Les ministres de la Défense chinois et américain s'entretiendront vendredi à Singapour

AFP
Le ministre chinois de la Défense a rencontré vendredi pour la première fois son homologue américain à Singapour, sur fond de différends entre les deux puissances rivales, allant de Taïwan à la guerre en Ukraine.
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Wei Fenghe s’est entretenu avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en marge du forum de sécurité du «Dialogue de Shangri-la» organisé jusqu’à dimanche dans la Cité-Etat, qui réunit de hauts responsables militaires, diplomates et des géants de l’armement.
Un porte-parole du Pentagone a confirmé que les discussions étaient en cours et la télévision nationale de Singapour CCTV a indiqué qu’il s’agissait de la première rencontre entre les deux hommes depuis la prise de fonction de Lloyd Austin.
Les deux hommes avaient discuté par téléphone en avril.
Les sujets de friction se sont multipliés ces dernières années entre les deux pays : mer de Chine méridionale, influence croissante de la Chine en Asie-Pacifique, guerre en Ukraine ou encore Taïwan.
La Chine estime que cette île peuplée de 24 millions d’habitants est l’une de ses provinces historiques, même si elle n’en contrôle pas le territoire. Et Pékin a ces dernières années accru militairement la pression contre Taïwan.
La rencontre entre Wei Fenghe et Lloyd Austin intervient quelques semaines après l’incursion de 30 avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne («Adiz») de Taïwan — la plus importante opération de ce genre en 2022.
Les États-Unis ont accusé la Chine de faire monter les tensions à propos de Taïwan, le secrétaire d’État américain Antony Blinken citant ces incursions comme le signe «d’une rhétorique et d’une activité de plus en plus provocantes» de la part de Pékin.
Lors d’une visite au Japon le mois dernier, le président Joe Biden a semblé avoir rompu avec des décennies de politique américaine lorsqu’en réponse à une question, il a indiqué que Washington pourrait défendre militairement Taïwan en cas d’invasion par Pékin.
La Maison-Blanche a depuis insisté sur le fait que «l’ambiguïté stratégique», le concept volontairement flou qui gouverne la politique taïwanaise de Washington depuis des décennies, restait inchangée.
Eaux troubles
Les deux puissances s’opposent aussi au sujet de l’invasion russe en Ukraine, Washington accusant Pékin de soutien tacite à Moscou.
La Chine a appelé à des discussions pour mettre fin à la guerre, mais n’a pas condamné la Russie et a plusieurs fois critiqué la fourniture d’armement américain à l’Ukraine.
Lors de leur conversation téléphonique en avril, le ministre de la Défense chinois avait demandé à son homologue américain de ne pas «calomnier, piéger, menacer ou faire pression sur la Chine».
La mer de Chine méridionale constitue une autre source de tensions.
La Chine revendique la quasi-totalité de la voie navigable par laquelle transitent chaque année des milliers de milliards de dollars d’échanges commerciaux. La zone est également revendiquée par Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam.
Pékin ignore la décision d’un tribunal international en 2016, qui a jugé sans fondement ses prétentions historiques.
Llyod Austin, arrivé jeudi soir à Singapour.
Lors d’une réunion avec les ministres de la Défense d’Asie du Sud-est, il a évoqué la stratégie américaine «de maintenir un environnement sécuritaire régional ouvert, inclusif et fondé sur la loi», selon un communiqué du gouvernement de Singapour.
Ses commentaires étaient une référence voilée à l’attitude de la Chine qui cherche de plus en plus à s’affirmer dans la région.
M. Austin prononcera un discours samedi lors du forum. Wei Fenghe s’exprimera dimanche.
C’est la première fois que le Dialogue de Shangri-la se tient depuis 2019, après avoir été reporté à deux reprises en raison de la pandémie de COVID-19.