Les immigrants surreprésentés parmi les victimes de noyade
Deux nouveaux arrivants ont perdu la vie cet été près de la plage de Verdun

Erika Aubin
La Société de sauvetage, qui s’inquiète de la surreprésentation des nouveaux arrivants parmi les victimes de noyade au Québec, planche sur de nouveaux moyens pour prévenir les immigrants des dangers aquatiques.
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«Malheureusement, on constate de façon très claire qu’il y a beaucoup d’immigrants parmi les victimes et c’est le même problème à la grandeur du Canada», explique d’emblée Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage.
Deux des trois victimes des noyades survenues près de la plage de Verdun cet été étaient de nouveaux arrivants.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce constat, selon M. Hawkins. Les immigrants sont quatre fois plus susceptibles de ne pas savoir nager que les personnes nées au Canada, selon les plus récentes données du Centre canadien de recherche de prévention de la noyade.
Ne pas savoir nager
Dans certaines cultures, apprendre à nager est moins mis de l’avant. D’autres craignent carrément l’eau.
«Ça peut être associé au fait qu’il y ait moins d’accès à l’eau ou d’infrastructures, par exemple des piscines publiques, dans certains pays. Quand on donne le programme Nager pour survivre dans les écoles, il y a des enfants [immigrants] qui mettent pour la première fois le pied dans une piscine», dit Raynald Hawkins.
Il pointe aussi du doigt la façon de communiquer les dangers liés aux activités nautiques. Par exemple, autour de la plage de Verdun, la Ville a installé des panneaux de baignade interdite sur le bord des berges. Le message, qui se lit seulement en français, est accompagné d’un pictogramme de baignade interdite.

«Mais les pictogrammes ne sont pas toujours compris, selon les différentes cultures. Ce n’est pas un langage universel. Rajoutons à cela la barrière de la langue. C’est une réalité au Québec», insiste M. Hawkins.
Traduire les messages
La Société de sauvetage travaille à adapter les messages de prévention, en s’inspirant notamment de l’Ontario, où des feuillets de conseils pour naviguer en sécurité ont été traduits en 33 langues avant d’être distribués à des groupes communautaires et des organismes.

«On n’a pas toujours un accueil favorable» à ce genre d’initiative au Québec, déplore M. Hawkins.
Par exemple, son organisme a cogné à la porte du ministère de l’Éducation pour inclure des messages de sécurité nautique dans les cours de francisation, mais n’a pas obtenu de réponse positive.
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