Négos du secteur public: 56% des Québécois appuient le recours à la grève par les enseignants
Tant les travailleurs de l'éducation que de la santé continuent d’avoir une position de force dans l’opinion publique

Dominique Lelièvre
Plus d’un Québécois sur deux appuie l’utilisation de la grève comme moyen de pression par les enseignants et c’est encore plus vrai chez les parents en dépit du conflit de travail qui s’éternise.
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Selon un coup de sonde Léger pour le compte de TVA dévoilé lundi, que Le Journal a pu consulter, 56% des répondants se déclarent en faveur du recours à la grève par les professeurs, comparativement à 34% qui s’y opposent.
La proportion des gens favorables grimpe même à 63% pour ceux qui ont des enfants d’âge scolaire.
«C’est ça la donnée la plus significative [...], ça démontre la force de l’appui populaire», analyse le président de la firme, Jean-Marc Léger, d’autant plus que «c’est eux qui ont l’impact le plus direct» de ce bras de fer avec le gouvernement.
Notons que la question posée ne faisait pas de distinction entre les affiliations syndicales et la durée des arrêts de travail.
Le Front commun, qui regroupe 60% des professeurs de la province, a fait des débrayages ponctuels totalisant neuf jours. La Fédération autonome de l’enseignement, qui représente 40% d’entre eux, est en grève générale illimitée depuis le 23 novembre.
Résultat: 368 000 élèves n’ont pu retourner sur les bancs d’école à ce jour, soulevant les inquiétudes tant de parents que d’experts.
«Exceptionnel»
Plus généralement, tant les travailleurs de l’éducation que de la santé détiennent une position de force dans l’opinion publique, démontre l’enquête réalisée dans les derniers jours.
En effet, 52% des Québécois appuient davantage la position du Front commun, qui regroupe 420 000 travailleurs de ces deux secteurs, contre 28% pour celle du gouvernement.
Après répartition des indécis, ces proportions se maintiennent depuis le début novembre, signale M. Léger.
«Et ça, c’est rare. C’est ça qui est exceptionnel là-dedans», indique le sondeur qui souligne que «d’habitude, dès que les moyens de pression commencent, l’appui diminue».
Profitant d’un gouvernement dont le niveau d’insatisfaction «augmente», les syndicats ont su utiliser la joute publique à leur avantage, croit-il.
«Les gens, ce qu’ils perçoivent dans cette bagarre là, ce n’est pas juste une question de salaire»; ils «veulent un meilleur système de santé et un meilleur système d’éducation», soulève Jean-Marc Léger.
Des limites
Cela dit, cet avantage dans l’opinion publique n’est pas éternel et a peut-être atteint son apogée.
«Ce ne sera pas la même chose dans un mois ou dans deux mois. Il y a comme une limite, tu ne peux pas tirer l’élastique trop longtemps», dit M. Léger.
Il prévient que la stratégie des syndicats est également à double tranchant.
«Ça a un impact sur le recrutement futur. Oui, à court terme, le Front commun intersyndical gagne, mais à moyen terme, plus, tous les jours, tu démontres que les conditions [de travail] sont inacceptables, [plus] ça va avoir un effet sur les jeunes nouveaux qui veulent entrer en santé ou en éducation. Il n’y a personne qui gagne dans ce type de confrontation là.»
Du côté des professionnels de la santé, les répondants soutiennent également en majorité (56%) le recours à la grève. Ce taux régresse toutefois à 47% chez les 55 ans et plus.
«C’est plus fragile chez ceux qui sont les plus bénéficiaires», note Jean-Marc Léger.
En bref
52% des répondants appuient davantage la position du Front commun, contre 28% pour la position du gouvernement
56% sont pour l’utilisation de la grève par les enseignants alors que 34% sont contre
56% sont pour l’utilisation de la grève par les professionnels de la santé alors que 36% sont contre
Méthodologie
Un sondage web a été réalisé auprès de 1012 Québécois-es âgé-es de 18 ans ou plus et pouvant s’exprimer en français ou en anglais. Les données ont été collectées du 15 au 18 décembre 2023. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1012 répondant-e-s est de ± 3,1%, et ce, 19 fois sur 20.
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