Montée de la violence politique: «la figure de Charlie Kirk était dépolarisante»

Yannick Beaudoin
Le meurtre de l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk est déplorable à plusieurs égards, notamment en raison du rôle de ce dernier face à la polarisation des débats, soutient un professeur montréalais.
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Selon une étude de la professeure de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill Cécile Rousseau, la violence politiquement motivée est en hausse depuis plusieurs années, alors que les homicides et autres types de violence connaissent une baisse.
«Chez les jeunes de moins de 25 ans, [on rapporte de plus en plus] une sympathie pour la radicalisation violente. C’est-à-dire, ils disent: “Oui, ce serait justifiable d’utiliser la violence pour une cause.” Ça, c’est nouveau depuis la pandémie et c’est inquiétant», a mentionné le professeur associé au Département de psychologie de l’UQAM Samuel Veissière, en entrevue à LCN.
«Le bémol, c’est que quand on regarde ces données de plus près, en fait, ceux qui expriment le plus de sympathie pour la violence, ce sont ceux qui n’ont pas d’amis face à face et qui préfèrent leurs relations sociales sur les réseaux sociaux. Donc là, il faut rappeler que les réseaux sociaux, ce n’est pas la réalité. Le contenu qu’on voit qui va générer le plus de vues, le plus de partage, ça va être le contenu le plus extrême, le plus violent, le plus anxiogène», a-t-il ajouté.
Si les jeunes sont plus anxieux, pessimistes et polarisés, ceux-ci sont également allumés et ils aiment débattre, souligne M. Veissière.

«Dans un sens, la figure de Charlie Kirk était aussi dépolarisante, c’est-à-dire qu’il allait sur les campus, là où beaucoup de gens conservateurs ne se sentaient pas reconnus, ils sentaient que les institutions américaines ne les reconnaissaient pas et ils allaient débattre. Et quand on regarde les vidéos de Kirk, oui, il y a des propos extrêmes, mais on voit aussi des jeunes qui aiment débattre de sujets complexes, de sujets controversés. Et ça, c’était une bonne chose», indique le professeur de psychologie.
Celui-ci croit qu’il faut adoucir le discours voulant que la société américaine soit au bord de la guerre civile.
«C’est bien de rappeler aussi qu’un espace démocratique, ça prend des désaccords, ça prend des débats et c’est ce qui était en train de se passer. Donc, c’est vraiment malheureux de voir ce dernier incident de polarisation», souligne-t-il.
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La polarisation est présente, mais surtout en ligne, rappelle M. Veissière, et il faut éviter de ne voir que cette partie du débat public.
«C’est vrai qu’il y a des politiciens qui vont instrumentaliser ce genre de peur. Mais je pense qu’il faut le remettre dans le contexte du symptôme d’une société où les gens sont seuls, où les gens ne se parlent plus, où le dialogue difficile est de plus en plus impossible à avoir [...] Je pense que les gens ont encore beaucoup de choses en commun. Et en fait, quand on va sur le terrain et qu’on parle à des gens, ils ont tendance à tenir des propos beaucoup moins extrêmes que ce qu’on voit beaucoup sur les réseaux sociaux», explique-t-il.
Samuel Veissière prône l’optimisme et la dépolarisation de la société.
«Je pense qu’on sera toujours capable de se parler et qu’on le sera toujours mieux si on le fait hors ligne. Je pense qu’on a tous une responsabilité de se débrancher», affirme le professeur associé au Département de psychologie de l’UQAM.
«Je pense aussi qu’au Québec et au Canada, on est malgré tout un peu moins polarisé. Et si je me permets des propos un peu patriotes et un peu partisans: on a aussi de très belles lois qui régulent l’accès aux armes, qui font que ce genre de passage à l’acte est beaucoup plus difficile, voire impossible chez nous», ajoute-t-il.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.