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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

Meurtre à Saint-Raymond: l’accusé distinguait-il le bien du mal au moment de tirer sur sa voisine?

Voilà la question que devront trancher les jurés chargés d’entendre le procès de Martin Lévesque, accusé d’avoir tué Patricia Sirois en septembre 2021

Guy Martel/Agence QMI
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-05-02T21:00:57Z
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Six balles de pistolet 9 mm, dont quatre à la tête: c’est de cette façon que Patricia Sirois a été abattue par son voisin Martin Lévesque à Saint-Raymond en septembre 2021. L’accusé admet le meurtre, mais plaidera la non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux.

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C’est ce qui ressort de l’exposé préliminaire qu’a fait le procureur de la Couronne Matthieu Rochette en ouverture du procès de Martin Lévesque mardi. 

Le poursuivant n’a fait aucun détour en abordant la tâche qui attend le jury chargé de trancher sur la culpabilité de l’accusé, un militaire à la retraite qui a effectué plusieurs missions à l’étranger. 

«Il admet que le 10 septembre 2021, il a enlevé la vie de Patricia Sirois. Ça, vous n’aurez pas à le trancher. La question c’est de savoir si l’accusé au moment des faits souffrait d’un trouble mental qui l’empêchait de savoir si les gestes qu’il posait étaient bons ou mauvais», a expliqué Me Rochette, invitant les jurés à «porter une attention particulière» aux gestes et aux paroles de Lévesque qui seront présentés en preuve au cours des cinq prochaines semaines.

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«Le litige, c’est l’état mental de Martin Lévesque lors du meurtre de Patricia Sirois.»

Appel 911

Le poursuivant a également informé le jury que serait présenté en preuve un appel 911 provenant du cellulaire de Patricia Sirois dans les secondes suivant les coups de feu. La femme de 35 ans a été tuée alors qu’elle revenait vers son domicile avec ses deux enfants à bord de la voiture.

Patricia Sirois, 35 ans, a été tuée par balle à Saint-Raymond en 2021.
Patricia Sirois, 35 ans, a été tuée par balle à Saint-Raymond en 2021. Photo courtoisie

Quand le répartiteur d’urgence prend l’appel, tout ce qu’il entend émanant du téléphone connecté au Bluetooth de l’habitacle du VUS Ford de la victime, ce sont ses deux enfants qui crient. Suivi des cris de la conjointe de Martin Lévesque, Guylaine Laflamme, qui insulte notamment le répartiteur. Un appel qui sera «difficile à entendre» a prévenu le procureur.

D’après la théorie de cause de la poursuite, Patricia Sirois aurait appelé le 911 alors qu’elle s’approchait du domicile de son voisin. Elle n’aurait jamais eu le temps d’évoquer le danger qu’elle y aurait flairé, étant abattue avant même que la répartition ne prenne l’appel.

«Pourquoi elle appelait le 911? On prétend que c’est parce qu’elle a peur, qu’elle sent un danger», a souligné Me Matthieu Rochette, annonçant que des voisins ayant eu des discussions avec Lévesque dans les heures précédant le meurtre viendront appuyer ces prétentions.

Photos de la scène

Le premier témoin appelé à la barre mardi était un technicien en identité judiciaire de la Sûreté du Québec. 

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Danny Godin est venu présenter les photos qu’il a réalisées de la scène de crime, ainsi qu’un croquis montrant que la voiture de Patricia Sirois a continué d’avancer seule pendant 900 mètres après les coups de feu. C’est finalement une voisine qui est parvenue à briser la vitre côté passager pour y atteindre l’embrayage et faire arrêter le véhicule.

Photo Agence QMI, Guy Martel
Photo Agence QMI, Guy Martel

À la vue des photos de la victime inerte et ensanglantée dans le siège conducteur, certains jurés ont semblé bouleversés, se prenant le front ou détournant le regard après avoir examiné les images troublantes. 

Une photo démontre d’ailleurs que l’un des enfants de Patricia Sirois l’a possiblement échappé belle, un projectile ayant arrêté sa course dans sa portière. Le policier Godin a établi que la trajectoire préliminaire de la balle laissait croire qu’après avoir atteint la mère de famille, la balle avait traversé le rebord du siège passager avant de frapper la poignée de la portière arrière, à quelques centimètres du siège de bébé.

Armes et munitions saisies

D’ailleurs si c’est avec un pistolet 9 mm que Martin Lévesque a fait feu sur Patricia Sirois, les policiers ont découvert une quantité impressionnante d’armes et de munitions chez l’ancien militaire. Quand il a été arrêté dans un boisé à proximité du véhicule de la victime, ce n’est d’ailleurs plus son 9 mm qu’il avait sur lui, mais bien une arme longue de type «AR-15», chargée et équipée d’une lunette de vision nocturne.

Au total, une dizaine d’armes, la plupart chargées et prêtes à faire feu, ont été retrouvées soit dans la chambre à coucher ou au sous-sol de la résidence de l’accusé. Des munitions ont aussi été retrouvées en quantité impressionnante, disposées au hasard dans des coffres de bois ou des boîtes de fer un peu partout dans la maison.

Le procès de Martin Lévesque se poursuivra mercredi avec l’audition du premier policier arrivé sur les lieux du crime et la présentation de l’appel 911 évoqué plus tôt. 

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