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Montréal est-elle vraiment moins sécuritaire?

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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2025-10-04T11:00:00Z
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Dans une publication sur le groupe Facebook «Spotted Rosemont», une personne affirme «se sentir moins en sécurité qu'avant» dans ce quartier qu’elle habite depuis plusieurs années.

«J’habite à Rosemont depuis 15 ans et j’ADORE mon quartier. Je m’y voyais rester jusqu'à la fin de mes jours... jusqu’à tout récemment. Comme beaucoup, je ressens le stress lié au contexte mondial actuel (politique, économique, etc.), et j’essaie de distinguer ce qui relève de cette anxiété générale, d’un sentiment plus concret et réaliste: l’impression que la vie de quartier se détériore», écrit-elle.

Elle n’est pas la seule à se sentir de la sorte: 55% des Montréalais disent que la ville est moins sécuritaire qu’il y a 5 ans, selon un sondage Léger réalisé en août pour la Fraternité des policiers et policières.

La question qui se pose: la sécurité s’est-elle vraiment détériorée à Montréal ou nos perceptions nous jouent-elles plutôt des tours? On a posé la question des experts.

Plus de crime depuis cinq ans?

En 2024, il y a 27,8% plus de crimes contre la personne et 19,4% plus de crimes contre la propriété par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon les données du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

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Ces chiffres manquent toutefois de contexte, affirme Ted Rutland, professeur associé en géographie à l’université Concordia.

Par exemple, le taux de criminalité a été «historiquement bas» en 2020, ce qui a fait baisser la moyenne des cinq dernières années (et qui peut laisser croire qu’il y a eu une flambée de la violence en 2024).

Autre donnée intéressante: l'indice de la gravité de la criminalité, qui a été en baisse constante entre 1998 et 2021 à Montréal. Il remonte légèrement depuis 2021, mais on est loin des chiffres d’il y a 20 ou 25 ans.

«Les études prouvent que lorsqu’il est question de crimes, le plus grand risque vient de nos proches et non d’inconnus dans la rue», rappelle par ailleurs le professeur.

Photo courtoisie de Ted Rutland
Photo courtoisie de Ted Rutland

Une question de perception

La professeure au département de psychologie de l’Université de Montréal, Roxane de la Sablonnière, critique les médias qui peuvent contribuer au climat d’insécurité dans la population.

«Ce que les gens ressentent est important, mais si les médias mettent de l’avant des anecdotes et des impressions, ça a tendance à renforcer ce sentiment d’insécurité. C’est plus parlant de présenter des faits pour aider les gens à sortir de ça», insiste-t-elle.

Selon elle, dans le climat actuel, où les crises sont nombreuses au Québec et à l’internationale «c’est plus facile de blâmer des groupes différents de nous».

Photo courtoisie de Roxane de la Sablonnière
Photo courtoisie de Roxane de la Sablonnière

«Il y a des groupes qui ont intérêt à promouvoir ce sentiment d’insécurité, par exemple la Fraternité des policiers, qui peuvent l’utiliser pour justifier une augmentation de budget», souligne pour sa part Ted Rutland.

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En réaction à la publication partagée sur «Spotted Rosemont», la Société de développement commercial (SDC) de la promenade Masson soutient que «quelques événements, que nous pourrions qualifier de cas isolés, surviennent effectivement de manière sporadique sur l’artère ou en périphérie, mais qu’ils sont le propre d’une grande ville».

Vivre en ville

Ted Rutland insiste d’ailleurs: il ne faut pas mêler insécurité et précarité, ce qui a tendance à se produire dans des groupes de voisinage comme «Spotted Rosemont».

«Il arrive souvent que les voisins n’identifient pas de vrais risques, mais des personnes considérées comme des étrangers: les itinérants, les utilisateurs de drogue, les ados racisés», mentionne-t-il.

Il le reconnaît, la pandémie a creusé les inégalités. Mais même si les personnes vulnérables et marginalisées sont depuis plus nombreuses et plus visibles, elles ne sont pas pour autant une menace dont il faut se débarrasser, ajoute-t-il.

• À lire aussi: Mort de Nooran Rezayi: des caméras corporelles auraient-elles changé quelque chose?

Sécurité et sentiment de sécurité: ce que disent les partis

Projet Montréal

Pour améliorer le sentiment de sécurité, le parti de Luc Rabouin promet de doter les policiers de caméras corporelles, de pérenniser l’équipe spécialisée en violence conjugale du SPVM, d’augmenter les équipes mixtes de la police avec des civils, de réviser les règlements municipaux qui mènent au profilage et de mieux éclairer les espaces publics.

Ensemble Montréal

«Ce que les Montréalais nous disent, c’est que la sécurité s’est dégradée. C’est un consensus tant chez les citoyens, que dans le milieu des affaires. Il faut donc travailler avec le milieu communautaire et policier afin de ramener un sentiment de sécurité dans notre ville. Notre plateforme complète en matière de sécurité sera dévoilée prochainement. Il s’agit toutefois de l’une des six priorités d’une future administration Ensemble Montréal», affirme Félix Lacerte-Gauthier, attaché de presse pour Ensemble Montréal.

Transition Montréal

Pour le parti de Craig Sauvé, la sécurité publique «passe d’abord par la prévention». «Cela passe par un meilleur éclairage des espaces publics, un soutien accru aux organismes communautaires, des aménagements sécuritaires pour les déplacements, des rues-écoles autour des établissements scolaires et une hausse du nombre de radars photo», précise la formation politique dans un courriel envoyé à 24 heures.

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