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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Fuites de l’UPAC: Jean Charest déplore des «dommages irréparables»

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Photo portrait de Marc-André Gagnon

Marc-André Gagnon

2023-04-05T15:01:28Z
2023-04-05T16:27:46Z
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L’ex-premier ministre Jean Charest, qui empochera près de 400 000$ après avoir obtenu gain de cause contre l’État et l’UPAC, dénonce les «dommages irréparables» subis par sa famille et regrette que ses demandes d’excuses soient restées lettre morte.

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«Pour le prix d’une feuille de papier, d’une enveloppe et d’un timbre, j’aurais accepté que cette affaire, quoique grave, soit réglée», a réagi l’ancien chef libéral, au lendemain d’une décision rendue en sa faveur par la Cour supérieure. 

Dans son jugement, le tribunal accorde à M. Charest un montant total 385 000$ en guise de dommages-intérêts punitifs et compensatoires pour les fuites dont il a fait l’objet lors d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sur le financement du PLQ. 

«À l’origine, j’avais demandé des excuses au gouvernement du Québec au motif que celui-ci avait manqué à ses obligations légales et à ses devoirs en matière de protection de la vie privée de ses citoyens», rappelle Jean Charest, dans une déclaration publiée sur Twitter.  

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«Cette demande d’excuses n’a jamais fait l’objet d’un accusé de réception, continue l’ex-premier ministre. C’est pourquoi j’ai été contraint de recourir aux tribunaux pour faire valoir mes droits. Pour ma famille et moi, les dommages causés par cette affaire sont irréparables.» 

«Après plus de cinq ans d’enquêtes», Jean Charest ajoute qu’il attend toujours que le Bureau des enquêtes indépendantes (qui se penche sur les fuites) et le Directeur des poursuites criminelles et pénales «fassent suite aux actes criminels de l’UPAC». 

Legault n’écarte pas des excuses

Pressé de questions par la presse parlementaire, le premier ministre François Legault n’a pas écarté la possibilité d’offrir des excuses à son ancien rival libéral. 

Le chef caquiste a cependant rappelé que l’ex-commissaire Robert Lafrenière, qui était aux commandes de l’UPAC à l’époque des fuites, avait été nommé par un gouvernement dirigé par le Parti libéral du Québec. 

«Est-ce que moi, je dois faire des excuses au nom du gouvernement libéral qui a nommé M. Lafrenière? Je n’exclus pas ça, mais on va analyser ça comme il faut», a ironisé M. Legault. 

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«Quand on était dans l’opposition, nous autres, on disait: “le patron de l’UPAC devrait être nommé à un vote du deux tiers”. Les libéraux n’étaient pas d’accord avec ça. Nous, quand on est arrivés, on a changé la loi et on a nommé Frédéric Gaudreault avec un vote du deux tiers, donc on a comme corrigé l’erreur des libéraux.» 

L’UPAC devrait-elle s’excuser? «Peut-être, oui», a laissé tomber M. Legault, avant de continuer son chemin vers le Salon bleu. 

La marque libérale entachée

Pour le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, le gouvernement a le devoir de «reconnaître la faute qui a été reconnue elle-même par le jugement et [de] présenter ses excuses à M. Charest». 

M. Tanguay reproche notamment au gouvernement Legault d’avoir laissé la vice-première ministre Geneviève Guilbault brandir en chambre une copie du livre PLQ inc., un ouvrage des Éditions du Journal qui se penche sur les déboires de l’UPAC, au cours de son enquête sur des allégations de financement politique illégal. 

Selon M. Tanguay, il apparaît évident que les fuites de l’UPAC, qui ont plongé Jean Charest dans «l’angoisse et l’humiliation», ont aussi nui au Parti libéral du Québec lors des dernières élections. 

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay
Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay Photo d'archives, Stevens Leblanc

«Le résultat de la dernière élection, je ne vous dirai pas que c’est à cause des 54 fuites de l’UPAC, mais ça n’a pas aidé. [...] Ces fuites-là auront nui à la marque libérale, ça, c’est clair», a affirmé M. Tanguay. 

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«La Cour a reconnu que M. Charest a fait face à de l’humiliation et de l’angoisse [...]. Aucun citoyen ne devrait avoir à faire face à de tels abus», a déploré M. Tanguay. 

Tanguay en veut aux «bandits»

M. Tanguay en a profité pour faire écho aux propos de l’ex-commissaire Lafrenière, qui avait exprimé en 2017 qu’il souhaitait coincer le «bandit» derrière les fuites. 

«Ceux qui ont commis de telles fuites sont toujours potentiellement sujets à des accusations criminelles», a dit M. Tanguay en rappelant qu’il s’agit d’une entrave à la justice. «J’espère qu’il y aura des accusations criminelles contre les bandits qui ont fait ça». 

M. Tanguay est d’avis que l’UPAC a désormais «de sérieuses questions à se poser». Il affirme néanmoins qu’il a toujours confiance en cette institution et il reconnaît qu’il n’y a pas eu de fuite sous la gouverne du commissaire actuel. 

Prudent, le député péquiste Pascal Bérubé a plaidé pour que l’UPAC soit réintégrée à la Sûreté du Québec. 

Gâchis total

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, considère pour sa part que ce ne sont pas les fuites de l’enquête de l’UPAC qui ont entaché la réputation du PLQ, mais bien «les mœurs politiques du parti» et «les multiples scandales de corruption» soulevés pendant les travaux de la Commission Charbonneau. 

M. Nadeau-Dubois est d’avis que le gouvernement n’a pas à présenter d’excuses à Jean Charest. «Si des excuses doivent être faites, c’est à l’ensemble de la population québécoise pour ne pas avoir livré la marchandise dans la lutte à la corruption», a-t-il lancé à propos de l’UPAC. 

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois
Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois Photo d'archives, Agence QMI

Quand un journaliste lui a demandé si Jean Charest «mérite» les sommes qui lui seront versées, le porte-parole solidaire s’est contenté de souffler: «Le jugement a été rendu, on est dans un État de droit». 

«Qui n’est pas dépité ce matin?» a-t-il poursuivi, rappelant que la création de l’UPAC devait permettre de ramener l’argent de la corruption dans les coffres de l’État. 

«Quelques années plus tard, très peu de gens ont été attrapés, et on est obligés de verser de l’Argent public à Jean Charest. Comment ne pas y voir un gâchis total?» s’est-il interrogé.

– Avec Gabriel Côté, Agence QMI

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