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L'article provient de 24 heures

On a parlé à des élèves du secondaire écoeurés des classes bondées

Photomontage Marilyne Houde
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Photo portrait de Camille Dauphinais-Pelletier

Camille Dauphinais-Pelletier

2023-11-30T12:00:00Z
2023-11-30T22:36:29Z
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Des élèves du secondaire assis dans des classes bondées et turbulentes peinent à comprendre la matière qu'on leur présente et n'ont pas l'impression d'avoir les conditions requises pour apprendre correctement. «Mes notes baissent de plus en plus», nous a notamment décrit une élève de 14 ans, qui espère que la situation s'améliorera pour pouvoir être prête à passer au cégep.

La semaine dernière, nous sommes allés parler à des enseignantes en grève. Elles nous ont expliqué que l'un des principaux problèmes qu'elles rencontrent à l'école, c'est la composition des classes. Ces dernières sont trop nombreuses (souvent plus de 30, voire plus de 40) et accueillent parfois plusieurs élèves avec des besoins particuliers. (Vous pouvez entendre leurs propos dans la vidéo ci-dessous.)

Ces observations trouvent écho chez des élèves du secondaire, avec qui 24 heures a échangé sur la situation dans les classes. 

Iazaz Farooqui, un élève montréalais de secondaire 5, a récemment fait partie d'une classe de 36. Selon lui, un nombre aussi élevé d'élèves compromet la capacité de l'enseignant ou de l'enseignante de bien évaluer sa classe. 

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«Nos enseignants étaient débordés par la correction des travaux de 36 élèves et donc ils ont eu tendance à opter pour des devoirs ou des évaluations plus simples, ce qui est dommage, car plus tard, on a fait face à des évaluations du ministère qui avaient un niveau de difficulté plus élevé que ce qu'on nous a donné», remarque-t-il. 

«Pour ma part, j'ai eu très peu de rétroactions, de commentaires et de conseils pour améliorer mes résultats, car les profs n'avaient pas le temps de me les donner», déplore l'adolescent de 17 ans. 

«Il était très difficile de maintenir l'ordre et la discipline dans la classe à cause du bruit et des conflits», ajoute celui qui affirme ne pas vouloir faire porter le blâme aux profs qui ont enseigné à cette vaste classe.

Arrêter le cours aux 5 minutes

La discipline semble effectivement occuper beaucoup de temps de cours, à en croire des témoignages de profs et d'élèves. 

«Il faut littéralement que le prof arrête son cours aux 5 minutes pour dire à un tel pis un tel de se taire», donne en exemple Marilie*, une élève de secondaire 3 du Bas-Saint-Laurent. 

La forte proportion d'élèves ayant besoin d'un soutien particulier revient également dans son témoignage. 

«Les trois-quarts des élèves de ma classe ont un plan d'intervention pour du temps supplémentaire ou pour une aide plus poussée. La grande majorité ont soit des TDA/TDAH ou des troubles du comportement. C'est littéralement impossible pour l'enseignant en avant de la classe de donner son cours sans se faire interrompre par plusieurs personnes qui ont des problèmes particuliers», dit celle qui se trouve dans un groupe de 30, et qui apprécierait faire partie d'une classe plus petite. 

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Léa*, aussi en secondaire 3 dans une école du Bas-Saint-Laurent, décrit des problèmes similaires et estime que la situation est telle qu'elle nuit à son apprentissage. 

«Les profs n'ont pas assez de temps à nous accorder en classe. Nous sommes obligés de venir en récupération le midi, sur nos pauses pourtant accordées pour respirer et prendre du temps pour nous», dit-elle, précisant qu'il y a un fort roulement de professeurs à son école.

«Mes notes baissent de plus en plus. Je dois faire des choix de maths et de sciences pour mon secondaire 4, mais j'ai l'impression que je n'arriverai pas à atteindre pour le niveau qu'il me faut, à cause du nombre d'élèves, du manque de professeurs et de soutien», dit celle qui croit que «les classes sont trop grandes pour pouvoir apprendre».

Même pour les élèves qui réussissent bien, la situation peut être désagréable. «À 32 élèves [dans ma classe], il doit y en avoir 10 avec des TDAH qui ont besoin de bouger et parler. D'autres sont dyslexiques ou ont d'autres problèmes auxquels les professeurs ont besoin de porter plus attention. Alors des élèves comme moi qui est performante dans plusieurs matières, quand j'ai des questions, des fois, je passe en deuxième plan», soulève Érika*, 16 ans.

«Je sais que mes professeurs font de leur mieux pour nous tous, mais des fois d'autres personnes ont besoin d'avoir un temps de qualité avec l'enseignant», poursuit celle qui est dans une classe de secondaire 4 dans une école de la Montérégie.

*Plusieurs élèves à qui nous avons parlé ont demandé que l'on respecte leur anonymat, pour ne pas que leur école ou leurs enseignants soient identifiables.

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