Les Jardins du Grand-Portage, un des potagers biologiques les plus réputés du Québec, fêtent leurs 45 ans d’existence

Il y a 45 ans, un couple de passionnés d’horticulture et de gastronomie amorçait la création de l’un des potagers biologiques les plus réputés du Québec: les Jardins du Grand-Portage.

En 1980, enchantés par les paysages bucoliques de Lanaudière, Diane Mackay et Yves Gagnon ont fait l’acquisition d’une ancienne ferme située à Saint-Didace, en bordure de la rivière Maskinongé. Sur cette terre de deux acres se trouvait une vieille grange qu’ils ont transformée en une maison originale et pittoresque. Plutôt que de bâtir une résidence typique, ils ont préféré construire leur maison dans l’ancienne étable de la grange. Ils se sont inspirés de quelques maisons du genre, construites à même les bâtiments de ferme, qu’ils ont pu observer lors d’excursions à travers les campagnes de la région.

Avec passion et persévérance, Diane et Yves ont créé sur leur terrain de spectaculaires jardins. Puisqu’il avait été voué à l’agriculture pendant de nombreuses décennies, le terrain qu’ils venaient d’acheter était complètement dénudé, fortement exposé aux vents. Ils ont tout d’abord entrepris la plantation de quelque 20 000 arbres afin de créer des brise-vent. Ils ont choisi diverses essences, dont des bouleaux, des caryers, des chênes, des épinettes, des érables, des frênes, des noyers et des pins.

Dès leur arrivée, ils ont aussi créé leur premier potager biologique, qui s’étendait alors sur près d’un acre. Après avoir engagé un agriculteur voisin pour effectuer le labour du sol, ils ont semé du sarrasin afin d’améliorer les propriétés de leur terre. Cet engrais vert, qui est plus tard coupé et enfoui dans le sol, étouffe les herbes indésirables et enrichit la terre. Le sarrasin enfoui stimule également la vie microbienne du sol. Leurs premières productions de légumes bios furent alors presque entièrement vendues sous forme de paniers. Un véritable succès qui répondait assurément à un grand besoin de la population locale!

Quelques années plus tard, ils participèrent à un concours organisé par une célèbre revue de jardinage et gagnèrent le premier prix, soit un voyage en Angleterre consacré à la visite de quelques-uns des plus beaux jardins du pays. Fortement inspirés par ce voyage, ils introduisirent des fleurs dans leur potager et lui donnèrent un style plus proche de celui retrouvé en Angleterre.

Herboriste et autrice du livre 40 plantes médicinales, Diane Mackay cultive plus d’une centaine de plantes médicinales et de fleurs comestibles qu’elle transforme en teintures, en huiles et en pommades. Dans les Jardins du Grand-Portage, on retrouve, entre autres, la mélisse, la cataire, le chardon-Marie, la consoude et l’échinacée.

Pour sa part, Yves Gagnon, auteur de nombreux ouvrages sur l’agriculture écologique, a un faible pour les cultivars de légumes ancestraux régionaux dont il conserve et distribue les semences, tels que la tomate Savignac, une variété qui a été développée au milieu du XX^e siècle par le frère J. Armand Savignac, un clerc de Saint-Viateur de Joliette, ainsi que le poivron rouge de Maskinongé et l’oignon rouge de Saint-Didace.

Photos 2 et 3 (crédit : Les Jardins du Grand-Portage) : Diane Mackay et Yves Gagnon, créateurs des magnifiques Jardins du Grand-Portage, lors de leur arrivée à Saint-Didace.

Biodiversité

Aujourd’hui constitués d’arbres majestueux ainsi que de nombreux arbustes fruitiers, légumes et plantes médicinales, les Jardins du Grand-Portage ont donc été conçus de façon qu’ils hébergent une grande diversité végétale et animale.

Implanté dans un milieu où les terres et les cultures ont été traitées pendant de nombreuses années avec des pesticides de synthèse par les propriétaires précédents, Diane et Yves ont observé que leur jeune jardin était infesté de vers gris. En faisant le choix de ne pas recourir à l’usage de pesticides et en favorisant la biodiversité, cela a permis de diminuer de façon significative le nombre de vers gris.

En plantant dans leur jardin une large diversité de végétaux, tant comestibles que nectarifères, cela a favorisé la venue d’insectes qui, à leur tour, ont attiré des grenouilles. Par la suite, des couleuvres, des oiseaux, des oiseaux rapaces, des chauves-souris et d’autres mammifères sont venus coloniser ce milieu grouillant de vie. Après quelques années seulement, les chaînes alimentaires se sont rétablies, des équilibres ont été atteints et les populations de vers gris se maintiennent depuis à un niveau tout à fait acceptable.

Aux Jardins du Grand-Portage, le mariage des fleurs avec les plantes potagères n’est pas effectué dans un but purement esthétique. Outre le fait que plusieurs de ces plantes à fleurs sont comestibles et qu’elles possèdent des vertus médicinales, elles permettent en plus d’attirer de nombreux insectes pollinisateurs.

La contribution des insectes pollinisateurs en horticulture et en agriculture est considérable. Le rendement quantitatif et qualitatif de très nombreuses cultures est directement influencé par la présence de ces insectes. Certains scientifiques estiment que plus du tiers des fruits et légumes que nous mangeons sont produits grâce au travail des insectes pollinisateurs. Sans eux, nos assiettes seraient plutôt vides...

Durant la saison estivale 2024, les Jardins du Grand-Portage sont ouverts tous les jours de 10h à 17h pour visites libres (12,00$ par personne, gratuit pour les enfants de 12 ans et moins). Les samedis 3, 10, 24 et 31 août 2024 sont offerts des festins végétariens et des spectacles éclectiques, sur réservation seulement. Pour informations et réservations, visiter le jardinsdugrandportage.com ou composer le (450) 835-5813. Les Jardins du Grand-Portage sont situés au 800, chemin du Portage, à Saint-Didace.