Menace de grève générale: voici les demandes des 150 000 fonctionnaires fédéraux

Anne Caroline Desplanques | Le Journal de Montréal
2,50$ de l’heure de prime après 16h, des primes pour ceux qui parlent une langue autochtone, pour les gestionnaires de cas aux Anciens combattants ou encore pour ceux qui ont affaire à des détenus, la liste des demandes des quelque 150 000 fonctionnaires fédéraux qui menacent de lancer une grève générale dès demain est longue. Tour d’horizon.
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Pour la première fois depuis 1991, les Canadiens pourraient se réveiller demain avec une grève générale des fonctionnaires fédéraux sur les bras qui affectera les services partout au pays, des impôts, aux aéroports, en passant par les centres d’appel, les douanes ou encore les prisons.
Après plus de deux ans de négociation, l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) a lancé hier un ultimatum au Conseil du Trésor : un accord doit être trouvé d’ici ce soir à 21h, sinon ses 150 000 syndiqués débrayeront.
Si les demandes salariales sont au cœur du conflit, elles ne sont pas les seules. Les demandent non salariales sont si nombreuses qu’elles couvrent pas moins de 224 pages produites par le syndicat. Le Journal les a épluché.
Salaires
Offre initiale de l’employeur en mai 2022
Augmentation cumulative
- 8,2% de 2021 à 2024
Demande initiale de l’AFPC en juin 2021
Augmentation cumulative
- 13,5% de 2021 à 2023
Offre actuelle de l’employeur et recommendation de la commission de l’intérêt public
Augmentation cumulative
- 9,25% de 2021 à 2023
Télétravail
Si en 2019 moins de 2% des travailleurs fédéraux travailleurs de chez eux, le télétravail s’est généralisé durant la pandémie et le syndicat ne veut pas de retour en arrière comme l’a imposé le Conseil du Trésor en décembre. L’AFPC réclame que le droit au télétravail soit inscrit dans la convention collective et que l’employeur fournisse aux travailleurs tout le matériel nécessaire pour travailler de chez eux.
Prime après 16h
Un employé qui travaille en dehors des heures normales de 8 à 16h du lundi au vendredi recevrait 2,50$ de l’heure en supplément.
Prime pour les langues autochtones
Un employé qui utilise une langue autochtone dans le cadre de ses fonctions recevrait une prime annuelle de 1500$. La prime que touchent actuellement les employés bilingues est cependant près de deux fois moindre, à 800$ par an.
Prime pour les agents des Anciens combattants
Les gestionnaires de cas au service des Anciens combattants recevraient une prime annuelle de 2000$ pour compenser la lourde charge psychologique de leurs tâches. Le service a fait la manchette ces derniers mois car certains anciens combattants canadiens se sont fait offrir de l'aide médicale à mourir alors qu'ils cherchaient à obtenir du soutien.
Prime pour ceux qui ont affaire aux détenus
Les employés qui ont affaire à des détenus ou des délinquants recevraient une prime annuelle de 1750$.
Fonds de justice sociale
L’employeur devra verser un cent par heure de travail pour chacun des employés syndiqués au Fonds de Justice sociale du syndicat. Ce fonds géré par l’AFPC fait la promotion du droit à un travail décent, des services publics de qualité, des droits de la personne et de l’équité au Canada et à l’international.
Congés payés pour les pratiques autochtones
Tous les employés qui s’auto-identifient comme autochtone auraient droit à jusqu’à cinq jours de congé payé par an pour pratiquer des activités traditionnelles autochtones comme la pêche, la chasse ou la cueillette.
Congé sans solde pour le syndicat
Un employé qui est engagé par le syndicat pourrait obtenir un congé sans solde d’une durée pouvant aller jusqu’à un an, avec un préavis de deux semaines. Il pourrait réintégrer son poste en donnant un préavis de deux semaines à son employeur.
Droit à la déconnexion
Un employé ne devrait pas avoir à exercer quelconque fonction professionnelle en dehors de ses heures de travail, y compris répondre à des courriels, appels ou messages textes, et ne devrait pas être pénalisé pour l’exercice de ce droit.
Sous-traitance
L’employeur devrait utiliser les employés existants ou en embaucher de nouveaux avant de sous-traiter des tâches à une firme externe. L’employeur devrait consulter le syndicat et partager toute l’information nécessaire pour expliquer pourquoi il estime que recourir à la sous-traitance est préférable.
Le Conseil du Trésor calcule que les demandes salariales et non salariales de l’AFPC représentent une hausse allant jusqu’à 47% sur trois ans et coûteraient au gouvernement 9,3 milliards de dollars sur autant d’années.
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