Même cette comédienne n’en peut plus d’Hydro-Québec

Elle-même victime des délais de branchement et de la piètre communication d’Hydro-Québec, Sophie Bourgeois veut faire bouger les choses et aider les quelque 500 clients qui attendent depuis plus de deux ans d'avoir accès à l’électricité.

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Sophie Bourgeois, qui a joué dans L’échappée, C.A. et Cornemuse et une douzaine d’autres séries télé et films, fait partie des clients d’Hydro-Québec dont la date de branchement est constamment reportée et qui cherchent en vain à obtenir des réponses de la société d’État. Elle déménage dans sa nouvelle maison en janvier et craignait jusqu'à tout récemment de ne pas avoir d’électricité à temps pour l’hiver.

«J'ai fait ma demande avec mon maître-électricien le 7 mars 2023. Après un premier report, on m’a dit que je serais finalement branchée le 25 octobre. Mais finalement, si tout se passe bien, j'ai peur de ne pas être branchée avant le printemps prochain. Je vais donc être en semi-camping avec mes deux enfants jusque-là, ça n’a pas d’allure!» nous a-t-elle dit lors d'une rencontre à son domicile, jeudi matin.

Trop d’intervenants

Le cas de cette comédienne, qui habite dans les Laurentides, illustre bien la complexité du processus de branchement chez Hydro-Québec. Un processus qui implique plusieurs étapes et plusieurs intervenants, qui se renvoient trop souvent la balle.

Sur la rue où demeure Sophie Bourgeois, un vieux transformateur est surchargé depuis longtemps. Hydro doit donc le changer. Mais pour changer le transformateur, Hydro doit remplacer le poteau par un plus gros. Enfin, pour installer ce nouveau poteau, il faudra peut-être forer si celui-ci se trouve sur du roc. Pourquoi peut-être? Parce qu’Hydro-Québec ne s’est toujours pas déplacée pour évaluer la situation.

«Moi quand j'appelle chez Hydro-Québec, j'ai des versions différentes chaque fois. Là, on me dit que ce sont les sous-traitants qui ne répondent pas, car ils sont trop occupés. Mais grâce à un contact chez Hydro, j’ai pu savoir qui était ce sous-traitant. Des appels ont été faits à ce sous-traitants et devinez quoi? Il ont répondu “Ben non, on a de la place. On attend juste le Go d’Hydro”», affirme-t-elle.

Des douches courtes

Le 7 novembre, Hydro-Québec donne une nouvelle date de branchement à Sophie Bourgois: le 26 février 2024. Le hic, c’est que la société d’État lui dit aussi qu’Hydro «ne fore pas l’hiver», alors qu'une autre employée lui a dit que oui, Hydro fore l'hiver... Si le remplacement du poteau exige de forer, il faudra donc attendre le dégel au printemps prochain. 

Pendant ce temps, Sophie Bourgeois doit payer son électricien plus de 1000$ pour qu'il branche son entrée électrique temporaire sur le panneau de sa maison, afin de lui permette de passer l'hiver. « Mais je vais être branchée sur du 100 ampères. Quand je vais partir le poêle, je vais devoir éteindre mes lumières. Et mes enfants devront prendre des douches très courtes. Je n'ai pas à gérer ça, moi. Je paie mon électricité depuis que j'ai 16 ans!» 

Le dossier débloque d'un coup

Jeudi soir, le Journal a informé Hydro-Québec de la situation et leur a demandé leur version des faits. Le lendemain, Sophie Bourgeois recevait un appel d'Hydro lui disant que son dossier «a été accepté comme enjeu humanitaire» et que celui-ci avait été soumis au «comité de priorisation le 13 novembre».

Le branchement, nous a confirmé Hydro-Québec vendredi, «devrait être complété au cours des prochaines semaines». Dans sa réponse, Hydro-Québec affirme n'avoir reçu la demande de travaux du maître-électricien (pour le plantage de poteau) que le 20 octobre 2023, de là une explication des délais. 

«Ils savent depuis le 7 mars 2023 que ma nouvelle entrée électrique demande 320 ampères. Ils ont aussi, depuis avril, la preuve que notre maison se construit. Ils auraient pu venir forer et changer le poteau depuis ce temps, ils n'avaient pas besoin d'attendre que nous soyons rendus au branchement», déplore la comédienne. «Nous, on les a fait les travaux de notre bord. Si on les a avertit autant d'avance, c'est pour leur dire vous, de votre bord, faites ce que vous avez à faire. Vous avez un poteau à changer, un transformateur à changer, commencez à y penser.»

Grogne à l’interne chez Hydro

Peu importe que son cas se règle plus rapidement que prévu, Sophie Bourgeois veut sortir en public pour faire bouger les choses. Pas seulement pour elle et sa famille, mais au nom de tous les siens. «Je comprends qu'il peut y avoir des embûches, mais Hydro-Québec ne m'ont pas offert de solutions. C’est un monopole et on dépend d’eux et ils ne se responsabilisent pas. Il faut que ça change. On ne devrait pas avoir besoin de sortir dans les médias pour que ça bouge», dit-elle.

Des sources à l’interne chez Hydro-Québec ont d'ailleurs confié au Journal qu’ils sont «écœurés» de la manière dont leur employeur gère ces cas. «Faites ce que vous avez à faire, a confié l’une d’elles, car il est grand temps que ça change.» 

Rappelons que Le Journal dévoilait récemment qu’Hydro-Québec compte présentement 492 demandes de branchement ou d’alimentation de clients résidentiels créées depuis plus de 24 mois, un record.