Marc Garneau explique que voir la Terre à partir de l'espace change notre perspective
«Le plus extraordinaire des voyages»


Marie-France Bornais
Voir la Terre à partir de l’espace change assurément notre perspective sur beaucoup de choses. Marc Garneau dit que l’expérience d’être en orbite l’a transformé.

Devenir astronaute lui a apporté plusieurs choses. «Après mon premier vol, j’ai eu un peu de temps pour réfléchir sur ce que cette expérience a fait sur moi. Est-ce que ça m’a changé? Une des choses que je mentionne dans le livre, c’est que je suis devenu plus calme devant les défis auxquels j’ai fait face après mon premier vol.»
«Ayant réussi mon premier vol, qui comportait quand même des défis, j’ai acquis une certaine confiance – j’espère pas trop de confiance – que je pouvais faire des choses. Ça m’a donné cette confiance-là parce que j’ai réussi ce grand défi personnel et très public.»
Être en orbite
L’expérience en elle-même l’a changé. «Quand on est en orbite, qu’on voit notre planète, la Terre, de l’espace, cette perspective qui est tellement unique nous fait penser à des choses auxquelles on ne pense pas dans notre quotidien, sur la Terre.»
«La planète Terre, qui est entourée par la noirceur de l’espace, est vraiment notre seule option. C’est notre seule demeure. C’est le berceau de l’humanité. Il y a 8 milliards de personnes sur cette planète, 200 pays à peu près. On doit trouver une façon de s’entendre parce qu’on n’a pas d’autre choix.»
«Quand on voit cette mince couche d’air au-dessus de la planète – l’atmosphère –, on s’aperçoit que c’est très mince et c’est partagé par toute la planète. On doit en prendre soin parce que ça nous permet de vivre sur la planète. On voit les dégâts humains. De l’espace, c’est une belle planète, mais on voit les conséquences de la présence humaine sur la Terre.»
Fumée et pollution
Pendant son premier vol, il a pu observer l’immense nuage de fumée causé par les incendies de forêt en Amazonie, allumés pour créer des terres agricoles. Il a vu des nuages de pollution au-dessus de la Chine, de la Californie, des Grands Lacs.
«Ça nous porte à penser aux grandes questions: est-ce qu’on va être capables de s’entendre sur la planète? Est-ce qu’on va être capables de préserver notre planète? La biodiversité est en train de diminuer. C’est inquiétant.»
«Est-ce qu’on va pouvoir trouver des façons pour qu’on puisse continuer de vivre sur cette belle planète, non seulement nous, mais les générations futures? On pense à ces choses-là. Ça change notre perspective et on la garde, je pense, pour le restant de nos jours.»
Le plus extraordinaire des voyages
Marc Garneau
Éditions Michel Lafon
376 pages + cahier photo exclusif
- Premier astronaute canadien, Marc Garneau est un ancien capitaine de la Marine royale canadienne.
- Il a été président de l’Agence spatiale canadienne, député à la Chambre des communes et ministre des Transports et des Affaires étrangères.
- Il est compagnon de l’Ordre du Canada.
«J’ai consacré l’essentiel de l’année 2000 à me préparer pour ma mission. J’étais âgé de cinquante et un ans et j’avais décidé que ce serait là mon dernier vol. Avec deux jeunes fils, je sentais que je devais à Pam de reprendre un mode de vie plus «normal». Même si j’adorais être astronaute, je savais aussi que ce n’était pas de tout repos pour ma famille, surtout à l’approche des lancements. Malgré cela, ils m’avaient soutenu pendant dix-sept ans, sans jamais me demander de renoncer à ma passion.»
- Marc Garneau, Le plus extraordinaire des voyages, Éditions Michel Lafon
«Comme d’habitude, j’étais attaché à mon siège environ deux heures et demie avant le décollage. Pendant le compte à rebours, je passais en revue les procédures à suivre en cas de problème, que je devais connaître sur le bout des doigts. Et oui, j’avais des papillons dans le ventre.
Endeavour a décollé à l’heure prévue, et s’est élevé majestueusement dans le ciel nocturne. Comme lors de mes vols précédents, j’allais pouvoir une fois de plus admirer la planète Terre et m’émerveiller devant le mystère de la création. Ce vol serait mon dernier et je comptais bien en profiter.»
- Marc Garneau, Le plus extraordinaire des voyages, Éditions Michel Lafon
• À lire aussi: À 99 ans, Janette Bertrand dénonce les tabous liés à la vieillesse dans son nouveau livre «Cent ans d'amour»