Les jeunes canadiens moins enclins à prendre les armes pour défendre le Canada


Raphaël Pirro
À l’heure où Ottawa veut accélérer le recrutement, les Canadiens en âge de combattre sont moins enclins que les plus vieux à prendre les armes pour défendre leur pays. C’est encore plus vrai pour les Québécois, et ce, dans toutes les tranches d’âge.
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Dans un sondage paru jeudi, l’Institut Angus Reid a trouvé que 49% des Canadiens disaient être prêts à se porter volontaires pour rejoindre l’armée «dans un rôle de combat», un chiffre historiquement bas.
De ce nombre, 19% des répondants rejoindraient les Forces armées canadiennes (FAC) si le pays le leur demandait. Les 30% restants se porteraient volontaires seulement s’ils étaient d’«accord avec les raisons du conflit».
Plus vieux, plus fiers
À 43%, les jeunes de 18 à 34 ans, qui généralement forment le cœur d’une armée prête au combat, sont moins interpellés par l’appel du front que leurs compatriotes plus âgés (55% chez les 55 ans et plus).
Coïncidence ou non, les plus jeunes sont aussi moins nombreux (56%) à se dire «fiers» ou «très fiers» d’être Canadiens que les 55 ans et plus (77%).
Les Québécois tirent la moyenne canadienne vers le bas dans les deux cas: 41% diraient oui à l’armée, et 55% sont fiers d’être Canadiens, les plus faibles taux au pays.

Ces chiffres n’ont rien de particulier au Canada, selon Christian Leuprecht, professeur au Collège militaire royal. «L’ensemble des forces armées à travers le monde démocratique font face à une pénurie de recrutement», dit-il.
En 1985, 61% des Canadiens se disaient prêts à prendre les armes pour leur pays. Cette année-là, 78% d’entre eux étaient «très fiers» d’être Canadiens.
Renverser la tendance
Les départs et les retraites dépassent le nombre de nouveaux inscrits depuis des années, et la réputation des FAC a atteint un creux significatif.
Angus Reid souligne que 52% des répondants se disent «fiers» de ce que représentent les FAC, une chute brutale par rapport au chiffre de 79% obtenu en 2019.
Christian Leuprecht y voit deux causes principales: les problèmes dans la culture de l’institution, accablée par des scandales sexuels à répétition dans les dernières années, ainsi que «des années de dévalorisation du militaire afin de justifier en partie le sous-financement des FAC».
Les FAC ont l’intention de renverser la tendance.
À la fin de 2024, il y avait 64 000 membres des forces régulières et 23 000 réservistes, alors que l’objectif d’ici 2029 est d’atteindre 71 500 réguliers et 30,000 réservistes.
Des efforts déployés pour moderniser le processus de recrutement semblent porter leurs fruits: le mois dernier, le ministère de la Défense a annoncé avoir embauché 7000 recrues dans les douze derniers mois, un sommet en dix ans.
Ce n’est pas un «hasard», dit M. Leuprecht: «Le degré auquel un gouvernement valorise et capitalise ses forces armées a des conséquences directes pour la confiance et le recrutement».
Parallèlement, les FAC sont aujourd’hui dirigées par une femme, la Québécoise Jennie Carignan, qui a déjà dirigé les efforts pour changer la culture à l’interne.
Le premier ministre Mark Carney a par ailleurs signalé qu’il hausserait les salaires des militaires afin d’attirer davantage de jeunes.