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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Air Canada: est-ce qu’on est surpris?

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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2021-11-05T09:00:00Z
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Quand il y a seulement deux francophones parmi les 12 membres du conseil d’administration d’Air Canada, pensez-vous sérieusement que l’usage du français les préoccupe ?

Sur les 12 membres, trois viennent de Toronto, un de l’Alberta, un du Manitoba, deux des États-Unis, un de la Nouvelle-Zélande et un de Londres. Les trois autres sont du Québec, dont deux francophones, plus le PDG anglophone.

Que la société Air Canada ait son siège social au Québec où la langue officielle est le français, croyez-vous qu’il était important pour ce CA à grande majorité anglophone de confier les destinées de l’entreprise à un dirigeant bilingue ? La réponse est non.

Et voilà pourquoi les administrateurs d’Air Canada ont choisi l’unilingue anglophone Michael Rousseau pour remplacer à la tête de la société, Calin Rovinescu, qui est bilingue.

L’ouragan linguistique

À la suite de l’ouragan linguistique qu’a soulevé Michael Rousseau avec ses propos anti-français, il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que le conseil d’administration d’Air Canada blâme son PDG et encore moins le menace de le mettre à la porte.

Que M. Rousseau se soit fait varloper et dénoncer sur la place publique par le premier ministre François Legault, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, nombre de politiciens et d’observateurs... cela ne devrait aucunement ébranler la confiance du CA envers son PDG.

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D’autant que Michael Rousseau s’est excusé hier : « Je tiens à clarifier que je ne voulais d’aucune façon manquer de respect à l’égard des Québécois et des francophones de tout le pays. Je présente mes excuses à ceux que mes propos ont offensés. »

La veille, les propos tenus par le grand patron d’Air Canada laissaient carrément entendre qu’il n’en a rien à foutre d’apprendre le français. En 14 ans de résidence au Québec, il n’en a jamais ressenti le besoin. Et ce n’est pas maintenant qu’il allait s’y mettre, son emploi du temps étant entièrement occupé par le redressement financier de l’entreprise.

Et comble de je-m’en-foutisme, pour minimiser sa non-connaissance du français, il s’était défendu en disant aux journalistes : « J’ai été capable de vivre à Montréal sans parler français. »

Ce qui est malheureusement vrai quand on constate, entre autres, que la Chambre de commerce du Montréal métropolitain lui a offert cette semaine en toute connaissance de cause sa prestigieuse « tribune » pour prononcer une allocution strictement en anglais devant le milieu d’affaires québécois.

Et dire que la porte-parole d’Air Canada, Pascale Déry, nous avait déclaré le printemps dernier : « Mike Rousseau, marié à une Québécoise, habite avec sa famille au Québec depuis 2007 et parle un français fonctionnel qu’il s’emploie à améliorer continuellement. » 

  • Écoutez la chronique de Michel Girard au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB Radio:  

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Les excuses

Cela dit, dans sa déclaration d’excuses, Michael Rousseau a pris l’engagement suivant : « Je m’engage aujourd’hui à améliorer mon français, une langue officielle du Canada et langue d’usage au Québec, tout en relevant les importants défis commerciaux qu’affronte Air Canada alors que nous sortons de la pandémie et passons au stade de la reconstruction pour un retour à la normale. »

Et il nous déclare son amour pour Montréal : « Le siège social de cette entreprise emblématique est situé à Montréal et c’est une source de fierté pour moi comme pour toute mon équipe de direction. Je réitère l’engagement d’Air Canada à faire preuve de respect à l’égard du français et, en tant que leader, je donnerai le ton. »

Il met soudainement la barre très haut. Je lui rappellerai qu’Air Canada est l’un des « meilleurs » clients du Commissariat aux langues officielles en raison du nombre élevé de plaintes portant sur le non-respect du français.

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Désolée Sir Rousseau, ça ne fonctionne pas - Josée Legault

Air Canada: des excuses tardives vides de sens - Denise Bombardier

Michael Rousseau doit subir les conséquences - Mario Dumont

Air Canada : comme Marie-Antoinette... - Réjean Parent

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