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L'article provient de TVA Sports
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Les jours les plus sombres de Mike Ribeiro: récit de la première semaine d’un procès scabreux

L’ancien du Canadien pourrait se retrouver derrière les barreaux durant 20 ans.

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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2024-01-27T05:00:00Z
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Une victime présumée qui quitte la salle en détresse, un récit très explicite des agressions à caractère sexuel qu’il aurait commises. Depuis mardi, à mille lieues de la gloire qu’il a connue sur les patinoires de la LNH, Mike Ribeiro est au cœur d’un procès scabreux qui pourrait lui valoir jusqu’à 20 ans de prison, dans ce qui semble être les jours les plus sombres d’une vie déjà ponctuée de plusieurs épisodes de déchéance.

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Dans la salle de cour de Mount Vernon, petite municipalité très rurale de 2500 habitants située dans le comté de Franklin, à deux heures de route de Dallas, l’ambiance depuis mardi est très lourde, décrivent nos confrères de KLVT, une station de télévision de l’est du Texas avec qui Le Journal collabore.

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D’un côté de cette salle qui peut accueillir environ 70 personnes, l’on retrouve le Montréalais de 43 ans, désormais domicilié en Californie, entouré d’une grande équipe mise sur pied pour sa défense.

Seul un de ses proches, une femme, serait toutefois aux côtés du père de trois enfants depuis le début du procès, selon JD Conde, journaliste pour KLTV.

Peu d’émotions et beaucoup de notes

Ribeiro, qui n’a pas encore été appelé à la barre dans ce procès qui devrait s’étirer jusqu’à tard la semaine prochaine, y est apparu très calme, explique M. Conde.

Portrait de cour réalisé par Danny Crowell
Portrait de cour réalisé par Danny Crowell

Sans démontrer beaucoup d’émotions, l’ancien meilleur pointeur du Canadien, qui a récolté près de 800 points en plus de 1000 matchs dans la LNH, prend beaucoup de notes durant les témoignages et parle souvent à ses avocats.

De l’autre côté de la salle, il y a les trois victimes alléguées, leur équipe juridique, des membres de leurs familles et des amis des trois femmes, qui semblent peiner à écouter les témoignages très détaillés qu’elles livrent devant la justice.

Mike Ribeiro à sa sortie de la cour du comté de Franklin, à Mount Vernon, au Texas, le mardi 23 janvier 2024.
Mike Ribeiro à sa sortie de la cour du comté de Franklin, à Mount Vernon, au Texas, le mardi 23 janvier 2024. Capture d'écran fournie par KLTV

Deux d’entre elles, qui ne sont pas publiquement nommées, accusent Ribeiro d’agression sexuelle. L’une aurait été commise par pénétration «avec son organe sexuel» et l’autre, «avec son doigt», selon les documents de cours transmis au Journal.

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La troisième présumée victime aurait subi des attouchements «aux seins et au vagin», d’après ces mêmes documents.

Sur un jet-ski et un bateau

Les faits allégués se seraient produits aux abords du lac Cypress, sur un jet-ski et sur un bateau, le 23 juin 2021, à 15 minutes de cette salle de cour où l’ancien joueur retraité depuis sept ans se rend quotidiennement dans un gros VUS noir depuis mardi dernier.

Photo Getty Images/AFP
Photo Getty Images/AFP

Ribeiro, qui a touché plus de 55 M$ en carrière, y était alors propriétaire d’une maison qui donnait sur le lac. Il souhaitait la mettre en vente, a-t-il été expliqué en cour, et c’est avec l’idée de la visiter pour potentiellement l’acheter que deux des présumées victimes s’y seraient retrouvées, ce jour-là.

«Un [censuré] d’arrogant»

Ces deux femmes auraient d’abord fait la rencontre de l’ex-hockeyeur deux jours plus tôt, dans un restaurant de la région.

Mike Ribeiro quittant la cour de Mount Vernon, au Texas, le jeudi 25 janvier 2024.

Une amie de certaines victimes alléguées a raconté en cour mardi que Ribeiro s’était alors adressé à elles.

