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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Prix et taux d'intérêt: même avec un acompte de 200 000$, les paiements hypothécaires lui font peur

Isabelle Audet cherche une propriété à Saint-Jérôme depuis 2019, mais les prix et les taux d’intérêt sont trop élevés

Isabelle Audet cherche une propriété à St-Jérôme depuis 2019, mais les prix et les taux d'intérêt sont trop élevés
Isabelle Audet cherche une propriété à St-Jérôme depuis 2019, mais les prix et les taux d'intérêt sont trop élevés Fournie par Isabelle Audet
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David Descôteaux et Martin Jolicoeur

2023-04-29T04:00:00Z
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Isabelle Audet cherche une propriété à Saint-Jérôme depuis 2019, mais les prix et les taux d’intérêt lui font peur. «Ce qui me freine, ce sont les deux. Même si je suis prête à donner 200 000$ en acompte, pour les maisons que je cherche je vais quand même avoir une hypothèque restante d’environ 200 000$. Ça me fait peur avec les taux d’intérêt d’aujourd’hui. Je vis seule et ça me coûterait presque 2000$ par mois, c’est trop», dit la femme de 52 ans.

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Même si le prix des propriétés a chuté depuis un an, ce déclin n’a pas permis d’alléger le fardeau financier des nouveaux propriétaires. Bien au contraire. Les acheteurs sont confrontés aujourd’hui à des paiements hypothécaires presque deux fois plus élevés que s’ils avaient acheté une même résidence tout juste avant que le Québec ne soit frappé par la COVID-19 au printemps 2020, il y a donc trois ans.

C’est ce que démontrent les données compilées par Le Journal, avec l’aide de Planiprêt, une société de courtage hypothécaire. (Voir la méthodologie plus bas)

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Source: Planiprêt et Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ)
Source: Planiprêt et Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ)

Encore plus cher qu’avant

Si le prix médian d’une résidence unifamiliale au Québec a crû de 60% en moyenne, entre mars 2019 et mars 2023, la charge financière qui incombe à ses acquéreurs s’est appréciée, elle, de quelque 85% pendant la même période. 

Ainsi, pour une résidence unifamiliale d’une valeur égale au prix médian en mars de 420 000$, financée à un taux fixe de 4,99%, un Québécois devait faire des versements en capital et intérêts de 2440,36$ par mois. C’est près du double de ce qui était attendu (1306,71$ par mois) des nouveaux propriétaires d’une même résidence d’un prix tout aussi médian (262 000$) avant la pandémie.

«On a vu des reculs de prix importants depuis la fin de la pandémie, reconnaît Charles-Antoine Boudreau, courtier hypothécaire de l’enseigne Planiprêt. Mais cette correction qui se poursuit n’a pas encore été suffisante pour contrecarrer l’effet des autres phénomènes en cause.» 

Des vents contraires

Parmi eux et non les moindres: les hausses records des prix de l’immobilier pendant la pandémie – pas moins de 47% en seulement deux ans (avril 2020 à avril 2022) dans la grande région de Montréal – et les huit hausses successives du taux directeur de la Banque du Canada à partir du printemps 2022. 

À l’évidence, ces deux facteurs continuent de peser lourdement sur le portefeuille des nouveaux propriétaires, reconnaissait jeudi Francis Cortellino, chef analyste pour la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Il rappelle que les prix de l’habitation ont grimpé à un rythme inégalé pendant la pandémie. «Les prix ont crû autant en deux ans de Covid qu’au cours des dix années qui l’auront précédée», illustre-t-il. 

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Peu d’espoir

Sur l’île de Montréal, par exemple, le prix d’une résidence unifamiliale est passé, selon les données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), d’un prix médian de 501 750$ en mars 2019 à 540 000$ l’année d’ensuite, pour s’envoler à un sommet de 755 000$ en 2022, avant de redescendre à 702 500$ dernièrement. Malheureusement, les hausses de taux sont venues gâcher les plans de ceux qui espéraient profiter d’une telle baisse.

Dans ce contexte, où la Banque du Canada demeure déterminée à juguler l’inflation, un retour rapide aux prix qui caractérisaient l’activité immobilière d’avant la pandémie paraît difficilement envisageable, croit M. Cortellino. Selon lui, une détente progressive des taux directeurs a peu de chance de se matérialiser avant le début de 2024.

«Si j’achète quelque chose, ce sera un immeuble à revenus ou une maison avec un logement au sous-sol pour le louer à quelqu’un», conclut Isabelle Audet. «Ça prend un revenu additionnel, sinon c’est trop dur d’arriver.»

Méthodologie:

1-Le montant des versements en capital et intérêts (les mensualités) s’appuie sur un scénario d’achat d’une résidence unifamiliale, achetée à l’aide d’un acompte de 20%, et une hypothèque résiduelle remboursable sur une période de 25 ans. Ces mensualités ont été calculées par Planiprêt à la demande du Journal.

2-Les taux appliqués correspondent à la moyenne des taux d’intérêt sur prêts hypothécaires offerts par les principales banques à chartes du pays, pour un terme de cinq ans fixe, pendant le mois de mars de l’année. 

3-Les prix médians indiqués correspondent au prix de transaction médian d’une résidence unifamiliale de chacune des régions données, pour les mois de mars des années 2019 à 2023, tel que mesuré par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

4-Les prix de résidence retenus pour les régions de Gatineau, Sherbrooke et Trois-Rivières, de 2021 à 2023, correspondent à la médiane du premier trimestre de l’année correspondante. Toutes les autres données utilisent le prix médian d’acquisition du mois de mars de chaque année.

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