Michael Rousseau doit subir les conséquences

Mario Dumont
Il n’y a plus rien à ajouter concernant l’indignation collective face au président d’Air Canada. Des porte-parole de tous les partis politiques jusqu’aux simples citoyens, tout le monde a exprimé sa stupeur et sa colère.
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Michael Rousseau a commis plusieurs impairs inacceptables pour sa fonction. S’adresser à un auditoire montréalais en anglais, annoncer son absence d’intention d’apprendre le français, c’était déjà fort. Mais il a ajouté l’insulte suprême en allant affirmer candidement qu’il est parfaitement possible de vivre longtemps à Montréal, d’y vivre une vie publique, sans parler un mot de français.
Une fois l’indignation exprimée, nous en sommes à l’autre question. S’agit-il simplement d’une montée de lait collective de 24 heures ou sommes-nous en présence d’une faute lourde qui aura des conséquences ?
Payer le prix
Les conséquences ! Voilà une chose que nous oublions trop souvent. Nous placotons, nous caquetons, nous nous emportons. Des mots, des blasphèmes, des onomatopées ! Forcerons-nous nos dirigeants à imposer des conséquences lorsque l’inacceptable se produit sous nos yeux ?
Dans le cas de Michael Rousseau, je suis désolé, mais lorsqu’on atteint un poste de prestige, avec des revenus qui se comptent en millions, une responsabilité vient avec. Un communiqué d’excuse, lorsque la tempête est plus grosse que prévu, ne suffit pas.
Et quel communiqué d’excuse ! Comment prendre au sérieux un engagement à apprendre le français venant d’une personne qui affirmait l’exact contraire la veille ? Il n’avait ni l’intention ni le temps d’apprendre le français mercredi, comme il ne l’avait pas eu depuis 15 ans. Mais durant la nuit, cette pulsion est montée en lui.
Cette phrase sur sa volonté d’apprendre le français, écrite par un relationniste, frise le ridicule. Un changement d’idée aussi subit sur une question fondamentale n’est même pas digne d’un PDG qui doit inspirer la confiance et présenter une image de leadership.
Out !
Pour que les choses changent au Canada, Michael Rousseau doit subir les conséquences sur sa carrière de sa désinvolture face au français. C’est la responsabilité du Conseil d’administration d’Air Canada, mais aussi du gouvernement fédéral qui est responsable de l’administration de la Loi sur les langues officielles.
Curieusement, la Loi sur les langues officielles du Canada est fondée sur l’absence de conséquences. Air Canada fournit l’exemple suprême de l’entreprise maintes fois blâmée, mais jamais punie. Des enquêtes sur les plaintes reçues et des rapports sur les infractions, voilà la limite de ce que peut faire le Commissaire aux langues officielles.
La compagnie aérienne a beau accumuler les manquements à ces obligations linguistiques, il n’y a aucune sanction. La compagnie voit son nom mentionné dans des rapports répétés. Pas de gradation des conséquences, pas de punition en cas de récidive. Seulement des rapports, des rapports, des rapports.
La Loi sur les langues officielles devait être renforcée sous l’impulsion de Mélanie Joly. Tout a été mis sur la glace pour l’élection.
Si le gouvernement libéral veut être pris au sérieux, il doit mettre le pied à terre devant l’effronterie du président d’Air Canada. Maintenant.
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