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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Attentat du Métropolis : un rapport caché avec des conclusions écrites d’avance

Denis Rioux
Denis Rioux Photo Michaël Nguyen
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Michael Nguyen | Journal de Montréal

2022-04-07T18:05:54Z
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Le rapport soumis au ministre après l'attentat au Métropolis a été signé par un haut gradé de la SQ qui a reconnu n'avoir aucune expertise en la matière, a-t-il été dévoilé à la cour, où le juge a aussi noté que les conclusions avaient été décidées à l'avance. 

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« Je me suis appuyé sur l’expertise de l’auteur du rapport, je ne me souviens pas avoir questionné le contenu », a candidement avoué le retraité de la Sûreté du Québec Denis Rioux, ce jeudi au palais de justice de Montréal.

Et juste après, l’ancien directeur de la direction de la protection des personnes et des infrastructures reconnaissait que les conclusions lui avaient été dictées à l’avance, au moment où il a été mandaté pour produire un rapport, quatre mois après l’attentat.

« Je n’avais pas d’expertise là-dedans », a-t-il avoué. 

M. Rioux était à la barre des témoins au procès civil de quatre techniciens de scène traumatisés par le drame de la soirée électorale du 4 septembre 2012. Ce soir-là, Richard Henry Bain avait fait irruption au lieu de rassemblement de la cheffe du Parti Québecois Pauline Marois et avait ouvert le feu devant l’entrée arrière du bâtiment, causant un mort et un blessé. Il a ensuite démarré un incendie.

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Pour les techniciens présents sur place, la police a failli à sa tâche de protéger le public et ils leur réclament 600 000 $ pour les dommages qu’ils ont subis.

Écoutez la chronique judiciaire de l’ex-juge Nicole Gibeault sur QUB radio:  

Rapport confidentiel 

C’est donc dans ce cadre que Me Virginie Dufresne-Lemire, qui représente les techniciens de scène, a appris l’existence d’un « rapport exécutif » concernant l’attentat du Métropolis.

Au départ, la SQ a nié l’existence d’un tel rapport selon l’avocate. Puis, confrontée à la réalité, la police provinciale a prétendu qu’elle ignorait qui l’avait écrit puisqu’il n’était pas signé.

Acculé au pied du mur, l’avocat représentant la SQ, Me Julien Bernard, s’est ensuite démené comme un diable dans l’eau bénite pour que ce rapport ne soit pas déposé en preuve, ce qui ferait en sorte qu’il serait public.

Le juge Philippe Bélanger a pris sa décision en délibéré sur cette question.

Aucune entrevue formelle 

Mais même si le rapport n’a toujours pas été déposé, le responsable de recueillir l’information pour sa rédaction a témoigné.

Et Louis Bergeron, qui était à l’époque capitaine responsable de la division de la protection des personnalités à l’époque de l’attentat, a reconnu qu’il n’avait réalisé aucune entrevue formelle dans le cadre de son travail.

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« J’avais en tête les informations dont j’avais besoin », a-t-il dit.

Il a affirmé s’être basé sur des conversations informelles qu’il avait eues avec des policiers quatre mois plus tôt. Et tout comme Denis Rioux, il a reconnu que son expérience en protection des personnalités était assez limitée.

« J’avais la base », a dit celui qui se décrit comme un gestionnaire qui a participé à des opérations de terrain pendant un peu plus d’un an pour comprendre son travail.

Six menaces contre Mme Marois 

L’on a également appris qu’à l’époque, la Sûreté du Québec avait noté six menaces qui visaient directement la cheffe du PQ Pauline Marois, la journée du 4 septembre 2012 Personne n’a toutefois été capable de les nommer, ni même de dire d’où provenaient ces informations. Mais de toute évidence, la police n’a pas cru bon d’envoyer beaucoup d’effectifs à son lieu de rassemblement, puisque selon les témoins entendus au cours du procès civil, il n’y avait aucun patrouilleurs à l’arrière du Métropolis quand Richard Henry Bain a commis son attentat.

Par contre, les témoins ont été plus précis concernant les menaces générales en lien avec les élections. Parmi elles se trouvaient les manifestations étudiantes, le Plan nord du premier ministre libéral sortant Jean Charest et les « indépendantistes radicaux ».

Rien ne concernait les loups solitaires comme Bain.

Selon les témoignages entendus à la cour, la SQ avait toutefois conclu qu’il était clair que Bain voulait viser le mouvement souverainiste et qu’il s’agissait selon eux d’un attentat politique.

Le procès se poursuit cet après-midi, avec la suite du témoignage de l’auteur du rapport au ministre.

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