Premier astronaute canadien, Marc Garneau publie une autobiographie où il parle de ses accomplissements professionnels, mais aussi de sa vie personnelle et des défis relevés
«Le plus extraordinaire des voyages»
Marie-France Bornais
Premier Canadien à avoir voyagé dans l’espace, Marc Garneau raconte son incroyable odyssée dans son autobiographie, Le plus extraordinaire des voyages. Le livre retrace sa carrière et ses accomplissements professionnels, mais aborde aussi sa vie personnelle, qui a été marquée par de nombreuses épreuves. Le livre parle donc d’exploits, de faits marquants, d’engagement politique, de reconnaissance publique. Mais il aborde aussi la sagesse et la résilience de l’homme, du conjoint, du père de famille, puisque Marc Garneau révèle en entrevue l’avoir écrit pour ses enfants.
Le 5 octobre 1984, Marc Garneau est entré dans l’Histoire, à bord de la navette Challenger, en devenant le premier Canadien à voyager dans l’espace. Sa vie a été marquée par des exploits et des accomplissements.
Il partage des souvenirs marquants, comme ce jour où il a appris que sa candidature avait été retenue et qu’il allait devenir astronaute. Ou l’émerveillement qu’il a ressenti en observant la Terre depuis l’espace.
Mais il parle aussi de son enfance, de ses faux pas et de ses épreuves personnelles, dont la perte tragique de sa première conjointe.
«Quand j’ai décidé d’écrire le livre, c’était vraiment pour mes enfants, alors je voulais que ce soit sur un ton très personnel et humain. Je voulais parler non seulement de mes succès, mais aussi de mes bêtises et de mes moments difficiles dans la vie. Je voulais que ce soit quelque chose d’honnête», dit-il en entrevue.
On découvre le Marc Garneau qu’on n’imaginait peut-être pas. «C’est vrai que l’image que les gens ont de moi, du moins du côté de ma vie publique, c’est que je suis un ingénieur, que je ne suis pas tellement ouvert, que j’ai tendance à parler des faits, mais peut-être pas de partager autant que d’autres personnes mes émotions. C’est mon effort pour le faire, dans ce livre-là.»
Un incroyable destin
Marc Garneau révèle que si on lui avait dit, alors qu’il était sur l’Atlantique à bord du Pickle, ce voilier-école de la Marine, qu’il allait devenir astronaute et homme politique, il ne l’aurait pas cru.
Des décennies plus tard, qu’en pense-t-il? «Je peux vous dire que je n’ai certainement pas planifié la vie que j’ai [...] vécue. Dans la vie, il y a toutes sortes de surprises et de détours qui nous attendent, mais j’ai été franchement surpris, quand j’ai écrit le livre, de constater que ma vie a été pas mal remplie de choses intéressantes.»
«J’ai été très chanceux dans ma vie. J’ai été vraiment choyé et privilégié de pouvoir faire des choses extraordinaires et franchement, ça paraît drôle de le dire, je suis un peu surpris.»
Les risques
Marc Garneau parle de l’explosion du Challenger dans son livre. «Quand on voit quelque chose d’aussi tragique, d’abord, de façon tellement concrète, [on réalise] que le vol spatial comporte du risque. On en voit les conséquences dans l’explosion du Challenger. Ça nous porte à nous poser la question: est-ce que je veux vraiment être un astronaute? Est-ce que je veux vraiment continuer dans cette carrière, faire d’autres vols?»
«Je pense que les astronautes sont des gens qui, jusqu’à un certain point, acceptent les risques dans leur vie. Ce sont des gens qui veulent faire des choses qui sont quand même assez extraordinaires – aller dans l’espace – et sont prêts à accepter un certain risque. Mais je dirais: un risque informé.»
Pas de regrets
Marc Garneau dit qu’il rencontre à l’occasion des gens qui arrivent à l’âge de la retraite et lui confient qu’ils regrettent de ne pas avoir fait telle ou telle chose dont ils rêvaient.
«J’ai toujours voulu n’avoir aucun regret à la fin de ma vie professionnelle. Alors ça voulait dire que dans ma vie, il fallait embrasser, jusqu’à un certain point, le risque d’échouer. Le risque de perdre notre vie, dans le cas du métier d’astronaute. Parce que je voulais pas arriver à l’autre bout en me disant: mon Dieu, j’aurais dû faire ça!»
Le plus extraordinaire des voyages
Marc Garneau
Éditions Michel Lafon
376 pages + cahier photo exclusif
- Premier astronaute canadien, Marc Garneau est un ancien capitaine de la Marine royale canadienne.
- Il a été président de l’Agence spatiale canadienne, député à la Chambre des communes et ministre des Transports et des Affaires étrangères.
- Il est compagnon de l’Ordre du Canada.
«J’ai consacré l’essentiel de l’année 2000 à me préparer pour ma mission. J’étais âgé de cinquante et un ans et j’avais décidé que ce serait là mon dernier vol. Avec deux jeunes fils, je sentais que je devais à Pam de reprendre un mode de vie plus «normal». Même si j’adorais être astronaute, je savais aussi que ce n’était pas de tout repos pour ma famille, surtout à l’approche des lancements. Malgré cela, ils m’avaient soutenu pendant dix-sept ans, sans jamais me demander de renoncer à ma passion.»
- Marc Garneau, Le plus extraordinaire des voyages, Éditions Michel Lafon
«Comme d’habitude, j’étais attaché à mon siège environ deux heures et demie avant le décollage. Pendant le compte à rebours, je passais en revue les procédures à suivre en cas de problème, que je devais connaître sur le bout des doigts. Et oui, j’avais des papillons dans le ventre.
Endeavour a décollé à l’heure prévue, et s’est élevé majestueusement dans le ciel nocturne. Comme lors de mes vols précédents, j’allais pouvoir une fois de plus admirer la planète Terre et m’émerveiller devant le mystère de la création. Ce vol serait mon dernier et je comptais bien en profiter.»
- Marc Garneau, Le plus extraordinaire des voyages, Éditions Michel Lafon
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