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L'article provient de 24 heures

On m’a demandé de nourrir et de soigner moi-même un renard sauvage: qu’aurais-je dû faire?

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Photo portrait de Alice  Fournier

Alice Fournier

2025-09-30T15:40:45Z
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EXPÉRIENCE — La semaine dernière, lors d’une séance de course au parc Maisonneuve, je suis tombée sur un renard mal en point. En voyant l’animal, qui était rachitique et qui avait perdu beaucoup de poil, j’ai tout de suite voulu faire un signalement. Après des appels infructueux — et beaucoup de confusion —, on m’a suggéré de le nourrir et de le soigner moi-même, ce qui n’est pourtant pas recommandé.

• À lire aussi: On a suivi des agentes de la SPCA dans des enquêtes pour maltraitance

Après avoir tenté plusieurs fois de joindre le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, je décide de me tourner vers la Société de protection contre la cruauté animale, la SPCA. Un agent me suggère alors de contacter Sauvetage Animal Rescue.

Par textos, Sauvetage Animal Rescue m’informe que le renard que j’ai croisé souffre probablement de gale sarcoptique, une maladie contagieuse pour l’homme. Sans être mortelle, elle peut vite se propager — chez l’humain — et provoquer des symptômes encombrants comme des démangeaisons intenses ou des éruptions cutanées.

«La solution idéale est de le laisser [le renard] dans son environnement naturel, tout en lui administrant la médication pour le soigner et en le nourrissant afin de lui redonner des forces», me suggère-t-on.

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Le message de l’organisme comprend aussi un lien pour acheter un médicament sur Amazon, une posologie — c’est un traitement pour chevaux à la base — et des options de nourriture pour l’animal, dont du bœuf haché (que je n’achète même pas pour moi, parce que je trouve que c’est trop cher).

Des directives contradictoires

Le message de Sauvetage Animal Rescue me surprend. Je décide de repartir, parce que j’ai déjà travaillé auprès des animaux et que le conseil me semble louche.

Les directives du gouvernement me donnent raison.

«Il n’est ni souhaitable ni réaliste d’intervenir auprès de ces animaux», précise par courriel le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

La directrice du sanctuaire animalier Éducazoo, Joanie Asselin, abonde dans le même sens. Elle ajoute que «l’animal sauvage ne nous connaît pas et qu’il peut rapidement devenir craintif» et mordre.

Le gouvernement rappelle également que «les traitements, sous prescription, nécessitent une consultation vétérinaire». Pour le dire simplement: monsieur et madame Tout-le-Monde ne devraient surtout pas se mettre à administrer des médicaments au feeling aux animaux sauvages qui croisent son chemin.

Le mieux, c’est de ne pas agir et de rester loin de l’animal. S’il est en danger et qu’il requiert une intervention d’urgence, il est suggéré d’appeler le ministère, qui gère la faune des parcs.

C’est bien beau, mais moi, quand j’ai essayé de signaler le renard malade, j’ai été incapable de parler à quelqu’un du ministère. Pourtant, c’est eux qu’on est censé joindre en cas de doute.

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C’est pour cette raison que j’ai communiqué avec Sauvetage Animal Rescue.

Un manque de ressource dénoncé

Mais pourquoi m’a-t-on recommandé de prendre moi-même en charge l'animal?

Parce que le ministère n’intervient pas suffisamment, affirme le président de l’organisme Éric Dussault.

«Les interventions du ministère pour sauver la faune urbaine sont inexistantes», déplore-t-il.

Sauvetage Animal Rescue dit avoir reçu plus de 200 signalements pour des renards à Montréal depuis le début de l’été.

«Nous sommes le dernier rempart pour protéger les animaux», se défend M. Dussault.

Et que pense la SPCA du conseil promulgué par Sauvetage Animal Rescue?

«C’est un organisme privé donc on ne peut pas cautionner ce qu’ils recommandent tout le temps», se contente de me répondre la SPCA.

Voici ce que je compte faire si je recroise un animal en détresse?

  • Je vais continuer à faire des signalements au ministère. Je n’ai pas l’intention d’agir moi-même, pour ma sécurité et pour celle de l’animal. Je n’ai pas non plus les ressources, financières et autres, pour soigner un renard.
  • La chose à faire, c’est d’appeler ou de remplir un formulaire de signalement sur le site du gouvernement. C’est au ministère d’agir, surtout si l’animal est malade.
  • Je précise d’ailleurs: ce n’est pas la peine d’appeler le 311. Cette ligne peut être utilisée pour signaler un animal domestique en détresse (comme un chat ou un chien), mais pas pour un animal sauvage (comme un renard).
  • Si un coyote croise votre chemin, vous pouvez le signaler à la Ville en utilisant la ligne dédiée.
  • Dernière chose: préparez-vous à croiser de plus en plus d’animaux sauvages, prévient Joanie Asselin. «Ce genre de situation va augmenter d’année en année, car on est de plus en plus proches des animaux avec l’étalement urbain», souligne-t-elle.
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