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L'article provient de TVA Sports
Sports

Les zizis et la culture du hockey

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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2024-01-24T19:30:00Z
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Le hockey, c’est le plus beau sport au monde. C’est rapide, difficile, spectaculaire, exigeant, rassembleur et robuste.

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Le hockey, c’est aussi l’un des sports les plus rétrogrades, dangereux, machos, homophobes et violents.  

Encore aujourd’hui, nous avons eu droit à une journée qui met en valeur les zizis du hockey. Les tatas qui réfléchissent avec leur entrejambe et qui, trop souvent, sont des joueurs de hockey.

Il y a les joueurs juniors de l’édition 2018 qui risquent finalement de payer pour ce qu’ils auraient fait subir à une jeune femme. Au lieu que ce soit mon argent, quand j’inscris mes fistons au hockey, qui sert à cacher l’affaire.

Il y a Mike Riberio qui subit son procès pour agression sexuelle.

On a su cette semaine que Milan Lucic allait subir un procès devant jury en février. Il aurait tenté d'étrangler sa femme alors qu'il était en état d'ébriété. 

Et là, j’en entends qui ont le goût de me répondre: «Voyons! Il ne faut pas s’emballer et généraliser non plus. Des salauds, il n’y en a pas juste au hockey. Ce n’est pas parce qu’il y a eu ces histoires que tout le hockey est malade.»

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  • Écoutez l'entrevue du journaliste via QUB :

Incrusté

En fait non, le hockey n’est pas malade. Mais il y a beaucoup trop de méchants malades au hockey. Et ça, c’est une question de culture. C’est bien incrusté. On dirait que c’est indélogeable. Au hockey, on se donne le droit d’être abruti. 

C’est comme ça.

Si vous jouez dans une ligue de garage, vous savez de quoi je parle. Il y en a toujours un ou deux par équipe. À un moment dans l’année, ces joueurs-là pètent les plombs, veulent se battre, cassent leur hockey sur toi, te sacrent un coup de poing dans la grille, car tu es rentré dans leur gardien. 

Tu en as d’autres qui traitent l’arbitre de vidange. D’autres qui te font un double-échec dans le cou ou qui t’étampent dans la bande parce qu’ils passent toute la frustration de leur mauvaise journée au bureau ou de leurs problèmes conjugaux sur toi.

Et ce, c’est sans compter tous les coups que tout le monde se donne après l’arrêt d’un gardien.

C’est un spectacle gratuit que vous pouvez voir dans pas mal tous les arénas du Québec en fin de soirée.

Pourquoi sommes-nous comme ça? C’est fou quand même. Pourquoi se permet-on de perdre la tête de temps en temps quand on embarque sur la glace pour jouer au hockey?

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Quand on se fâche au bureau, c’est plutôt rare qu’on pousse notre collègue contre le mur pour se défendre. Ou qu’on attrape au collet quiconque insulte notre ami, même si c’est insignifiant.

Comme si, quand on enfile notre équipement de hockey, même si c’est dans une ligue de garage pour garder la forme, on est quelqu’un d’autre. On défend notre gardien comme s’il était le messie. On saute dans le tas si ça brasse devant le but.

Et la plupart du temps, peu de temps après, tout le monde en rit. Les joueurs qui se sont chamaillés s’excusent et tout le monde trouve ça cute. On admet et on accepte tous ensemble qu’on est des tarés.

Et au prochain match, on recommence.

La culture

Non, il n’y a pas de lien entre des cas d’agressions sexuelles et deux imbéciles qui se tapent sur la gueule dans une ligue de garage. Mais tout ça, c’est seulement pour illustrer c’est quoi la culture du hockey.

Le débat sur les bagarres en est un bon exemple aussi.

Pourquoi? Parce que, justement, il y a un débat. Rien, absolument rien ne justifie la tenue de bagarre au hockey. Les histoires que ça évite d’autres coups salauds, si vous voulez vous conforter en pensant que c’est vrai, tant mieux.

Moi, je pense que c’est n’importe quoi.

Le seul argument pour conserver les batailles, c’est parce que les gens aiment ça regarder deux gars essayer de se péter la gueule. Rien d’autre.

Le hockey serait moins l’fun si on les enlevait. C’est la culture encore.

Comme si, au hockey, c’était bien correct de faire des trucs qui seraient complètement insensés en dehors du hockey, comme se battre à poings nus.

On peut parler aussi des soirées de la fierté de la LNH, où plusieurs joueurs ont refusé d’y participer en prétextant la religion. Ou quand Marc-André Fleury n’avait pas le droit de porter un casque en hommage aux Premières Nations. Ou quand la Ligue a décidé cette année que le ruban arc-en-ciel était proscrit pour les palettes des joueurs.

Le hockey, c’est le plus beau sport du monde. Mais batinse, ça commence parfois à être gênant d’être un joueur ou amateur de hockey. Il serait temps qu’on le réalise.

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