Loi spéciale pour modifier leur mode de rémunération: François Legault prévoit des mesures pour éviter un exode des médecins

Patrick Bellerose
À moins d’un revirement de dernière minute, une loi spéciale fixera le mode de rémunération des médecins liée à l’atteinte d’objectifs, et François Legault prévoit des mesures pour éviter leur éventuel exode hors du Québec.
L’Assemblée nationale a été exceptionnellement convoquée vendredi pour faire adopter une loi qui mettra un terme aux moyens de pression des fédérations médicales, en plus de lier une partie de leur rémunération à l’atteinte de cibles de performance.
Des «mesures» seront également prévues pour éviter des départs massifs vers l’Ontario ou les États-Unis, assure le premier ministre caquiste.
Une déclaration aussitôt dénoncée par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
«C’est quand même particulier qu’un parti politique qui présente une Constitution québécoise déjà commence à vouloir enlever des droits à ses citoyens [...]», a souligné son président, le Dr Marc-André Amyot.
Pour sa part, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) n’a pas écarté l’idée d’une contestation judiciaire.
«Mais évidemment, on ne fera pas de la désobéissance civile», a déclaré son président, le Dr Vincent Oliva.
Ultimatum
L’idée d’interdire aux médecins de quitter le Québec a fait sourciller le député solidaire Vincent Marissal.
La Constitution canadienne, rappelle-t-il, prévoit «quand même des droits fondamentaux comme la mobilité interprovinciale».
Selon lui, mieux vaut motiver les médecins en offrant les ressources pour travailler.
Toutefois, si le ministre «veut en faire des salariés complètement, là moi je suis d’accord. Je peux lui écrire son projet de loi s’il veut», ajoute le député solidaire.
Peu d’espoir
Même si Québec se dit toujours ouvert à négocier jusqu’à vendredi matin, l’issue semble scellée d’avance.
La menace d’une loi spéciale sera retirée seulement s’il y a des «avancées significatives» aux tables de négociations, affirme le ministre de la Santé, Christian Dubé.
Trop souvent les fédérations médicales ont «dénaturé» les principes du nouveau mode de rémunération dans leurs propositions, estime le ministre.
Main tendue
En réaction à l’ultimatum de Québec, la FMOQ a annoncé jeudi matin la levée de ses moyens de pression, principalement le boycottage de l’enseignement.
La veille, la FMSQ avait aussi proposé une trêve si Québec accepte de confier les négociations à un arbitre sans pouvoirs exécutoires.
Mais la présidente du Conseil du trésor, qui dirige les travaux, a rejeté l’idée.
«Le gouvernement a analysé la proposition de la FMSQ, mais ne peut y donner suite: l’arbitrage non liant est un mécanisme similaire à la médiation et ce processus n’a pas porté fruit», a-t-elle expliqué sur la plateforme X.
François Legault, lui, a promis de ne pas reculer, comme certains de ses prédécesseurs l’ont fait auparavant. «Il est temps qu’un gouvernement se tienne debout, qu’on change enfin le mode de rémunération pour que les Québécois aient accès» aux services, a-t-il lancé.