Elle a dit ne plus se souvenir précisément de ce qu’il leur a dit, mais elle se rappelait avoir mentionné «qu’il était un [censuré] d’arrogant».

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Elle aurait de nouveau croisé l’ancienne vedette des Stars de Dallas le lendemain, dans un autre restaurant. À ce moment, Ribeiro l’aurait approchée parce que son camion était stationné près de sa voiture.

«Il avait l’air d’une personne normale», a-t-elle dit devant le juge et le jury, ajoutant qu’il n’y aurait pas eu de conflit à ce moment.

«Un verre! Un verre!»

Ribeiro et elle se seraient alors échangé leurs numéros de téléphone, a aussi expliqué la témoin, pour que ses deux copines visitent sa demeure.

L’ex-hockeyeur lui aurait ensuite envoyé des messages texte qui ont été présentés en cour, dans lesquels on peut lire qu’il les invite chez lui le jour même pour prendre «un verre! Un verre!»

Cour de Franklin County, à Mount Vernon, au Texas, où se déroule depuis le lundi 22 janvier 2024 le procès de Mike Ribeiro.
Cour de Franklin County, à Mount Vernon, au Texas, où se déroule depuis le lundi 22 janvier 2024 le procès de Mike Ribeiro. Capture d'écran fournie par KLTV

L’amie de ces victimes présumées a aussi exposé dans son interrogatoire que Ribeiro aurait tenté de flirter avec l’une d’elles.

Il aurait notamment fait des commentaires disant vouloir l’embrasser, sans que celle-ci démontre d’intérêt envers ses avances.

Dans son propre témoignage, la victime alléguée a abondé dans le même sens, ajoutant en cour que les messages texte l’avaient rendue «inconfortable».

«Des flashs traumatisants»

Le jour suivant, une dizaine de personnes se seraient retrouvées chez Ribeiro, dont les trois femmes qui auraient été victimes d’agression.

L’une de ces agressions présumées aurait eu lieu sur le bateau du Montréalais, que l’une des femmes aurait souhaité apprendre à conduire.

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Photo d'archives, Le Journal
Photo d'archives, Le Journal

Les gestes auraient été commis alors qu’elle se trouvait à la barre de l’embarcation et que Ribeiro était assis sur le siège du conducteur. Une autre personne se trouvait aussi à bord du bateau.

Elle aurait repoussé sa main et lui aurait aussi crié «arrête! Arrête!» («cut it out!», «cut it out!»)

«On me dit que c’est normal que j’aie figé, mais j’aurais préféré crier», a-t-elle ajouté, décrivant ses souvenirs de ce qu’elle aurait vécu comme «des flashs traumatisants».

«Désolé, je suis f*cké»

La deuxième victime présumée a expliqué devant la cour qu’elle se trouvait aussi sur le jet-ski avec Ribeiro quand les gestes seraient survenus.

Mike Ribeiro à sa sortie de la cour du comté de Franklin, à Mount Vernon, au Texas, le mardi 23 janvier 2024.
Mike Ribeiro à sa sortie de la cour du comté de Franklin, à Mount Vernon, au Texas, le mardi 23 janvier 2024. Capture d'écran fournie par KLTV

Elle lui aurait assené un coup de coude en lui disant d’arrêter, ce à quoi il aurait répondu: «Désolé, je suis f*cké». 

Il aurait ensuite continué de la toucher sans son consentement, et la femme aurait conduit le jet-ski jusqu’à la rive, où elle aurait retrouvé sa mère, à qui elle aurait expliqué ce qui venait de se passer.

Durant son propre interrogatoire, la mère de la femme a expliqué que sa fille était en pleurs et qu’elle lui avait alors dit qu’elles devaient partir.

À l’hôpital pour des tests

La troisième femme, qui aurait aussi été agressée sur un jet-ski, se serait trouvée à bord du bateau lors des premiers attouchements de l’ancien joueur.

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Elle a expliqué avoir entendu la femme, une amie de sa tante qu’elle connaissait peu, demander à Ribeiro d’arrêter.

