Plus de 155 000 fonctionnaires fédéraux votent pour la grève
Raphaël Pirro | Agence QMI
Des dossiers d’immigration et des demandes d’assurance-emploi sur la glace, du grain qui pourrit sur place faute d’être exporté, des délais dans les aéroports et chez Passeport Canada... les fonctionnaires fédéraux menacent de paralyser le pays.
Raphaël Pirro et Anne-Caroline Desplanques | Agence QMI et Journal de Montréal
Plus de 155 000 fonctionnaires membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ont maintenant voté pour la grève. 120 000 travailleurs répartis un peu partout dans l’appareil de l’État ont ajouté leurs voix à celles des 35 000 syndiqués de l’Agence du Revenu (ARC) qui ont voté pour la grève la semaine dernière.
Pour les 35 000 syndiqués de l’ARC, le mandat de grève est valide dès vendredi le 14 avril. Tandis que pour les 120 000 autres, il est effectif dès aujourd’hui ce qui donne au syndicat le droit de commencer les perturbations aussi tôt que dans les prochaines heures. L’objectif du syndicat est de faire pression sur l’employeur alors qu’une énième ronde de négociation doit débuter dans les prochains jours.
«Aujourd’hui, une majorité écrasante de nos membres nous ont dit qu’ils ne pouvaient plus attendre, et ils sont prêts à faire une grève pour trouver une entente qui ne les laissera pas tomber», a déclaré le président national de l’AFPC, Chris Aylward, en point de presse à Ottawa.
- Écoutez l'entrevue avec Jimmy Mailhot, membre de l’AFPC qui en faveur d'un mandat de grève à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée en direct via QUB radio :
Tandis que les négociations avec le Conseil du Trésor piétinent depuis 2021, Yvon Barrière, vice-président régional de l’AFPC pour le Québec, a appelé le premier ministre Trudeau à s’en mêler s’il veut éviter «une grève nationale historique, dont personne ne veut, mais qui fera du tort à des millions de personnes partout au pays».
Petits salaires
L’AFPC réclame une hausse salariale de 13,5 % sur trois ans, alors qu’Ottawa propose 8 % sur quatre ans. Pour l’unité de négociation de l’ARC, la hausse réclamée est de pas moins de 30%.
Le syndicat souligne que les travailleurs concernés sont parmi les moins bien rémunérés de la fonction publique fédérale. La plupart sont des femmes qui gagnent entre 40 000 et 65 000$ par an.
Il s’agit d’adjoints administratifs, de commis, de préposés à l’entretien, de personnes qui traitent les dossiers d’immigration ou d’assurance-emploi, de concierges, de cuisiniers et de pompiers sur les bases militaires, etc.
Serge Desbiens, pompiers à la base militaire de Borden en Ontario, qui fait partie de l’équipe de négociation syndicale, a souligné que ses collègues et lui sont payés 20% moins que les pompiers municipaux et provinciaux.
Outre les salaires, le télétravail et la sous-traitance sont aussi sur la table des négociations.
Toutefois, M. Aylward a souligné que, pour toucher leurs indemnités de grève, les télétravailleurs n’auront d’autres choix que de participer physiquement aux lignes de piquetage. «Il n’y aura pas de piquetage virtuel», a-t-il dit.