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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

L’imposition d’une loi spéciale aux médecins va «empirer la situation» pour les patients, prédisent les oppositions

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Photo portrait de Yannick Beaudoin

Yannick Beaudoin

2025-10-23T18:46:02Z
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Les représentants des trois partis d’opposition de l’Assemblée nationale ont vivement dénoncé, jeudi, la menace de loi spéciale lancée par François Legault la veille.

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En entrevue au TVA Nouvelles, Vincent Marissal (QS), Joël Arseneau (PQ) et Marc Tanguay (PLQ) ont critiqué l’approche de la CAQ, affirmant même que celle-ci va aggraver la situation dans le système de santé.

«Dans la loi spéciale, il y aura le projet de loi 106, ça, c'est clair. C'est la mauvaise approche, on est contre cette approche qui risque de venir diminuer le peu de soins de santé que l'on a au Québec», a déclaré le porte-parole libéral en matière de santé, Marc Tanguay.

«Ça fait sept ans qu'on a perdus, qu'ils [les patients] n'ont pas les services. On paye assez cher de taxes au Québec et là, avec ce mauvais projet de loi, il va venir empirer la situation», a-t-il ajouté.

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«C'est un mauvais moment pour un parlement. C'est un mauvais moment pour une démocratie. Le ministre ne pas dire "On veut négocier, on veut négocier." S'il voulait négocier, s'il voulait vraiment améliorer le projet de loi 106, il avait juste à le ramener devant la commission ici, on aurait fait notre travail. C'était cousu de fil blanc. La loi spéciale était déjà écrite depuis un grand moment, puis François Legault fantasme là-dessus, il va réaliser son fantasme», a pour sa part affirmé le porte-parole de Québec solidaire en santé, Vincent Marissal.

Capture d'écran LCN
Capture d'écran LCN

Échec de la négociation

Pour le responsable des dossiers liés à la santé au Parti Québécois, Joël Arseneau, l’imposition de la loi spéciale est carrément «l’échec du gouvernement à convenir d’un nouveau cadre de rémunération et d’organisation des soins».

Vincent Marissal est d’avis qu’il faut miser sur la négociation pour régler le conflit entre les médecins et Québec.

«Ce que je constate, c'est que le gouvernement a mis le feu dans ses relations avec ses médecins dont on a besoin au Québec. Puis ça ne fera rien de bon sur le terrain, ça ne réglera strictement rien. Je pense même que ça va empirer encore la situation si la chose est possible», soutient le porte-parole de QS en matière de santé.

Joël Arseneau abonde dans le même sens.

«On devait faire place à la négociation et à défaut, confier au moins les questions qui ne sont pas relatives à la rémunération à un arbitre pour essayer d'y voir plus clair puis laisser les législateurs travailler sur le projet de loi 106, ça aurait été une bonne idée aussi», explique le député péquiste, qui aurait été en faveur d’un arbitrage non exécutoire pour les enjeux non monétaires.

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Capture d'écran LCN
Capture d'écran LCN

«C'est très malheureux parce que je pense qu'effectivement, on aurait pu au moins trouver des pistes de solutions non exécutoires, au moins pour essayer de trouver un consensus parce qu’un règlement imposé par bâillon, par législation spéciale, c'est le pire des scénarios dans une convention du genre», renchérit M. Marissal.

Une loi qui va «aggraver» la situation

À ce stade-ci, l’arbitrage ne changerait pas grand-chose, estime toutefois Marc Tanguay.

«On a vu que le gouvernement a sa stratégie politique déjà clairement établie. Ils veulent avoir un gain à très court terme. On a mis au pas les médecins, mais rappelez-vous de ce qu'on se dit présentement dans les semaines qui vont suivre: la démobilisation. Pourquoi on ne se casse pas la tête pour essayer de savoir pourquoi il y a 2300 médecins en Ontario, qui ont été formés au Québec. Est-ce qu'il va favoriser le retour de ces médecins-là? Est-ce qu'il va diminuer l'exode?», s’interroge le porte-parole du PLQ en matière de santé.

«Les experts lui ont clairement dit le 31 mars dernier, oui il faut revoir le mode de rémunération, mais il faut le faire en co-construction, il faut les mettre dans le coup. Mais François Legault encore une fois, c'est sa marque de commerce, il préfère la chicane aux résultats [...] C’est désespérant de voir ce mauvais gouvernement en fin de régime», ajoute M. Tanguay.

Capture d'écran LCN
Capture d'écran LCN

La volonté de la CAQ de lier 15% de la rémunération des médecins à des critères de performance n’enchante pas les oppositions, qui doutent des impacts réels d’une telle mesure sur les patients, notamment à cause des salles de chirurgie fermées.

«Qu'ils aient 15, 25 ou 50% de leur salaire qui est enlevé, il y a encore plus d'opérations, parce que les équipes ne suivent pas, parce que le gouvernement n'a pas fourni les services nécessaires pour que les salles de chirurgie fonctionnent», clame Joël Arseneau.

«Ce que je vous prédis, c'est qu'avec l'adoption d'une loi spéciale, on ne va pas avoir davantage de services rendus par les médecins ou par le système de santé, ça risque d'être le contraire», ajoute le porte-parole du Parti Québécois en matière de santé.

Pour Marc Tanguay, il est également clair que le projet de loi 106 va empirer la situation.

«Le 106 c'est quoi? C'est une stratégie coercitive, imposée, désuète, archaïque, je cite les experts, et qui va aggraver les iniquités», mentionne-t-il.

Pour voir l’échange complet, visionnez la vidéo ci-haut.

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