Meurtre de Patricia Sirois: l'accusé et sa conjointe ont donné du fil à retordre aux policiers
La femme de l’accusée s’en est notamment prise à un policier, le blessant avec un violent coup de pied au ventre


Pierre-Paul Biron
Déjà éprouvés par le contexte difficile de l’intervention concernant une mère tuée devant ses jeunes enfants, les policiers appelés sur les lieux du meurtre de Patricia Sirois ont aussi dû composer avec le suspect et sa conjointe, qui leur ont donné du fil à retordre.
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Premier patrouilleur arrivé sur les lieux, l’agent Guillaume Belleau-Boutin a témoigné mercredi des émotions difficiles qu’il a vécues en réalisant que Patricia Sirois avait été tuée par balles sous le regard apeuré de ses enfants âgés de deux ans et un an.
Ses collègues Audrey Leclerc, Youcef Malo et Jonathan Bérubé sont quant à eux venus compléter jeudi matin le récit global de cette intervention peu commune pour les policiers du poste de la MRC Portneuf.

Tout d’abord, la conjointe de l’accusé, Guylaine Laflamme était désorganisée à l’arrivée des agents. La femme a invectivé les répartiteurs d’urgence alors qu’elle tentait de stopper la voiture de Patricia Sirois, morte au volant, et a continué de s’en prendre aux autorités à l’arrivée des patrouilleurs.

La conjointe de Martin Lévesque a d’abord poussé le premier agent sur place, avant d’être menottée et emmenée vers l’autopatrouille.
Coup de pied
Installée sur la banquette arrière, la femme est parvenue à se contorsionner pour ramener ses mains, initialement menottées dans son dos, jusqu’à l’avant. Elle s’est ensuite couchée sur la banquette pour envoyer un violent coup de pied au ventre de l’agent Jonathan Bérubé, qui se tenait debout devant la portière.
«Je me suis écroulé au sol derrière mon véhicule-patrouille», s’est remémoré le patrouilleur, qui a été atteint exactement à l’endroit qui n’est pas protégé, entre sa veste pare-balle et son ceinturon.
Il a dû être transporté en ambulance ce soir-là et a subi des blessures internes.
«Après les premiers tests, ils m’ont dit que j’avais des contusions internes et j’ai passé la nuit en observation. [...] Mais j’ai repassé d’autres tests ensuite, un TACO (tomodensitomètre) et une résonnance magnétique, et là, ils ont découvert que j’avais une incision au niveau de l’intestin», a témoigné le policier, précisant que c’est ce qui expliquait la douleur «trop vive, pas supportable».
Guylaine Laflamme a d’ailleurs été accusée pour cet événement. La femme a plaidé coupable à des accusations d’entrave au travail des policiers et de voies de fait.
Pistolet électrique
Quant à Martin Lévesque, les policiers sont venus témoigner qu’il avait résisté à son arrestation, même s’il a rapidement abandonné l’arme longue qu’il avait à la main lorsqu’il a été repéré par les agents.

Pris en joue par le policier Belleau-Boutin, l’accusé n’a pas pour autant accepté de se placer au sol pour que l’agent procède à son arrestation. Si bien que le sergent Youcef Malo a dû utiliser son pistolet à impulsion électrique. En raison des vêtements amples que portait Lévesque, la manœuvre a toutefois échoué.
«Il a sursauté, il a crié, mais il n’y a pas eu de neutralisation», a expliqué le sergent Malo, précisant toutefois que ce moment avait permis à son partenaire d’agripper le suspect et de le projeter au sol.
L’agente Audrey Leclerc, qui a surveillé pendant un moment le suspect après son arrestation est quant à elle venue témoigner des verbalisations faites par Martin Lévesque rapidement, et ce, malgré son droit au silence.
Pour la policière, le suspect semblait comprendre parfaitement ce qui se passait à ce moment. Martin Lévesque présentera plus tard une défense de non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux.
«Il comprend très bien ce que je lui explique. Il semble orienté, il semble comprendre tout ce qui se passe», a insisté la policière Leclerc.
Pause jusqu’à lundi
Seuls les témoignages des agents de la SQ ont été entendus jeudi et le juge François Huot a décrété une pause du procès de Martin Lévesque jusqu’à lundi.
Le prochain témoin à être entendu sera une voisine de Patricia Sirois qui est intervenue le soir du meurtre. La femme est parvenue à stopper la course de la voiture de la victime en plus de prendre en charge les deux jeunes enfants de celle-ci.

Suivra la présentation au jury de la vidéo de l’interrogatoire qu’a subi Martin Lévesque à la suite du meurtre. La vidéo, d’une durée de cinq heures, sera présentée dans son intégralité.
Rappelons que l’accusé a admis avoir tiré les coups de feu qui ont tué la mère de famille de 35 ans, mais il plaide la non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux liés à un syndrome de stress post-traumatique.