Omnium Banque Nationale: le grand passionné de tennis qui a assisté à 850 matchs à Montréal

Mylène Richard
Au cours des 25 dernières années, Claude Grégoire a assisté à quelque 850 matchs de tennis à Montréal. Détenteur de billets pour le tournoi depuis 2000, il a tout vu, et de près, de la dernière performance de la légende Andre Agassi dans la métropole québécoise à l’ascension fulgurante de la jeune Canadienne Victoria Mboko.
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M. Grégoire est l’un des plus anciens spectateurs réguliers à l’Omnium Banque Nationale. Sa passion pour l’événement est née quand il avait 39 ans. Il avait alors passé la semaine au parc Jarry, assis tout près de l’entrée des athlètes sur le central.
«J’apportais des vêtements de rechange et une serviette pour me laver entre les séances de jour et de soir», raconte au Journal M. Grégoire.
Ces longues journées souvent passées sous un soleil de plomb l’ont manifestement charmé. Depuis 18 ans, il s’assoit dans la section 104.
Et, de là, il est pratiquement dans l’action. Ce qui le fait vibrer.
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«Je peux réellement sentir le jeu. Je suis derrière les joueuses [quand elles sont au service]. Je vois les effets de balle, les prises de raquette, les mouvements, les attitudes. On est impliqué, c’est interactif», commente le travailleur en communication, qui vient accompagné de sa conjointe, Lucie, d’amis ou de clients.
Un quart de siècle de tennis, ça vient évidemment avec beaucoup de souvenirs. Surtout qu’au fil des ans, Montréal a parfois couronné des grands de ce sport, parfois des héros d’une semaine.
Bière à la main, ce grand fan a replongé dans sa mémoire pour nous.

Pas ennuyant du tout, le tennis féminin
M. Grégoire a parlé autant des joueurs que des joueuses, laissant deviner qu’il avait un petit penchant pour le tennis féminin.
«Une grande partie des gens préfèrent les hommes, mais voir une partie qui se passe au service, c’est un peu plate, a admis le résident de Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. Les femmes nous permettent d’avoir des échanges. Il y a de la finesse, de l’élégance. Ce que les gars n’ont pas toujours parce que c’est vite, il y a de la puissance. Rares sont les joueurs comme Patrick Rafter, Roger Federer ou Ivan Lendl qui modulaient leur jeu avec des amortis, des jeux au filet.»

Les adieux d’une légende
Le dernier match d’Agassi au Canada, en 2005, restera à jamais gravé dans la mémoire de M. Grégoire. Une finale perdue en trois manches aux mains d’un jeune Rafael Nadal.
Il a aussi vu les triomphes de l’étonnant Andrei Pavel, d’Andy Roddick, de Novak Djokovic, d’Andy Murray ou de Martina Hingis.
«Je me rappelle que Rafter avait absorbé une balle avec sa raquette pour l’arrêter sans qu’elle rebondisse. J’étais complètement renversé», relate l’amateur de 64 ans, qui conserve coussin et casquettes signés par notamment Jennifer Capriati, Gabriela Sabatini et Martina Navratilova.

Des héros locaux
Les Québécois ont souvent eu droit à des surprises en célébrant des champions inattendus tels qu’Alexei Popyrin l’an dernier.
«C’est le fun de voir des joueurs qui ont le cœur à l’ouvrage», mentionne M. Grégoire, heureux d’avoir également vu à l’entraînement la Russe d’Anna Kournikova.
À l’instar d’Eugenie Bouchard la semaine dernière, les héros locaux ont souvent offert des performances enlevantes. De Sébastien Lareau contre Gustavo Kuerten, quatrième de l’ATP, en 2002, en passant par Stéphanie Dubois face à la 13e mondiale Maria Kirilenko, en 2008.
«La foule était en délire pour Lareau! C’était comme quand les grands joueurs gagnent», note celui qui a eu la chance de jouer sur le central du Stade IGA lors d’un événement spécial.

Mieux que l’US Open
Il n’y a pas meilleure atmosphère qu’à Montréal, selon M. Grégoire, par comparaison avec les quatre Internationaux des États-Unis auxquels il a assisté.
«Malgré l’ampleur du US Open, il n’y a pas d’âme à l’événement, contrairement à ici. Il y a un esprit de convivialité, une simplicité, le terrain est fantastique, tu vois bien partout.»
«Les gens sont quand même respectueux, plus le jour que le soir. Le jour, c’est réellement les mordus qui viennent. C’est plus tranquille, il n’y a pas de bruit, pas de cris, le soir c’est plus bruyant», pointe-t-il.
M. Grégoire ajoute que les différentes communautés mettaient de l’ambiance. La Roumaine Simona Halep et la Tunisienne Ons Jabeur avaient d’ailleurs leur fan-club à Montréal.

Des caractères bouillants
Si M. Grégoire a pu apprécier la gentillesse et la générosité des Arantxa Sanchez Vicario, Federer et compagnie, à l’opposé, les Nick Kyrgios, Richard Gasquet et Djokovic ont parfois montré une facette plus négative de leur personnalité.
«Kyrgios, on l’a vu péter sa coche, lancer des serviettes, crier après les arbitres, il fustigeait la foule», s’est-il rappelé.