L’investisseur futé: votre portefeuille est-il trop canadien?


Sylvain Larocque
Dans cette chronique publiée toutes les deux semaines, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.
Je vous rassure, cette chronique n’est pas soudainement devenue politique. Mais j’insiste: votre portefeuille est-il trop canadien?
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Selon une étude récente de Vanguard qui s’appuie sur des données du Fonds monétaire international, les Canadiens consacrent, en moyenne, 50% de leur portefeuille d’actions au marché domestique. La Bourse canadienne ne représente pourtant que 3% du marché mondial.
Pourquoi autant? Parce que nous préférons souvent investir dans des entreprises que nous connaissons.
Nous ne sommes pas les seuls à pratiquer ce «biais national». En fait, le phénomène est encore plus prononcé aux États-Unis, en Australie et au Japon. Le portefeuille d’actions des Américains est composé à 80% de titres nationaux!
Or, être trop présent au Canada entraîne un risque de concentration.
Secteurs cycliques
Si on mise sur l’indice S&P/TSX, on se retrouve à investir massivement dans les hydrocarbures, les mines et les banques canadiennes.
Le hic, c’est que les deux premiers secteurs ont tendance à être cycliques, note Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille chez Claret.

Pour éviter ce problème, M. Fournier privilégie les entreprises canadiennes qui tirent une grande partie de leurs revenus d’ailleurs dans le monde.
Le spécialiste adopte généralement la répartition géographique suivante pour les portefeuilles d’actions de ses clients: 40% au Canada, 40% aux États-Unis et 20% dans le reste du monde.
Une telle répartition permet de réduire le risque de change, explique Vincent Fournier.
«Il ne faut pas oublier que la plupart des gens vont passer la plus grande partie de leur retraite au Canada», dit-il.
Vanguard, de son côté, estime que pour réduire la volatilité à long terme d’un portefeuille d’actions, le poids optimal à accorder au Canada est de 30%.
Rendement inférieur
Si vous avez donné une trop grande place aux actions canadiennes dans votre portefeuille au cours de la dernière décennie, cela vous a probablement coûté cher. Depuis plus de 10 ans, les marchés américains ont connu de bien meilleures performances que ceux de la plupart des autres pays industrialisés, dont le Canada (voir tableau).
«Il y a des cycles où la Bourse américaine fonctionne mieux, il y a des cycles où la Bourse canadienne fonctionne mieux, mais à très long terme, il y a une convergence des rendements», fait remarquer M. Fournier.
Ainsi, de janvier 1999 à juillet 2024, le rendement annualisé du S&P 500 (États-Unis) s’est élevé à 7,6% tandis que celui du S&P/TSX (Canada) a été de... 7,6%.
Et les obligations?
Pour ce qui est de la portion obligations de votre portefeuille, Vincent Fournier juge «ridicule» de vouloir aller à l’extérieur du pays.
«Ça devrait être investi à 100% au Canada parce que le rendement [des obligations étrangères] ne compense pas le risque de change», tranche-t-il.
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