«Microdosing»: effets, risques et popularité chez les jeunes
Pascale Robitaille et Équipe Salut Bonjour
Le phénomène du microdosage est un sujet à la fois fascinant et délicat. Quand on parle de microdoses, on parle de consommer des quantités infimes de substances psychédéliques, comme le LSD ou les champignons magiques. L’objectif n’est pas de diaboliser ni de banaliser cette pratique, mais d’informer, car elle gagne en popularité.
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Alors, qu’est-ce que le microdosage, exactement? C’est la consommation de doses si petites qu’elles ne provoquent pas d’effets perceptibles. Pas d’hallucinations, pas de sensations physiques marquées. L’idée est plutôt d’obtenir des bénéfices subtils à long terme: améliorer la concentration, réduire l’anxiété, favoriser la sociabilité ou stimuler la créativité. Certaines personnes l’intègrent même dans leur routine professionnelle pour être plus productives ou créatives.
Un concept encore mal défini
Pour mieux comprendre, j’ai discuté avec le Dr Nicolas Garel, psychiatre et chercheur en thérapie psychédélique. Selon lui, le concept est encore mal défini scientifiquement. On parle souvent d’une dose équivalente à un quart, un dixième, voire un vingtième d’une dose psychoactive normale. Le principe est de rester sous le seuil perceptuel, sans altérer la vision, l’audition ou le toucher. Mais attention: la ligne entre microdose et dose active est très mince. Dès qu’il y a des sensations physiques ou une perception modifiée, ce n’est plus du microdosage.
Ce phénomène est relativement nouveau. Il y a quelques années, on en parlait peu. Aujourd’hui, il est très présent dans les cercles festifs, mais aussi dans des milieux professionnels où l’on cherche à être plus créatif ou détendu. Sur les réseaux sociaux, comme TikTok ou Reddit, des utilisateurs partagent leurs routines de microdosage, souvent avec des intentions positives. Certains vont même jusqu’à prétendre que cela aide à perdre du poids, ce qui est inquiétant. Car ce n’est pas parce qu’on parle de «microdoses» que c’est sans danger.
Fausse impression de sécurité
Et c’est là que les risques apparaissent. D’abord, ces substances sont illégales au Canada, sauf dans des contextes très encadrés, comme la recherche ou certaines thérapies expérimentales. Ensuite, la qualité et la quantité ne sont pas contrôlées. Un comprimé peut avoir une concentration différente d’un autre, ce qui augmente le risque de surdosage. Pour des substances comme le LSD, la dose active est minuscule, donc la précision est cruciale. Or, sur le marché noir, on retrouve ces produits sous des formes trompeuses: bonbons, chocolats, pots ressemblant à des vitamines... Cela peut donner une fausse impression de sécurité.
Il faut aussi considérer les interactions. Mélanger une microdose avec de l’alcool ou des médicaments peut être dangereux. Chaque organisme réagit différemment, et ce qui semble anodin pour une personne peut être risqué pour une autre. Bref, ce n’est pas une pratique sans conséquences.
Des recherches sérieuses
Ce qui est intéressant, c’est que le microdosage suit un peu le même chemin que celui du cannabis il y a quelques années: d’abord perçu comme thérapeutique, puis étudié en laboratoire. Aujourd’hui, des recherches sérieuses explorent le potentiel du LSD et de la psilocybine pour traiter la dépression, l’anxiété ou les traumatismes. Mais ces études portent sur des protocoles précis, pas sur une consommation improvisée. Pour l’instant, le microdosage festif, c’est un peu comme jouer au chimiste avec son cerveau.
Alors, que retenir? Même à petites doses, il y a des dangers. La pratique est illégale, non contrôlée et potentiellement risquée. Si vous êtes parent, parlez-en avec vos enfants. Comprenez pourquoi ils pourraient être tentés et proposez des solutions de remplacement. Et, surtout, gardez en tête que la frontière entre microdose et dose active est très mince. Ce n’est pas parce que c’est «micro» que c’est sans risques.