Marilyse Bourke touchée de collaborer à nouveau avec Yan England
«Fanny» est en salle depuis le 9 mai.
Alicia Bélanger-Bolduc
Marilyse Bourke a fait son apparition dans le paysage télévisuel québécois à l’âge de 16 ans. Depuis, elle s’est illustrée dans divers projets, tant en fiction qu’au cinéma jeunesse. Bien connue pour son rôle de Me Cadet dans Indéfendable, elle revient à l’écran dans le nouveau film Fanny, tourné dans les panoramas enchanteurs du Bas-Saint-Laurent.
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Comment a été l’expérience sur le long métrage Fanny?
J’ai adoré mes journées sur le plateau. On a tourné en plein été, dans la région du Bas-Saint-Laurent, avec le nez dans le fleuve! On a été très bien accueillis par les habitants, et je crois qu’ils étaient simplement heureux qu’on montre des endroits moins fréquentés par les équipes de production. J’ai souvent eu la chance de tourner dans des paysages magnifiques et je trouve que cet environnement devient un personnage en soi. Dans ce film, le décor est important, mais aussi la bicyclette; on regarde les personnages partir à l’aventure et on a envie de redevenir jeunes, nous aussi. Tu as le goût de ne pas avoir de couvre-feu et de décrocher de ton téléphone. Parallèlement, j’ai souvent joué avec des jeunes et ça me touche, puisque j'ai également commencé ma carrière tôt. Je trouve qu’ils sont même meilleurs que nous, ils sont naturels et touchants.
Connaissais-tu déjà les livres Fanny Cloutier?
C’est la série de livres préférée à ma fille, Rachel. Quand on m’a offert le rôle, je connaissais la grande histoire, mais sans plus. Quand je lui ai annoncé que je jouerais Sylvie, elle m’a dit que c’était un beau personnage et que je devais accepter. Ça allait de soi.
Tu as à nouveau pu collaborer avec Yan England, qui réalise le film après avoir été ton collègue sur Une grenade avec ça. Comment ont été les retrouvailles?
On s’était connus comme bébés comédiens dans Watataow et on aurait pu ne jamais rejouer de notre vie, comme bien des gens qu’on a croisés à l’époque. Ensuite, on a été des acteurs de la relève sur Une grenade avec ça et on se retrouve à ce jour avec un chemin tellement beau. Collaborer avec Yan, c’était un des éléments qui me touchait beaucoup de ce projet. Il est maintenant réalisateur, et je suis tout à coup devenue tellement fière de lui, un peu maternelle. Je trouve que la vie est bien faite et qu’on est chacun arrivés quelque part, un quelque part qui n’est sûrement pas notre destination finale, mais qui est vraiment une belle place.
Tu as joué dans les deux saisons de la poignante série Après le déluge, où on a pu te voir sous un autre jour.
Ça faisait longtemps que je nommais le désir de jouer un tel rôle. Mon rêve a toujours été d’interpréter un personnage sali, un peu trash, avec ses parts d’ombre. Pascale est une femme profondément narcissique. Elle aime ses enfants, mais c’est toujours teinté par ses besoins et son ego. Je n’en revenais pas qu’on me fasse confiance pour ce genre de personnage. J’avais déjà travaillé avec la productrice, mais la réalisatrice, Mara Joly, aurait pu ne pas vouloir me considérer pour un tel rôle, qui est si loin de moi.
Ce genre de rôle est-il libérateur?
C’est probablement la seule et unique fois que je vais jouer un personnage aussi dense et intense. Or, la beauté de vieillir, c'est qu’on y voit plus de profondeur, on travaille sur notre intériorité, et j’étais maintenant prête pour ce genre de projet. Si on m’avait dit que je n’aurais jamais la chance de jouer un tel rôle, je l'aurais facilement cru. J’en suis donc très fière et je le vois comme un beau cadeau.
Tu interprètes Me Cadet dans Indéfendable. Comment trouves-tu le tournage d’une quotidienne?
Mon personnage n'est pas récurrent que d'autres, donc j’ai un peu plus de temps que certains de mes collègues pour me préparer. Je suis très impressionnée par leur implication. Le travail que je dois y mettre ne me dérange pas vraiment, mais, cela dit, je ne me suis jamais autant préparée pour un rôle. Je dois souvent faire des plaidoiries devant un jury. On n’y pense pas toujours, mais je dois aussi songer à mes mouvements en apprenant des termes techniques. Je commence déjà à me mettre mes textes en bouche pour la quatrième saison, car je veux être à mon meilleur.
C’est un de tes rôles marquants dans ta carrière, tu avoir la réaction du public!
On est beaucoup écoutés, donc c’est sûr que j’ai plus de chances de me faire arrêter à l’épicerie! (rires) J’avais déjà joué dans la quotidienne District 31, mais avec un personnage épisodique, et celui-ci avait aussi été très notable. Quand Me Cadet revient dans un des épisodes d’Indéfendable, je m’en rends compte puisqu’on m’arrête pour m’en parler.
Comment vont tes enfants, Victor et Rachel?
Je n’en parle pas beaucoup, parce qu’ils sont rendus grands et que je trouve ça plus délicat. Ils ont leur propre vie, que je ne veux pas dévoiler s’ils ne sont pas en mesure d’approuver. Je peux dire qu’ils ont maintenant 17 et 12 ans, et qu’ils vont très bien!
Tu es en couple avec le comédien Philippe Provencher depuis plusieurs années. En pratiquant le même métier, peut-on s’appuyer davantage en comprenant la réalité de l’autre?
J’entends souvent des acteurs qui sortent avec des gens de différents métiers, qui peuvent vivre des frustrations par rapport à la réalité de leur quotidien. On ne sauve pas des vies, mais je ne peux pas aller chercher les enfants s’ils sont malades et je travaille à des heures irrégulières, ce qui doit être difficile à saisir. Dans notre cas, c’est facile de se comprendre, mais on vit d’un milieu qui ne va pas super bien. C’est la même main qui nous nourrit et, pour le moment, on travaille et on est chanceux, mais pendant la pandémie, on a eu des périodes plus complexes.
Si tu n’avais pas été actrice, tu avais le désir d’être psychologue. Le fait de comprendre l’autre est une qualité importante de ces deux métiers!
Tout part d’un intérêt pour l’être humain et de vouloir le saisir. Il faut aimer se questionner sur ses enjeux et nous devons avoir un monde intérieur intense. Si j’étais complètement détachée et en contrôle, je ne crois pas que ma carrière serait allée de soi aussi facilement. Comme acteurs, nous avons besoin d’une forme d’empathie et l’envie d’analyser nos personnages ou l’individu assis en face de nous. Cela dit, je suis bien plus heureuse d’être une actrice que d’avoir un emploi stable, dans un bureau, à écouter des gens toute ma vie. Je crois que j’aurais pu aimer le métier, mais à un moment, j’aurais pu vivre une frustration de ne pas savoir quoi faire avec toute cette intensité.
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi?
Je serai de retour sur le plateau d’Indéfendable très bientôt et je peux annoncer que je ferai partie de la distribution de la nouvelle émission de Martin Matte, Vitrerie Joyal. Il s'agit d'une comédie dramatique inspirée de la vie du père de Martin, et je jouerai la femme de celui-ci. Nos enfants seront interprétés par Pier-Luc Funk et Pierre-Yves Roy-Desmarais. Je commence les tournages dans une semaine et j’ai très hâte de faire partie de cette équipe fabuleuse.