L’investisseur futé: un portefeuille 100% actions, une bonne idée?


Sylvain Larocque
Dans cette chronique publiée toutes les deux semaines, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.
C’est l’une des règles de base en investissement: il faut avoir un mélange d’actions et d’obligations dans son portefeuille. Mais ce dogme est de plus en plus remis en question, notamment chez les jeunes. À tort ou à raison?
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Deux études publiées l’an dernier par trois professeurs américains de finance, dont Scott Cederburg de l’Université de l’Arizona, ont fait grand bruit et apporté de l’eau au moulin de ceux qui prônent un portefeuille 100% actions.

La base de données utilisée pour réaliser les études est impressionnante: elle comprend les rendements réalisés par les marchés boursiers et obligataires de 38 pays développés de 1890 à 2019!
La conclusion des études est frappante: les investisseurs auraient avantage à laisser tomber complètement les obligations pour miser uniquement sur les actions.
Le risque des obligations
Voici le risque de perdre de l’argent sur 30 ans avec les portefeuilles suivants (en tenant compte de l’inflation):
- Actions d’entreprises du pays de l’épargnant: 13%
- Obligations gouvernementales: 27%
- Actions étrangères: 4%
On constate donc que le risque de s’appauvrir en investissant dans des fonds d’actions n’est pas négligeable, mais qu’il est encore plus élevé avec les obligations!
Selon les chercheurs, le portefeuille qui a généré les meilleurs rendements à long terme est celui composé à 50% d’actions domestiques et à 50% d’actions étrangères – y compris pour les retraités qui vivent de leurs placements.
Alors que le S&P 500 atteint de nouveaux sommets, plusieurs investisseurs ne voient aucun intérêt à acheter des obligations, d’autant plus que celles-ci ne se sont toujours pas remises de leur chute marquée de 2022.
«Pour moi, avoir des obligations pendant 30 ans au cas où il y aurait de la turbulence n’a pas de sens si l’on calcule tous les rendements qu’on laisse sur la table au fil des ans juste pour limiter ses pertes», affirme PierOlivier Drouin, un jeune investisseur de Lévis.

Mais parmi les clients de James Parkyn, gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital à Montréal, ils sont encore très minoritaires à opter pour un portefeuille 100% actions.
Marge de manœuvre
«Je trouve que c’est toujours prudent d’avoir de l’argent qui est placé sécuritairement, qui va garder sa valeur et qui va être disponible rapidement en cas de besoin», affirme-t-il.
M. Parkyn reconnaît toutefois que la tendance est à l’augmentation du poids des actions dans les portefeuilles. «Je dirais que le traditionnel 60/40 [60% actions, 40% obligations] est maintenant devenu le 70/30», constate-t-il.
Rappelons qu’il est plus facile que jamais de se constituer un portefeuille diversifié – avec ou sans obligations – avec des FNB de répartition d’actifs (voir tableau).
«Il y a tellement de bons outils simples et pas chers, qu’on n’avait pas il n’y a pas si longtemps, qui permettent de créer des portefeuilles hyper robustes» souligne le spécialiste, tout en insistant sur le rôle utile, voire essentiel, que peut jouer un conseiller professionnel, entre autres sur le plan comportemental.

Il confie cette anecdote révélatrice. Lors de la chute des Bourses au début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, deux investisseurs qu’il connaît ont paniqué et vendu une bonne partie de leur portefeuille, ratant ainsi la remontée rapide des marchés. L’un était chef des finances d’une multinationale et l’autre, un ancien de la Caisse de dépôt.
Comme quoi même les experts peuvent prendre de mauvaises décisions sous le coup du stress!
Si vous songez à opter pour un portefeuille 100% actions, posez-vous cette question et répondez-y honnêtement: serez-vous capable de tenir le coup si les Bourses plongent de plus de 30%, comme en 2008?
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