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Les jeunes Québécois insatisfaits de leurs cours l’éducation à la sexualité

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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2024-10-24T17:44:11Z
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Les jeunes du secondaire sont généralement insatisfaits de l’éducation à la sexualité qu’ils reçoivent à l’école, révèle une nouvelle recherche. Voici quatre grandes critiques à retenir.

Un enseignement en surface

La première critique par les jeunes: les notions vues dans le cours sont répétitives et ne vont pas assez loin.

«Ils ont l’impression de voir la même chose chaque année», souligne Estelle Cazelais, sexologue et directrice du volet Éducation chez Les 3 sex*.

En collaboration avec Oxfam Québec, l’organisme Les 3 sex* a interrogé plus de 400 jeunes de 15 à 21 ans au moyen d’un sondage et de groupes de discussion dans les écoles secondaires de la province pour connaître leur opinion sur les cours d’éducation à la sexualité.

Ces jeunes se sont notamment plaints de revoir sans cesse la liste des ITSS, alors que d’autres sujets, comme le plaisir, la séduction ou la gestion des émotions, n’ont pas été assez abordés dans les cours.

Une vision genrée de la sexualité

Les jeunes interrogés dans le cadre de la recherche ont déploré une vision genrée dans la matière vue en classe et un enseignement trop stéréotypé, même pour les élèves hétérosexuels et cisgenres.

«On met beaucoup d’emphase sur le fait que les filles doivent se protéger et être responsables, mais les gars ont l’impression qu’on leur dit de mettre un condom et c’est tout», cite en exemple Estelle Cazelais.

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Les jeunes filles se sentent surveillées à outrance, alors que les garçons, eux, «tombent dans les craques» et ne se sentent pas écoutés, ajoute-t-elle.

Photo courtoisie de Les 3 sex*
Photo courtoisie de Les 3 sex*

Un manque d’infos comblé par Internet

Puisqu’ils ont l’impression de manquer d’informations, les élèves ont été nombreux à affirmer se rabattre sur Internet et leurs pairs pour parfaire leur éducation sexuelle, ce qui les met à risque de désinformation.

«Ils ont aussi accès à beaucoup d’information véridique en ligne et ont un certain esprit critique, mais au fil du bouche-à-oreille, c’est dur de savoir ce qui est vrai ou pas», précise la sexologue.

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Des tabous qui perdurent

Autre constat: il y a toujours des tabous autour la sexualité et les jeunes le ressentent dans leurs cours.

«On ne parle jamais de plaisir et on est souvent mal à l’aise», souligne Estelle Cazelais.

«Si on répète pendant cinq ans que les ITSS c’est dangereux, les jeunes ont l’impression qu’on veut instaurer la peur [plutôt que l’ouverture]», ajoute-t-elle.

Un autre exemple de malaise qui perdure: les classes sont classes sont souvent séparées entre les gars et les filles pour parler de sujets comme les règles.

Les enseignants, même sans le vouloir, peuvent également transmettre des biais provenant de leurs propres malaises avec la sexualité, note la sexologue.

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Comment répondre aux critiques des jeunes?

Malgré leurs critiques, aucun des jeunes interrogés dans le cadre de l’étude n’était d’avis que l’éducation à la sexualité est inutile.

«Ils veulent que ça reste en cursus scolaire, notamment pour pallier des lacunes à la maison», explique Estelle Cazelais.

Selon elle, pour améliorer l’éducation à la sexualité, on pourrait impliquer davantage les jeunes dans les mises à jour du cours.

«Ils ont été impliqués au départ par rapport aux thématiques, mais les lacunes se trouvent souvent dans la manière dont c’est enseigné», affirme-t-elle.

Et dans un monde où tout évolue très vite, cette consultation devrait être continue, dit-elle.

«Même comme adulte, on est rapidement dépassé par les avancements technologiques. Il va falloir sans cesse remanier le cours, sinon il sera désuet dans cinq ans.»

Le rapport complet sera publié en décembre prochain dans le cadre de la campagne Pouvoir Choisir.

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