Comédie clubs, réseaux sociaux, balados et festivals: une génération d'humoristes multiplateformes (de Math Duff à Megan Brouillard)

Le festival Juste pour rire est mort! Vive le festival ComediHa salue Montréal! Pour les humoristes, c'est une bonne nouvelle que le festival montréalais, vieux de 40 ans, ait survécu à la faillite du groupe JPR. Pourtant, la vérité, c'est que les festivals n'occupent plus une place aussi centrale dans le monde de l'humour.

Pendant longtemps, les festivals étaient considérés comme des passages obligés pour lancer une carrière. Depuis quelques années, c'est moins vrai. Les humoristes se sont tournés vers d’autres avenues pour rejoindre le public et les festivals d’humour sont désormais des tribunes parmi bien d’autres.

• À lire aussi: Soirées d’humour: le Bordel Comédie Club a tout changé

• À lire aussi: Mike Ward, le parrain des «podcasts» d’humour

• À lire aussi: Les «podcasts» ont changé la vie des Denis Drolet: «Nos fans sont des fans fous»

• À lire aussi: Réseaux sociaux: Rachid Badouri seul au sommet chez les humoristes

Avant la multiplication des plateformes de diffusion, il n’y avait presque qu’une seule façon de lancer sa carrière quand on était un humoriste québécois: faire un hit au festival Juste pour rire. Les galas diffusés à la télé avaient d’importantes cotes d’écoute et un artiste qui frappait fort – comme l’ont fait Lise Dion, Rachid Badouri et André Sauvé, pour ne nommer que ceux-là – pouvait rapidement devenir la nouvelle «saveur du moment». Depuis, les humoristes ne sont plus à la merci des gros festivals pour se faire valoir. C’est ce qui ressort d’une vingtaine d’entrevues que Le Journal a réalisées pour ce dossier avec des humoristes bien connus ou de la relève.

«On a de plus en plus de comédie clubs un peu partout en région, remarque Arnaud Soly. Il n’y a jamais eu autant d’humoristes en tournée dans toutes les salles de la province. Il y a des podcasts live, des soirées alternatives, des soirées personnages. Tout ce qui existait avant uniquement dans les festivals, on dirait que ça existe maintenant à l’année.»

Bouche-à-oreille sur les stéroïdes

Pour les jeunes humoristes, c’est aussi davantage sur les réseaux sociaux qu’ils peuvent désormais se démarquer et espérer rejoindre un large public. Pendant la pandémie, Mathieu Dufour et Arnaud Soly ont vu leur popularité exploser. Et encore plus récemment, Mégan Brouillard et Tommy Néron se sont servis de TikTok et Instagram pour aller chercher des contrats ou même remplir des salles.

Sortie de l’École nationale de l’humour en 2021, Liliane Blanco-Binette n’a jamais fait de gala Juste pour rire et sa carrière s’en porte très bien. La jeune humoriste de 26 ans qui compte 258 000 abonnés sur Instagram et 209 000 sur TikTok reconnaît que les réseaux sociaux, «c’est du bouche-à-oreille sur les stéroïdes». «Le monde aime, commente et partage tout, ça va vite, pis ça explose. Personnellement, ç’a tout changé dans ma vie d’artiste. Gagner 100 000 abonnés en trois mois, c’est juste possible avec des réseaux sociaux.»

L’humour, un milieu en santé

-Selon l’Observatoire de l’humour, en 2022, on comptait 918 humoristes au Québec, incluant 659 humoristes de la relève, apprentis et aspirants. Du nombre, il y avait aussi 149 humoristes «tête d’affiche», qui avaient au moins lancé deux spectacles dans leur carrière.

-1 516 978 billets se sont vendus pour assister à un spectacle d’humour en 2022, selon l’Observatoire de la culture.

-Les revenus de billetterie pour l’humour, excluant les taxes, étaient de 52 871 768$ en 2022.

-54 spectacles d’humour différents ont eu 16 représentations ou plus en 2022. Depuis 2017, on compte toujours au moins 50 spectacles en tournée chaque année.