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L'article provient de 24 heures

Les syndicats: bons ou mauvais pour les travailleurs (et le Québec)?

PHOTO ZOÉ ARCAND/LE JOURNAL DE MONTRÉAL
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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2025-10-08T16:31:07Z
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Les syndicats — et leurs dirigeants — sont dans la mire de François Legault, qui leur reprochent de nuire aux travailleurs et au Québec. Son gouvernement compte même à rendre les cotisations syndicales facultatives. Le premier ministre a-t-il raison de montrer du doigt le système syndical, qu’il juge «dépassé»? C’est ce que 24 heures se demande.

Les syndicats sont-ils toujours en grève?

Dans son discours d’ouverture la semaine dernière, François Legault a affirmé que le Québec — qui compte près de 40% des travailleurs syndiqués — était «le champion des grèves».

Avec l’actualité des dernières semaines (et des derniers mois), on pourrait être tenté de lui donner raison. On peut penser à la grève des employés de l’entretien de la Société de transport de Montréal (STM) et à celle à Postes Canada. Il y a aussi les médecins qui font pression sur le gouvernement, même s’ils sont représentés par une fédération d’associations et non un syndicat.

Mais si tant de travailleurs débrayent au Québec, c’est surtout parce que le contexte y est favorable, avance Maxim Fortin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Maxim Fortin
Maxim Fortin IRIS

«L’inflation et la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs font que le jeu en vaut plus la chandelle, le rapport de force est plus intéressant. La grève reste efficace pour faire plier les employeurs», explique-t-il.

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Mais attention: c’est loin d’être tous les employés syndiqués qui font la grève: «90% des renouvellements de conventions collectives se règlent sans conflit», rappelle Yvan Perrier, politologue et professeur au département de sciences humaines du Cégep du Vieux Montréal.

Les syndicats devraient-ils se battre seulement pour leurs membres ?

Les syndicats ont la mission essentielle de défendre les droits des travailleurs et ils devraient s’y en tenir, affirme Renaud Brossard, vice-président aux communications à l’Institut économique de Montréal (IEDM), un think tank de droite qui s’intéresse aux politiques publiques au Canada.

«Quand les syndicats prennent position politiquement ou quand la FTQ voulait envoyer leur présidente parler à la COP [la conférence sur le climat], c’est en dehors de leur rôle traditionnel qui est d’améliorer les conditions de leurs travailleurs», précise-t-il.

Renaud Brossard
Renaud Brossard Photo de TIMCHIN Photography

Yvan Perrier est plutôt d’avis contraire: les syndicats devraient «défendre leurs membres dans la société» et se mêler de politique.

Selon lui, les syndicats ont mené de grands combats dans l’histoire du Québec qui ont bénéficié au plus grand nombre.

«Si on pense au réseau universel de garderies, à la défense des services publics, ce ne sont pas les gouvernements ou les entreprises qui nous ont amené ça, ce sont les syndicats et les groupes communautaires», illustre le professeur.

Les syndicats sont-ils mal gouvernés?

François Legault et son ministre du Travail, Jean Boulet, ont évoqué des problèmes de gouvernance pour justifier un projet de loi visant les cotisations syndicales.

Renaud Brossard est en faveur d’une telle réforme, surtout si elle permet aux membres de forcer leurs dirigeants syndicaux à se limiter à le défense de leurs intérêts.

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«C’est un gain pour les travailleurs, parce que la meilleure façon de voter, c’est avec son portefeuille», dit-il.

Il reproche aux syndicats de tenir des assemblées qui sont parfois peu «accessibles». «Des fois c’est trop tard le soir, les gens ne peuvent pas venir», avance-t-il.

Syndicat des cols bleus de Laval
Syndicat des cols bleus de Laval

Maxim Fortin rejette pour sa part l’idée qu’il y a un problème de gestion ou de gouvernance généralisé dans le monde syndical.

Pour le chercheur de l’IRIS, le premier ministre Legault cherche surtout à se venger des syndicats comme la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui ont contesté son projet de loi 21 devant les tribunaux.

Yvan Perrier abonde dans le même sens: la démocratie syndicale est plus représentative que notre système électoral, tranche-t-il.

«Les membres ont le droit de vote sur tout, ils peuvent remettre en question les instances. Si le ministre Boulet est vraiment préoccupé par la démocratie, il devrait se concentrer sur les électeurs qui ne sont pas aussi bien représentés [à l’Assemblée nationale] en ce moment», martèle-t-il.

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