Noyades à Verdun: un jeune immigrant venu pour bâtir sa vie parmi les trois victimes


Erika Aubin
L’ami d’un immigrant congolais qui s’est noyé en juin dans le fleuve Saint-Laurent lance un appel à la prudence tandis que trois jeunes hommes ont perdu la vie depuis le début de l’été seulement près de la plage de Verdun en s’aventurant dans des zones non surveillées.
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«Nous sommes les propres gardiens de nos vies. Avant qu’une autre personne puisse assurer notre sécurité, il faut d’abord veiller sur nous-même», lance Benjamin Kimbukusu.
Surtout qu’en tant qu’immigrant, «notre famille base beaucoup d’espoir sur nous», déclare-t-il.
Le 23 juin dernier, son ami Jean-Rodrick Mbassanenze Ngwamiya s’est noyé, alors qu’il se trouvait en dehors d’une zone autorisée pour la baignade, tout près de la plage de Verdun. Par cette chaude journée, les autorités ont évacué l’endroit pour lancer une opération de recherche. Sa dépouille a été retrouvée quelques heures plus tard.

De forts courants
Selon ses proches, qui s’expliquent mal le drame, le jeune homme de 27 ans savait nager.
Depuis le début de l’été, déjà trois personnes ont perdu la vie dans le même secteur. Toutes les victimes nageaient en dehors de la zone autorisée et surveillée au moment des drames.
«Quand tu regardes le fleuve devant la plage, on ne voit pas de turbulences, l’eau est relativement calme. Mais il y a de très forts courants, et même les bons nageurs n’ont pas toujours la capacité pour y faire face», avertit Raynald Hawkins, directeur de la Société de sauvetage.
Jean-Rodrick Mbassanenze Ngwamiya était venu s’installer au Canada il y a environ deux ans pour y construire sa vie, s’attriste son ami.
«Au Congo, beaucoup de parents ont comme but de sortir leur enfant du pays. Quand on vient ici, c’est une manière de devenir indépendant», explique Benjamin Kimbukusu, qui vit à Amos.
«C’était un jeune homme rempli d’ambition, d’enthousiasme et de joie. Il est parti trop tôt [...], mais la mort n’arrête pas l’amour», a laissé tomber sa sœur Pierretta Mbassanenze, que Le Journal a jointe depuis son pays natal.
Précieux souvenirs
L’aîné d’une fratrie de cinq enfants travaillait dans le domaine de la construction au Québec. «Il venait d’une grande famille et aimait être entouré par des gens. C’était rare de le voir seul, il mettait l’ambiance», ajoute Benjamin Kimbukusu.

Son amitié avec la victime remonte à plusieurs années. Ils se sont rencontrés durant leur enfance à Kinshasa, la capitale du Congo. Son plus beau souvenir avec celui qu’il surnommait «Roda» remontre à mai dernier, quand les deux copains ont passé une dernière journée ensemble dans la métropole.
«Il m’a présenté à quelques-uns de ses nouveaux amis. On a eu le temps de se balader, de se parler, de se raconter de vieux souvenirs du pays», explique-t-il.
«Il devait venir me visiter à Amos, mais on n’a jamais eu l’occasion», laisse tomber Benjamin Kimbukusu.
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