La défense du français, le malaise du PLQ


Antoine Robitaille
Mercredi, 42 minutes avant que Dominique Anglade ne se joigne, sur les réseaux, au concert d’indignation face aux propos invraisemblables du PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, sur le français, le Parti libéral publiait un communiqué dénonçant un aspect du projet de loi 96, qui vise à contrer le déclin de la langue française au Québec.
Quand je le fis remarquer hier à David Birnbaum, député libéral, critique en matière de « relations avec les Québécois d’expression anglaise », il a admis d’emblée que le « contexte » n’était pas idéal (je l’interviewais pour Qub radio).
Son communiqué affirmait que la communauté anglophone contribuait « au rayonnement de notre langue française commune » ; ce qui n’est peut-être pas totalement faux, mais la journée où M. Rousseau affirmait qu’il n’était pas nécessaire d’apprendre le français pour vivre à Montréal, disons que c’était incongru.
Historique
Dans son communiqué, M. Birnbaum voulait dénoncer la manière dont François Legault a défini les « anglophones historiques » récemment.
Il craint que le premier ministre du Québec veuille restreindre l’accès aux services de santé en anglais aux seuls anglophones ayant droit à l’école anglaise.
M. Birnbaum prétend qu’il y a là une rupture avec plus de 35 ans de politique où « il n’y a jamais eu quelque restriction » de ce type. Vous immigrez en provenance de la Grande-Bretagne ou de l’Inde ?
Vous devez avoir le droit, dans le système de santé, à des soins en anglais.
Sauf qu’au gouvernement, on rétorque qu’il n’y a tout simplement pas, dans le projet de loi 96, de telles nouvelles restrictions.
La santé est même explicitement exclue des resserrements, m’a-t-on certifié.
- Écoutez l'entrevue d'Antoine Robitaille avec David Birnbaum sur QUB radio:
Exagérations irresponsables
Chaque communauté doit veiller à ce que ses droits soient respectés, certes. Mais représentants et porte-parole de la communauté anglophone du Québec ont trop souvent tendance à exagérer de manière délirante les risques que ferait peser sur eux le combat pour la survie et le développement du Québec français.
Dans leur communauté, on laisse dire certaines énormités (qui seraient taxées dans un autre contexte de « complotisme ») qui finissent souvent par faire le tour de l’anglophonie (donc du monde), faisant passer le Québec pour un repère d’esprits bornés.
Pensons à l’avocate Anne-France Goldwater, qui a soutenu que le projet de loi 96 créerait une « Gestapo ». En avril 2019, le maire de Hampstead, William Steinberg, avait affirmé que la loi 21 organiserait un « nettoyage ethnique ». Or, M. Steinberg pourrait bien être réélu lundi.
- Écoutez l'entrevue d'Antoine Robitaille avec Christopher Skeete, adjoint parlementaire du premier ministre pour les relations avec les Québécois d’expression anglaise, sur QUB radio:
Dans la réalité, des Michael Rousseau peuvent vivre sans problème à Montréal pendant des décennies sans même se sentir contraints d’apprendre le français.
Heureusement, le PLQ a été ferme dans sa dénonciation des propos de Rousseau, à commencer par Birnbaum d’ailleurs. Le leader parlementaire André Fortin a plaidé hier pour que les entreprises à charte fédérale soient désormais assujetties à la loi 101.
Lors de la campagne de 2012, Jean Charest avait brièvement appuyé cette mesure. Il avait reculé, sous la pression du lobby anglo. Marlene Jennings, notamment, s’était dite terrifiée par l’idée et avait menacé de lâcher les libéraux... pour la CAQ !
Que se passera-t-il dans les prochaines semaines ? Mme Jennings dirige aujourd’hui Quebec Community Groups Network, organisme représentant les intérêts des anglophones.