Interrogée à savoir pourquoi elle n’a pas immédiatement rapporté ce qu’elle aurait vu, elle a répondu qu’elle ne savait pas «comment gérer cela [how to process it], alors j’ai gardé cela pour moi», tout en mentionnant s’être sentie «idiote» plusieurs heures plus tard, quand elle se trouvait à l’hôpital pour des tests, comme le lui avaient suggéré les forces policières.

«Hors de l’ordinaire»

L’un des enquêteurs au dossier, qui a été appelé devant la cour, a fait savoir qu’il était «hors de l’ordinaire» de voir trois victimes présumées porter plainte pour agression sexuelle.

L’une d’elles a d’ailleurs dû prendre plusieurs pauses durant son contre-interrogatoire, selon ce qu’a constaté KLTV. Au terme de celui-ci, elle a quitté la salle «en détresse».

Les questions de la défense portent principalement autour de la suppression par certaines victimes alléguées de certains contenus qui se trouvait dans leur cellulaire, après que les forces policières leur avaient dit de ne pas le faire.

Celles-ci ont notamment répondu que le contenu dont elles s’étaient délestées était «embarrassant», mais qu’il ne concernait pas la cause.

Le procès continuera la semaine prochaine. Le Journal continuera de le suivre avec la collaboration de KLTV.

La déchéance d’une ancienne star

Photo d'archives, Reuters
Photo d'archives, Reuters

Mike Ribeiro a toujours eu la réputation d’être un fêtard, dont l’immense potentiel sur la glace a sûrement été gâché par ses excès hors de la patinoire.

Et ses premiers démêlés avec la justice ne datent pas d’hier. Voici un résumé des fois où le Montréalais de 43 ans a fait la manchette pour ses déboires et ses tentatives de reprise en main depuis 10 ans.

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  • 2015: Mike Ribeiro est poursuivi au civil par une ancienne nourrice qui lui réclamait 1 M$, qui disait avoir été agressée pendant qu’elle dormait. Le dossier a été réglé hors cour quelques mois plus tard.
  • 2017: Son agent, Bob Perno, dit que son client (qui a disputé son dernier match dans la LNH en 2016-2017) n’a pas donné de nouvelles à ses proches depuis plusieurs mois. Ribeiro expliquera plus tard, en entrevue à TVA Sports, que quand il a pris sa retraite, il a décidé qu’il allait «faire ce que je veux». «Je n’allais pas répondre à personne. Ce n’était peut-être pas la meilleure façon, mais depuis que j’étais tout jeune, je faisais tout ce qu’on me demandait.»
  • Septembre 2017: Ribeiro intègre le programme de réhabilitation de la LNH. Bob Perno explique alors qu’il a rechuté dans son combat contre l’alcool.
  • Octobre 2017: Ribeiro est appréhendé, à Miami, après s’être retrouvé illégalement sur une propriété privée. C’est son ancienne épouse qui paye sa caution de 1000$.
  • 2020: En entrevue à TVA Sports, Ribeiro dit s’être repris en main depuis ses 40 ans. Il explique qu’il veut montrer à ses trois enfants un autre côté de lui. Il exprime aussi son désir d’être un jour entraîneur adjoint chez le Canadien et vouloir aider de jeunes hockeyeurs dans leur développement. «Je veux parler à des jeunes de 14, 15 et 16 ans en leur racontant mon expérience. Je veux essayer de faire comprendre aux jeunes que si tu penses à la LNH, ne fais pas le party.»
  • 13 avril 2022: Ribeiro est appréhendé et emprisonné dans le comté de Franklin pour deux accusations d’agression sexuelle et une de tentative d’agression sexuelle sur trois femmes, qu’il aurait commises le 23 juin 2021. Il est relâché le jour même, après avoir versé une caution de 200 000$.
  • 23 janvier 2024: Le procès, au cours duquel devraient être présentées des preuves d’ADN recueillies sur les lieux, s’ouvre à Mount Vernon, dans l’est du Texas. S’il est reconnu coupable, Ribeiro fait face à une peine qui varie entre la probation et 20 ans d’emprisonnement, selon les médias locaux.
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