L’investisseur futé: des rendements fabuleux, mais pour combien de temps?


Sylvain Larocque
Dans cette chronique publiée toutes les deux semaines, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.
Dans ma dernière chronique, je vous demandais quels avaient été vos rendements depuis le début de l’année.
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Deux lecteurs m’ont écrit pour me confier qu’ils avaient enregistré des rendements variant de 6 à 11% pendant la première moitié de 2024. C’est très honorable quand on sait qu’un portefeuille équilibré (60% d’actions et 40% d’obligations) a généré un rendement d’environ 6,6% pendant cette période.
Il s’accroche au Nasdaq
Un autre lecteur m’a fait part de résultats beaucoup plus impressionnants.
Il dit avoir obtenu un rendement de plus de 20% pendant le premier semestre de 2024, grâce à des placements «principalement associés» à la Bourse américaine Nasdaq, dominée par les géants technologiques comme Nvidia, Apple et Microsoft. Une stratégie qu’il suit religieusement depuis des années.

Au cours des 10 dernières années, l’indice Nasdaq-100 en dollars canadiens a généré un rendement annualisé de plus de 17%. La dernière décennie a toutefois été marquée par la montée irrésistible des grands titres technologiques. Et il faut être prêt à encaisser des pertes massives certaines années, comme celle de 33% subie en 2022. Bref, ce n’est vraiment pas pour tout le monde.
Sur une période plus longue (de 1999 à 2024), le Nasdaq a eu un rendement annualisé de près de 10%, ce qui est enviable, mais beaucoup moins spectaculaire. Normal: l’éclatement de la bulle techno, en 2000, et la crise financière de 2008 ont fait très mal à cet indice.
Un bond de 75%!
Enfin, Jérémy Varin remporte la palme de la meilleure performance de mi-année parmi mon modeste échantillon. Il dit avoir cumulé un rendement d’environ 75% en misant 95% de son portefeuille sur le fabricant de semiconducteurs taïwanais TSMC, un titre qui, comme celui de Nvidia et d’autres entreprises du secteur, a explosé grâce à l’engouement pour l’intelligence artificielle.
«Je suis de ceux qui croient que trop de diversification met à l’abri... du profit», rigole-t-il quand je lui fais remarquer qu’il faut avoir une confiance hors du commun pour investir autant d’argent dans un seul titre.
M. Varin, qui négocie de façon autonome depuis 2012, avait déjà fait le coup avec Tesla de 2018 à 2023, période pendant laquelle la valeur du constructeur de voitures électriques a été multipliée par 10 environ.
Évidemment, le vent aurait pu tourner dans l’autre sens et le cas échéant, M. Varin ne m’aurait probablement pas écrit pour s’en confesser.
Il y a toujours eu des gens qui ont fait fortune en Bourse et il y en aura toujours. C’est très bien ainsi.
Connaissez-vous votre rendement global?
Cela dit, pour la plupart des gens, la sélection de titres individuels (stock picking) génère des rendements moins intéressants qu’un portefeuille indiciel équilibré.
Pourquoi? Parce que pour un titre fortement gagnant, il y en a souvent d’autres qui sont perdants et qui tirent le rendement global vers le bas. Et parce que sous le coup de l’émotion, plusieurs investisseurs vendent trop tôt ou trop tard, ratant ainsi les moments les plus payants.
D’où l’importance de mesurer sa performance régulièrement.
Et de la comparer à un portefeuille de référence qui correspond à son niveau de tolérance au risque, renchérit Anthony Ménard, gestionnaire de portefeuilles et vice-président chez Inovestor.

«Calculer son rendement au moins une fois par année, ça permet de faire une revue diligente de son portefeuille», note-t-il.
Il n’est pas si difficile de battre les marchés pendant une courte période. La vraie question, c’est celle-ci: êtes-vous capable de suivre de près les indices à long terme?
Avez-vous des sujets à me proposer pour cette chronique? Écrivez-moi: sylvain.larocque@quebecormedia.com