Nickel dans l'air: le Port réclame à son tour le report du nouveau règlement
Taïeb Moalla et Nicolas Lachance
Dans une prise de position complètement inattendue, le Port de Québec a joint sa voix à celles de plusieurs groupes citoyens en demandant au gouvernement Legault de reporter l’application du nouveau règlement sur le nickel qui doit entrer en vigueur aujourd’hui.
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Ce dénouement, qui surprendra assurément plusieurs observateurs, est intervenu tard hier soir, au terme d’une journée pleine de rebondissements.
«Où est l’urgence?»
Dans une lettre envoyée par le PDG du Port, Mario Girard, au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, l’expéditeur affirme ceci: «Des gens sont inquiets à Limoilou. Je vous invite à les écouter et à leur parler. Cela va au-delà de la politique. Devant ces préoccupations légitimes, ne serait-il pas souhaitable de prendre quelques semaines supplémentaires pour bien rassurer ces citoyens? Où est l’urgence?»

M. Girard suggère ensuite au ministre de «suspendre la mise en application de votre nouvelle norme en lien avec le nickel, du moins dans Limoilou, le temps que le comité chargé d’évaluer la situation globale ne dépose son rapport en décembre prochain».
Sur le fond, le PDG prend soin de dire que «les activités du port et de ses partenaires respectent les plus hauts standards».
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Attaque et contre-attaque
Plus tôt en journée, le ministre Charette avait demandé au Port de faire preuve de davantage de transparence. Rappelant que l’organisation portuaire possédait déjà des stations d’échantillonnage sur le territoire du Port de Québec, il a regretté son refus présumé de partager les données.
«Je les invite à nous les partager, ces données-là [...]. Pour une raison que je m’explique mal, ils ne veulent pas nous donner accès aux données de ces stations», a-t-il déploré.
Ces affirmations ont fait bondir M. Girard. Dans sa lettre, il dit avoir pris connaissance des propos ministériels «avec stupéfaction» et «une certaine irritation».
«Je vous invite à m’indiquer à quel appel, courriel ou lettre de demande vous faites référence. Jamais ni les membres de mon organisation ni moi n’avons vu passer, depuis les discussions à propos de cette norme, une telle requête de votre part», a-t-il laissé tomber.
Mario Girard a par la suite assuré que «nous sommes très ouverts à partager avec les experts et les autorités compétentes les données de nos stations dans la communauté, celles qui sont en mesure de contribuer à répondre aux inquiétudes des citoyens».
Le nouveau règlement permet, depuis aujourd’hui, de quintupler les seuils de concentration quotidiens de nickel dans l’air ambiant.
Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale, le conseil municipal de Québec et plusieurs groupes citoyens, particulièrement de la basse ville de Québec, se sont opposés à cette législation.
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