20e anniversaire: l’élection du gouvernement de Jean Charest marquait les «beaux jours» du PLQ


Geneviève Lajoie
Même si les pratiques de financement ont occulté une partie de son règne, le gouvernement de Jean Charest fut une «belle époque» pour le Parti libéral du Québec, estime l’ex-ministre Monique Jérôme-Forget.
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«Est-ce que c’était les beaux jours par rapport à ce qui se passe aujourd’hui? C’est clair que c’était les beaux jours, c’est certain», convient-elle, en entrevue.

Il y a 20 ans presque jour pour jour, les libéraux reprenaient le pouvoir après avoir été relégués aux banquettes de l’opposition pendant près d’une décennie. À leur tête : un ancien progressiste-conservateur arrivé d’Ottawa, mais surtout, un habile politicien qui savait conserver l’unité au sein de ses troupes.
Celle qui tint les cordons de la bourse durant une bonne partie du mandat de Jean Charest n’a que des éloges pour son ancien chef. «Il m’a tellement fait confiance cet homme-là, totalement fait confiance, au niveau des dépenses, du contrôle des dépenses, jamais je n'ai reçu un appel de Jean Charest disant : Monique, mais qu’est-ce que tu fais?»
Elle rappelle qu’il a été le premier chef d’un gouvernement du Québec à nommer un Conseil des ministres paritaire, composé d’autant de femmes que d’hommes. «Et pas des deux de pique!, insiste-t-elle. Les femmes, on occupait des sièges très importants!».
L’équité salariale
Monique Jérôme-Forget est fière de ce gouvernement pour avoir réglé l’équité salariale, un dossier qui lui tenait particulièrement à cœur comme féministe.

Elle ajoute que le Québec a également «gagné des points» sur le plan international durant l’ère Charest. L’ex-politicienne évoque aussi le Plan Nord, les autoroutes 25 et 30, les hôpitaux universitaires de même que la décision de son administration de débuter l’apprentissage de l’anglais dès la première année du primaire.
Bien sûr, les méthodes de financement de l’époque ont fait grassement les manchettes et ont forcément nui à l’étiquette libérale. «C’est clair que le financement a causé problème». Mais elle estime tout de même qu’il faut reconnaître le «bilan intéressant» de ce gouvernement libéral.
- Écoutez la rencontre Montpetit-Fortin avec Marie Montpetit, analyste politique et Steve E. Fortin, chroniqueur-blogueur au Journal de Montréal & Journal de Québec, entre autres au sujet de Jean Charest, au micro de Yasmine Abdelfadel sur QUB radio :
L’austérité a «fait très mal»
Comme tout le monde, Monique Jérôme-Forget constate que le PLQ vit des moments plus difficiles ces dernières années. Les libéraux ont obtenu le pire score de leur histoire le 3 octobre 2022.
Elle ne peut tracer un trait précis du moment où le vent a tourné. Mais les politiques d’austérité qui ont suivi les années Charest ont «fait très mal», reconnaît-elle.
«La brisure s’est beaucoup faite quand on a voulu arriver au déficit zéro à tout prix, rapidement, et qu’on a imposé, je dirais, à travers tout le monde la même approche de coupures, analyse-t-elle. Est-ce que les gens ont perçu une approche dogmatique, sans jugement? Je ne sais pas, je ne sais pas quand a eu lieu la brisure. C’est clair que récemment, il y a eu une brisure».
L’importance du chef
L’ancienne élue salue par ailleurs la mise sur pied récente d’un comité de relance du PLQ. Mais force est d’admettre que d’autres formations politiques défendent aussi les valeurs libérales et que la façon de faire de la politique change, ici comme ailleurs.
N'empêche, Monique Jérôme-Forget croit fermement que le sort d’un parti est intimement lié à la qualité et au succès de son chef. Ce fut le cas à l’époque avec Jean Charest.
«Un leader, c’est ça qui fait la différence, renchérit-elle. C’est clair que le charisme joue beaucoup pour vendre une marque de commerce, vendre un parti, vendre ses idées».
Avis aux libéraux qui devront se choisir un nouvel amiral d’ici le prochain scrutin.
20e anniversaire de l’élection du gouvernement libéral de Jean Charest
14 avril 2003
- Le Parti libéral du Québec de Jean Charest remporte l’élection
- 45,99% des voix
- 76 députés
Les vedettes libérales de l’époque :
- Yves Séguin
- Monique Jérôme-Forget
- Philippe Couillard
- Marc Bellemare
- Sam Hamad
- Jacques Dupuis
- Michel Audet
- Monique Gagnon-Tremblay
- Line Beauchamp
- Pierre Reid
- Michelle Courchesne
- Benoît Pelletier
- Jean-Marc Fournier
- Pierre Paradis
- Julie Boulet
Élections du 3 octobre 2022
- Le PLQ a obtenu 14,37% des voix
- 21 députés*
*Le PLQ a désormais 19 députés à l’Assemblée nationale, après que Marie-Claude Nichols ait choisi de quitter le caucus libéral pour siéger comme indépendante et le départ de Dominique Anglade
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