Les coûts de construction explosent au Québec, deux fois plus vite qu’ailleurs au Canada
Des Québécois doivent s’attendre à payer plus cher pour se loger ces prochains mois.

Francis Halin
Pourquoi les coûts de construction au Québec grimpent deux fois plus vite qu’au Canada, et ce que ça signifie pour vous.
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Les prix pour les fondations, l’électricité, la plomberie et la structure des bâtiments ont bondi de 4,3% chez nous contre 1,8% ailleurs au pays, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ)
«On est pris en sandwich, confie au Journal l’entrepreneur général Philippe Ferri. On a les clients d’un côté qui veulent payer le moins cher possible et des sous-traitants occupés qui peuvent exiger des prix importants.»
Le propriétaire de Fero Rénovation pointe aussi du doigt les nouvelles hausses salariales des conventions collectives des quelque 200 000 travailleurs, qui viennent saler la facture.
Dès la signature en 2025, ils ont décroché 8% et poursuivent actuellement un arbitrage visant des hausses échelonnées de 18% à 24,35% sur une période de quatre ans.
«On baisse nos marges de profits, mais il y a quand même une augmentation des coûts», illustre Philippe Ferri, qui bosse sur un chantier de Repentigny.
«Si on ajoute la croissance des salaires des travailleurs, ça risque de devenir problématique», prévient de son côté David Goulet, directeur du service économique de l’APCHQ.
Les coûts de rénovation aussi concernés
Concernant le secteur des rénovations, les coûts ont connu une augmentation significative de 2,3% au Québec, tandis que dans le reste du Canada, la hausse s’est limitée à 1,2%, d’après les données fournies par l’APCHQ.
Cette disparité régionale souligne une pression inflationniste plus marquée sur le marché québécois de la rénovation comparativement aux autres provinces canadiennes.
Pour ne rien arranger, dans le secteur locatif, les tarifs douaniers ont provoqué une hausse des coûts de construction, selon l’estimation de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
«Les deux éléments ayant l’impact le plus important sont le coût des matériaux et la lourdeur réglementaire dans l’industrie», analyse pour sa part Félix Rhéaume, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ).
«On est surpris. On s’attendait à ce que la hausse de l’inflation ralentisse. On a même vu des baisses de prix dans le bois. On suivra ça de près pour mieux comprendre», concède David Goulet, de l’APCHQ.
Dans le Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, l’entrepreneur général David Dubé, de CB4S Construction, dénonce vigoureusement la nouvelle réglementation qui viendrait pénaliser nos PME.
«La bureaucratie et le fardeau des règles de sécurité n’aident pas non plus», conclut-il.
– Avec la collaboration de Mathieu Boulay