Le Métropolis avait été délaissé par la police

Michael Nguyen | Journal de Montréal
Le réalisateur Yves Desgagnés s’explique toujours mal l’absence de policiers derrière le Métropolis le soir de l’attentat en 2012. C’est que ceux-ci étaient plutôt occupés à protéger les libéraux.
« Je trouve inacceptable qu’il n’y ait pas eu plusieurs couronnes de sécurité [autour de Pauline Marois], je suis encore bouche bée », a commenté mercredi M. Desgagnés en sortant de la salle d’audience du palais de justice de Montréal.
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Juste avant, celui qui est aussi acteur et metteur en scène a témoigné au procès civil de quatre techniciens traumatisés qui réclament 600 000 $ aux policiers, qu’ils accusent d’avoir mal fait leur travail ce soir du 4 septembre 2012.
Car pendant que le Parti Québécois célébrait sa victoire électorale, Richard Henry Bain s’était présenté armé à l’entrée des artistes de la salle de spectacle. Il n’y avait pas de policiers, si bien qu’il a pu tuer le technicien Denis Blanchette, blesser Dave Courage et démarrer un incendie.
Peur de mourir
Lorsque M. Desgagnés a entendu le coup de feu, il a demandé à des gardes du corps d’évacuer la première ministre Marois. Et quand il a vu la fumée, il a pensé qu’il était fichu et que tout allait brûler.
« C’était comme une séquence de film », a-t-il dit.
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L’homme qui tournait alors un documentaire sur la première femme à diriger le Québec a calmé la foule pour éviter un mouvement de panique, même si dans sa tête, sa vie allait se terminer « comme un cinquième acte d’une pièce de Shakespeare », soit avec sa mort.
« En coulisse, il n’y avait pas de sécurité », a-t-il assuré à Me Virginie Dufresne-Lemire, qui pilote le dossier pour les techniciens.
Et même s’il a été un témoin de premier plan ce soir-là, il n’a jamais été rencontré par les autorités pour prendre sa déposition, a-t-il déploré, tandis que la Ville a laissé entendre qu’il aurait dû forcer la main aux enquêteurs.
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Protéger Jean Charest
Juste après M. Desgagnés, c’était au tour d’une policière de témoigner. Et selon elle, si la police de Montréal était si peu présente au Métropolis, c’est parce que la « menace potentielle » visait surtout le rassemblement libéral.
En raison des manifestations du « printemps érable » survenues plus tôt cette année-là, la grogne visait surtout le premier ministre libéral sortant, Jean Charest.
« Il ne faisait pas l’unanimité, pour nous, la menace était vraiment en lien avec le Parti libéral du Québec », a-t-elle assuré.
Le procès civil, devant le juge Philippe Bélanger, se poursuit jeudi.