«Il y a un état où tu n’es pas complètement vivant»: Michèle Plomer raconte comment elle a frôlé la mort dans un terrible accident de voiture
Marie-France Bornais
En 2022, l’écrivaine Michèle Plomer, autrice de neuf romans, a vécu un face-à-face brutal sur la route 112, dans les Cantons-de-l’Est: un accident qui aurait pu lui enlever la vie. Elle s’est retrouvée à l’hôpital avec le corps brisé et un pronostic de paraplégie. Elle raconte cette histoire capotée dans son nouveau roman, De métal et d’amour, et pose un regard très personnel sur la vie, la mort, le processus de guérison et tout ce qui fait qu’on s’en sort et qu’on se reconstruit après une épreuve. À lire absolument.
En avril 2022, Michèle Plomer ne s’imaginait pas qu’en allant acheter deux cartons de lait de soya à l’épicerie, elle allait voir la mort de près sur une route des Cantons-de-l’Est. C’est pourtant ce qui lui est arrivé et les cinq mois suivants se sont passés à l’hôpital. La convalescence a été longue, mais «pas une fois j’ai soupé toute seule», dit-elle en entrevue. Ses amis ont été là pour elle.
«La vie nous réserve tellement de surprises! C’est exactement comme dans le roman: il ne se passe rien... puis le lait de soya est en vente. J’embarque dans mon char avec mon chien et tout change. Tsé, quand ta grand-mère te dit qu’il faut que tu sortes avec des petites culottes propres, ben c’est ça! C’est pas des légendes de grands-mères: ça peut arriver.»
L’aspect précieux de la vie
Michèle Plomer montre tout l’aspect précieux de la vie, auquel on ne pense pas nécessairement tous les jours, dans ce livre bouleversant qui fait réfléchir.
«La leçon de ça, c’est qu’il y a beaucoup de mystères dans la vie. Mais ce qui n’a pas été un mystère, c’est à quel point il ne faut pas lâcher nos communautés. C’est ma communauté d’Eastman qui m’a sauvée. Notre tissu social est précieux et fragile, par les temps qui courent.»
Elle a vu ses amis et les gens de sa communauté enfiler «leurs vêtements d’amour, les plus beaux, les plus étincelants», pour elle, tandis qu’elle était immobilisée dans son lit d’hôpital.
Une EMI disco
Michèle Plomer décrit aussi son expérience de mort imminente (EMI) dans une espèce de capsule spatiale éclairée de lumière corail et de boules disco. «Je ne peux pas l’inventer, je ne peux pas dire que ça ne m’est pas arrivé parce que ça m’est arrivé.»
«Il y a un état où tu n’es pas vivant complètement, où il n’y a pas de souffrance et où il n’y a pas de peur. Ça m’a enlevé beaucoup de mes peurs de l’inconnu. On est tous interconnectés. On est tous ensemble.»
«Un retour à la vie»
Michèle est une miraculée et, aujourd’hui, elle va bien. «C’est incroyable. “Miracle”, c’est un mot que les médecins n’utilisent pas. C’est un retour à la vie. J’ai des séquelles, j’ai des douleurs chroniques. J’ai une cheville et un pied qui ressemblent à je-ne-sais-quoi : une espèce de motton de roches. Mais je marche. Ma tête est pesante mais elle tient sur mon corps.»
«C’était pas supposé être de même. Le pronostic, c’était chaise roulante, paraplégie avec une amputation du pied droit. Et je suis debout et je marche, avec mon nouveau chien. Il y a beaucoup de mystères dans la vie.»
Rendre hommage aux soignants
Il y a un mystère aussi dans la guérison, croit-elle. «J’ai été la bonne patiente, mais il ne fallait pas que je pense trop à ce que je faisais. Il fallait que je me laisse porter par toute une équipe de soignants.»
«Un des objectifs de ce livre est de rendre hommage aux soignants. Ce sont des héros, des héroïnes. Ils travaillent toujours dans ce qui est impossible à réaliser et le font dans des conditions inhumaines.»
De métal et d’amour
Michèle Plomer
Éditions Druide
288 pages
- Michèle Plomer est la fille d’une mère acadienne et d’un père britannique.
- Elle a publié neuf romans salués par la critique et les lecteurs, dont Habiller le cœur et Étincelle.
- Elle a récolté de nombreuses distinctions littéraires.
- Elle a cofondé les Éditions Chauve-souris et anime des ateliers d’écriture partout au Québec.
«Même si je ne connais que le plafond des soins intensifs, que j’ignore où se trouvent l’entrée, le corridor, le poste de réception, l’heure qu’il est, je les sens arriver. Leurs pas à l’unisson, leurs vêtements noirs, l’assurance de leurs décennies conjuguées. L’air se déplace autour d’eux quand ils marchent, faisant flotter leurs longs imperméables de vampires élégants. Je les aime de tout mon cœur, je les connais par cœur. Louise, union parfaite entre nervosité et solidité. François, bouille de philosophe nihiliste, secrètement amoureux de la vie. La rassurante odeur de l’eau de toilette Calèche mêlée de bonté et de gants de chevreau de mon amie me ravive dès qu’elle franchit le seuil de ma cellule. Dans son sillage, François perd connaissance en me voyant.»
– Michèle Plomer, De métal et d’amour, Éditions Druide
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