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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Marioupol: au cœur d’une ville qui «n’existe plus»

Marioupol a été rasée par les Russes, mais ses résidents qui manquent de tout ne peuvent toujours pas fuir

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Olivier Faucher et Erika Aubin

2022-03-06T12:05:00Z
2022-03-07T05:00:00Z
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Des centaines de milliers de personnes sont prisonnières de Marioupol, ville ukrainienne tellement bombardée qu’elle « n’existe plus », selon son maire. L’évacuation des civils, qui devaient être protégés par un cessez-le-feu, a encore échoué hier et des Ukrainiens sont sans nouvelles de leurs proches dans cette ville coupée de toute communication. 

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« Je me sens impuissant, parce que je ne peux pas l’aider », confie un Ukrainien de Châteauguay, Daniel Mukhin, en parlant de sa mère de 70 ans, qui vit seule à Marioupol. Il tente d’appeler chaque heure. 

« J’espère que si pour quelques minutes il y a une connexion cellulaire, elle va recevoir mes messages. C’est le seul espoir qui me reste », raconte-t-il. 

« Au milieu de scènes dévastatrices de souffrances humaines, une deuxième tentative [en autant de jours] aujourd’hui de commencer à évacuer quelque 200 000 personnes de la ville a été interrompue », a indiqué hier le Comité international de la Croix-Rouge. Un cessez-le-feu devait permettre aux civils de quitter la région en sécurité depuis samedi. Or, les bombardements se sont poursuivis.

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Une ancienne résidente de Marioupol nous a fourni une des rares photos prises après les bombardements de cette ville coupée de toute communication et qui « n’existe plus », selon son maire.
Une ancienne résidente de Marioupol nous a fourni une des rares photos prises après les bombardements de cette ville coupée de toute communication et qui « n’existe plus », selon son maire. Photo courtoisie, Katerina Beliakova

Ce couloir humanitaire devait permettre une évacuation vers un lieu plus sécuritaire, selon le maire Vadim Boïtchenko. Ce dernier évoque des milliers de blessés et affirme que « Marioupol n’existe plus ». 

« Une amie a réussi à se rendre près de la tour cellulaire pour m’appeler [hier], a raconté au Journal Christina Diadiura, qui vit présentement à Kyïv. C’est l’enfer là-bas [Marioupol]. Les gens sont affamés, n’ont plus de nourriture, et ils boivent l’eau de pluie. Ils sont juste brutalement détruits. » 

Katerinea Beliakova a envoyé au Journal ces photos d’immeubles bombardés à Marioupol prises samedi dernier.
Katerinea Beliakova a envoyé au Journal ces photos d’immeubles bombardés à Marioupol prises samedi dernier. Photo courtoisie, Katerina Beliakova

Katerina Beliakova, se trouvant aussi à Kyïv, n’arrive pas à joindre sa mère, son père, sa grand-mère et sa petite sœur depuis six jours. Ceux-ci résident tous à Marioupol. Elle a fourni des photos des désastres observés dans la ville.

« Je m’inquiète beaucoup et je cherche de l’aide pour eux. Ils voudraient bien quitter la ville, mais comme les Russes n’arrêtent pas de tirer, ils ne peuvent pas partir. » 

Les citoyens de la ville sont privés de tout moyen de communication y compris internet. La situation y est si dangereuse qu’elle semble avoir éloigné les médias puisque pratiquement aucune image de Marioupol n’est disponible depuis deux jours.

Poutine nie cibler les civils 

« La colonne pour évacuer la population civile n’a pas pu sortir de Marioupol, car les Russes ont regroupé leurs forces et commencé à bombarder la ville », a accusé sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région, Pavlo Kirilenko. 

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Le président russe, Vladimir
Poutine, a plutôt blâmé les « nationalistes ukrainiens » qui selon lui ont empêché l’évacuation de Marioupol et de Volnovakha, une ville proche. 

Dans un entretien avec son homologue français, Emmanuel Macron, il a nié que son armée prenne des civils pour cible. 

« Nous avons vu des informations très crédibles concernant des attaques délibérées [par la Russie] sur des civils qui constitueraient un crime de guerre », a néanmoins déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à la chaîne de télévision américaine CNN. 

Iode envoyé en Ukraine 

Un homme à Kharkiv montre à la caméra des éclats d’une bombe à fragmentation conçue pour blesser un maximum de personnes.
Un homme à Kharkiv montre à la caméra des éclats d’une bombe à fragmentation conçue pour blesser un maximum de personnes. Photo AFP

Quant à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, elle restait la cible d’intenses bombardements par les Russes, qui n’ont pas réussi à en prendre le contrôle. Selon un journaliste de l’AFP, des raids aériens ont notamment visé un complexe sportif d’une université de Kharkiv et des immeubles civils.

La France a envoyé à l’Ukraine différents produits médicaux, dont de l’iode, pour se prémunir contre le risque d’un accident nucléaire lors des combats avec l’armée russe. Le président Macron a réitéré sa « grave préoccupation » à Poutine pour la sécurité des sites nucléaires, après le bombardement le 4 mars de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d’Europe. 

Du côté russe, une nouvelle étonnante a été rapportée hier par le Wall Street Journal, qui a révélé que Moscou recrutait depuis quelques jours des combattants syriens, espérant que leur expérience en combat urbain pourra les aider à prendre la capitale Kyïv, sur laquelle l’armée russe resserre son étau. 

– Avec l’AFP

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