ainsi fait fuir neuf commanditaires de l’émission.

«Les gens qui ont cette sensibilité (la non-tolérance à l’intimidation) sont les jeunes et ce sont les jeunes qui regardent cette émission, ajoute-t-il. Selon moi, on doit contester le choix de la production d’avoir choisi de mettre ces moments en scène, car elle aurait très bien pu volontairement choisir de ne pas montrer ces épisodes. Mais, il faut le dire, cela fait de la très bonne téléréalité et fait jaser.»

Il affirme ne pas être surpris des récents gestes radicaux de la production, pour qui la pression devait commencer à être très forte alors que grimpait le degré de tension généré sur les réseaux sociaux. Le fait qu’on ait invité une personnalité publique aimée de jeunes comme l’auteure India Desjardins – «et non un obscur psychologue» – représente aussi, croit-il, un mélange entre une véritable volonté de rétablir un meilleur climat, un dédouanage de la production pour le public et un coup de marketing.

«Cela démontre qu’il y a une prise de conscience collective face à la violence psychologique, poursuit Stéfany Boivert, professeure à l’École des médias. Évidemment, les sensibilités changent et les émissions doivent s’adapter. S’il y a quelque chose de constructif à retenir de tout cela, c’est que cela nous amène à réfléchir, condamner et critiquer les comportements oppressifs.»