Omnium Banque Nationale: Victoria Mboko passe en finale au terme d’un match qu’on n’oubliera jamais

Jessica Lapinski
Rarement une athlète aura aussi bien porté son nom que Victoria Mboko sur le central de l’Omnium Banque Nationale de Montréal, cette semaine. «Victoire», du latin victoria. Mais, mercredi soir, la Canadienne aurait aussi pu s’appeler «courage», «détermination», «nerfs d’acier» ou tout simplement, «talent».
• À lire aussi: Omnium Banque Nationale: le grand passionné de tennis qui a assisté à 850 matchs à Montréal
• À lire aussi: Le tennis l’a emporté sur les échecs: le rêve de Victoria Mboko et de sa famille s’est réalisé
À 18 ans, la jeune «Vicky» est devenue la première joueuse du pays à se qualifier pour la finale à Montréal, dans une soirée encore plus démentielle que cette semaine déjà folle qu’elle vit dans la métropole.
Une soirée que les partisans présents dans un Stade IGA plein à craquer n’oublieront jamais, eux non plus. Le conte de fées s’est poursuivi, de la plus belle des façons.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Tout peut arriver»
Surmontant une manche de retard, un bris de retard dans le set ultime, puis une balle de match, Mboko s’est offert le plus grand moment de sa toute jeune carrière en triomphant de la Kazakhe Elena Rybakina 1-6, 7-5 et 7-6(4).
Dans une bagarre de 2h46min; cette fois, l’expression n’a rien de galvaudé.
«Je me sens très bien maintenant, a dit la coqueluche des Québécois à la foule, en français, peu après la dernière balle de match. Merci tout le monde. Votre énergie...»
«C’était très difficile mais... anything can happen [tout peut arriver].»
• À lire aussi: «Explosive», «dans la bonne voie», «gentille»: Victoria Mboko surveillée par ses rivales
Tout semble en effet lui être arrivé cette semaine, à commencer par cette victoire en ronde des 16 face à la favorite, l’Américaine Coco Gauff.
Puis, il y a eu cette présence dans le carré d’as, déjà historique à son âge pour une Canadienne.
Une rivale en mission
Mais, cette fois, l’exploit est énorme. Classée 85e avant le tournoi – elle sera au minimum 34e lundi –, la Torontoise a fait face à une rivale incroyablement puissante, dominante en fond de terrain, qui lui a proposé plusieurs services à 191 km/h.
La neuvième tête de série était en mission. La championne de Wimbledon en 2022 retournait toutes les balles. L’ancienne troisième joueuse au monde a poussé la prodige dans ses derniers retranchements.
Mais Mboko, 18 ans et 85e mondiale avant le tournoi, rappelle-t-on, s’est accrochée.
Plus encore: elle aussi a forcé Rybakina à batailler jusqu’à la toute fin pour aller chercher ce match, en lui répondant coup pour coup dans de longs échanges avec sa puissance et son cran, le temps des deux dernières manches.
Et, finalement, c’est la Kazakhe de 26 ans qui a craqué.
La première fois quand elle a servi pour une place en finale, à 5-4 en troisième manche. La seconde, dans le bris d’égalité. Elle a offert deux balles de match à Mboko.
Quand Rybakina a frappé hors des lignes, Mboko a paru abasourdie. Après les traditionnelles salutations au filet, l’étoile de la semaine est allée voir son clan pour une étreinte, au son des «Olé! Olé! Olé!» chantés par la foule.
Pourtant... quelques minutes plus tôt, il y avait lieu de se questionner pour savoir si la jeune joueuse allait pouvoir tenir le coup, physiquement.
Une chute au deuxième jeu du troisième set l’a forcée à faire appel au service du thérapeute du sport, qui lui a appliqué un bandage au poignet droit.
«Sans vous...»
«Vicky» n’a d’ailleurs pas signé d’autographes à sa sortie du court, mais on ne sait pas à ce moment si c’est parce que son avant-bras est endolori, ou si c’est parce que la Japonaise Naomi Osaka et la Danoise Clara Tauson passaient dans le corridor menant au central tout juste après.
«Malheureusement, je suis tombée, a-t-elle expliqué sur le court. Mais tout le monde m’a appuyée. Sans vous, je ne serais pas passée au travers de tout ça.»
Avant de se présenter à Montréal, Mboko n’avait disputé que cinq tournois dans la WTA. Elle n’avait dépassé qu’une fois le deuxième tour – c’était à Roland-Garros, en mai –, ce qui constituait déjà un fait d’armes immense compte tenu de son inexpérience.
Mais Victoria, victoire... Il ne lui en manque maintenant qu’une seule, jeudi à compter de 18h, pour imiter Bianca Andreescu, dernière Canadienne à l’avoir emporté devant les siens, en 2019 à Toronto.
«Tout peut arriver.» Et en effet, on n’a aucune raison de ne pas la croire.