40 ans après le début des tournages, un documentaire nous amène dans l’intimité de Maurice «Rocket» Richard
Mercredi 25 juin 20 h, Télé-Québec

Steve Martin
Consacré à la plus grande star du hockey québécois, le documentaire Maurice voit enfin le jour, plus de quatre décennies après le premier tour de manivelle. Un hommage à la mémoire d’un homme simple et humain qui a laissé sa marque sur un grand chapitre de notre histoire.
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Réalisée par Serge Giguère et initiée par le regretté vidéaste Robert Tremblay, l’émission aura mis une éternité avant d’arriver sur nos écrans. L’idée est lancée au début des années 1980 par deux jeunes diplômés de l’UQAM qui se sont mis en tête de convaincre le célèbre porte-couleurs de la Sainte-Flanelle de les laisser tourner un film sur son quotidien de retraité. Contre toute attente, le hockeyeur, reconnu pour être un homme de peu de mots, accepte.
C’est le début d’une grande (et longue) aventure durant laquelle les deux passionnés suivront le Rocket au gré de ses activités durant plusieurs années, que ce soit une partie de pêche à la truite avec des enfants en difficulté d’apprentissage, la visite d’un orphelinat durant laquelle la star joue au ping-pong avec les jeunes pensionnaires ou de petits moments partagés en famille.
Au total, Tremblay et Giguère engrangeront plus de 25 heures d’archives d’une valeur inestimable pour ceux qui ont à cœur la préservation de notre patrimoine. Cette collection d’images inédites nous dévoile la nature de l’homme derrière le héros national et, au-delà des exploits sportifs de l’athlète décédé il y a 25 ans, s’intéresse à celui qui est devenu un symbole pour tout un peuple autrefois en quête d’identité.
Un projet de longue haleine
À la mort de Robert Tremblay, en 2018, Serge Giguère prend seul le flambeau et termine leur film, qui aura nécessité une grande patience et de durs mois de labeur. C’était cependant une mission essentielle pour lui, car il désirait rendre hommage à son ami décédé tout comme au sujet de leur film.
Au fil des séquences sélectionnées et des témoignages recueillis, la peinture qu’il trace de notre héros national nous dévoile une tout autre facette d’un homme dont la légendaire discrétion était davantage liée à sa grande pudeur plutôt qu’à une volonté de mettre une distance entre lui et ses fans. Au contraire, l’homme que nous découvrons se montre sous un jour on ne peut plus humain, comme un être accessible et impliqué au cœur de sa communauté. Ces qualités ont grandement contribué à rendre aussi attachant le premier joueur de la LNH à marquer 50 buts en 50 parties, et à faire de lui un sportif auquel les Canadiens français de toutes les générations pouvaient s’identifier.
«Quand je suis arrivé dans la chambre [des joueurs], Maurice, je faisais juste le regarder, s’est souvenu, dans une séquence d’archives, le regretté Bernard “Boom Boom” Geoffrion. Je ne regardais personne d’autre. Je me disais en moi-même: “Je ne peux pas croire que je suis à côté de mon idole.” J’étais jeune. Je me disais: “Il faut que je lui montre que je suis capable de jouer cette game-là !” Parce que, chaque fois que j’entendais Maurice à la radio, il me donnait l’inspiration.»
Le feu dans les yeux
Inévitablement, les documentaristes reviennent sur les événements incontournables de la carrière du Rocket, incluant ses cinq buts marqués contre les Maple Leafs en 1944, sa mythique rivalité avec Ted Lindsay, des Red Wings, et, bien entendu, l’émeute au cœur de laquelle il s’est retrouvé en 1955 — un événement qui a contribué à éveiller la conscience politique et culturelle des Canadiens français.
Au gré des tournages et des événements ayant jalonné la seconde partie de sa vie, nous accompagnons également Maurice Richard au cours des grandes épreuves qu’il a dû affronter, dont le décès de son épouse, Lucille, qui a partagé 50 années de sa vie.
Ces moments immortalisés nous montrent une fois de plus le côté vulnérable d’un homme qu’on a souvent qualifié de force tranquille. «Quand je pense à Maurice Richard, ce qui me vient, c’est le feu dans les yeux, évoque la hockeyeuse Marie-Philip Poulin. Son regard, chaque fois qu’il embarquait sur la glace. Il voulait faire une différence. C’est une génération plus vieille que la mienne, mais le feu dans les yeux du Rocket, c’est dur à battre!»