Les inondations meurtrières pourraient devenir la nouvelle norme aux États-Unis

Anne-Sophie Poiré
Les inondations meurtrières au Texas pourraient être une nouvelle norme dans tous les États-Unis, préviennent des experts. Ils craignent que le démantèlement des agences fédérales essentielles à la prévention des événements météorologiques extrêmes par le président Donald Trump et ses alliés n’ait contribué au nombre de morts.
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L’espoir de retrouver des survivants s’estompait, mardi, quatre jours après que des crues «éclair» ont dévasté la région texane de Hill Country. Le bilan a dépassé la centaine de morts, et des dizaines d’autres personnes sont portées disparues.

Le 4 juillet, un mur d’eau s’est abattu sur les camps de vacances et les maisons le long du fleuve Guadalupe.
Au Camp Mystic, au moins 27 campeuses et employées ont péri lors de ces crues soudaines. Dix filles et une monitrice n’avaient toujours pas été retrouvées lundi.
On ignore toujours pourquoi le système d’alerte précoce n’a pas permis d’évacuer à temps l’endroit où 700 filles campaient sur une plaine inondable connue de la rivière Guadalupe.
Des experts croient quant à eux que les coupes instiguées par Donald Trump et son donateur milliardaire Elon Musk au National Weather Service (NWS) et à la Federal Emergency Management Agency (FEMA) ont quelque chose à y voir.

«C’est exactement le genre de tempête dont les météorologues, les climatologues, les experts en gestion des urgences parlent et mettent en garde depuis des décennies, et il n’y a absolument aucune raison pour que ça ne se produise pas dans d’autres parties du pays», a déclaré au Guardian la professeure de gestion des urgences à l’Académie maritime du Massachusetts, Samantha Montano.
Des centaines de mises à pied
La FEMA a été créée en 1979 par le président démocrate Jimmy Carter, précisément parce que les États avaient du mal à faire face aux grandes catastrophes.
L’organisation fournit des ressources, une coordination, une expertise technique, un leadership et une communication avec le public local en cas d’événements climatiques extrêmes, notamment.
À son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump a immédiatement menacé de démanteler la FEMA alors que l’agence multipliait les efforts pour aider les communautés dévastées par les incendies de Los Angeles.
Plus d’un tiers des effectifs permanents à temps plein de la FEMA auraient été licenciés ou auraient accepté des départs volontaires, y compris certains de ses dirigeants les plus expérimentés et compétents qui coordonnent les interventions en cas de catastrophe.
Au NWS, plus de 600 personnes ont également été mises à pied ou ont pris une retraite anticipée.
Les bureaux situés dans les régions des États-Unis sujettes aux tempêtes et inondations manquent de météorologues et de personnel. L’agence a donc été contrainte de réduire ses activités de surveillance météorologique.
Deux météorologues principaux du bureau NWS de San Antonio, responsable des prévisions dans la région de Hill Country, figurent d’ailleurs parmi les victimes des licenciements opérés par Elon Musk.

Malgré les inondations meurtrières au Texas, le président américain a déclaré qu’il était peu probable que les réductions de personnel du NWS soient annulées.
Rappelons que la Maison-Blanche continue de qualifier cet événement d’«acte de Dieu», qui désigne une catastrophe naturelle grave et imprévue dont aucun humain n’est responsable.
Financement coupé
Les coupures massives dans les agences fédérales chargées de prévenir les catastrophes surviennent alors que la menace des phénomènes météorologiques extrêmes s’accroît avec la crise climatique.
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Les inondations au Texas se sont produites dans une atmosphère plus chaude et plus humide que par le passé.
Malgré ces menaces, le projet de loi One Big Beautiful Bill signé par Donald Trump la semaine dernière réduit de 150 millions de dollars le financement de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) pour aider à améliorer les prévisions météorologiques futures.
La nouvelle politique réduit également de 56% le montant des fonds alloués à la National Science Foundation (NSF) qui a joué un rôle essentiel dans le développement de systèmes d’alerte précoce pour toutes sortes de risques.
– Avec The Guardian et l’Agence France-Presse