Attentat au Métropolis : Même Richard Henry Bain a trouvé la sécurité déficiente

Michael Nguyen | Journal de Montréal
Même l’auteur de l’attentat du Métropolis a trouvé que la sécurité était déficiente le soir du drame, a-t-il été révélé ce mercredi au procès civil de techniciens traumatisés qui réclament 600 000 $ aux autorités en les accusant d’avoir mal fait leur travail.
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« Ta sécurité était pas bonne », avait dit Richard Henry Bain à des policiers qui venaient de le coffrer, pour ensuite faire allusion qu’ils étaient chanceux que ses armes se soient enrayées, faute de quoi il aurait pu commettre un carnage
Bain avait ensuite affirmé avoir agi à cause de « quelque chose contre la sa**** », en faisant référence à Pauline Marois, qui effectuait son discours de victoire au Métropolis cette soirée électorale du 4 septembre 2012.
Ces paroles ont été rapportées par le sergent de la police de Montréal Mathieu Brassard, qui était en poste non loin de là lors du drame. À l’époque, il se souvient s’être fait dire de porter une « attention spéciale » aux rassemblements des partis politiques. Posté devant le Métropolis, il n’avait dû intervenir qu’une fois, en raison du comportement d’un homme qui brandissait un drapeau des Patriotes.
« Il n’était pas menaçant, mais dérangeant », se souvient le policier.
Stationnement pas surveillé
Or, si la soirée était calme, tout a changé le moment où Bain a commis son attentat. Installé dans son véhicule dans le stationnement du Métropolis qui n’était pas surveillé, il s’est présenté à la porte arrière et a ouvert le feu, tuant le technicien Denis Blanchette et Dave Courage. Son arme s’est enrayée, et il a par la suite démarré un incendie avant de prendre la fuite et d’être arrêté.
Pour des techniciens traumatisés par ce qu’ils ont vu, il est clair que l’attentat ne serait jamais survenu si la police avait posté au moins un agent à l’arrière du Métropolis, afin de protéger le public. D’où leur poursuite civile de 600 000 $, qui vise tant la police de Montréal que la Sûreté du Québec.
Première depuis Denis Lortie
Sauf que selon un ex-inspecteur du SPVM, rien ne laissait présager que quelqu’un allait tenter de s’en prendre à un politicien ce soir-là.
« Depuis Denis Lortie [l’auteur de la tuerie du 8 mai 1984 à l'hôtel du Parlement du Québec] il n’y avait jamais rien eu, a témoigné Marc Riopelle. On parle de 12 élections fédérales, 11 provinciales, 10 municipales, puis deux coupes Stanley. C’était le contexte dans lequel on évoluait. »
L’inspecteur depuis retraité a ensuite expliqué que de sa compréhension, c’était la Sûreté du Québec qui devait surveiller la porte arrière du Métropolis. Or, selon des témoignages de responsable de la SQ entendus plus tôt dans le procès, ces derniers croyaient plutôt que cette surveillance relevait du SPVM.
Cette confusion avait mené les services policiers à souhaiter une meilleure communication entre eux pour l’avenir.
Le procès civil se poursuit cet après-midi.