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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Les années 1890 : l'âge d'or du vélo à Montréal... et son déclin

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Photo portrait de Martin Landry

Martin Landry

2025-07-06T04:00:00Z
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Bien avant les embouteillages monstres ou les débats sur les pistes cyclables, le vélo roulait un peu partout dans les rues de Montréal.

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0531 HIST Vélo Photo 2 Le vélo fait son apparition dans les rues de Montréal vers la fin des années 1860. Son ancêtre, le vélocipède à pédales, voit le jour en France en 1861, mais on peut s’en procurer un à Montréal dès 1869. Photo fournie par BAC
0531 HIST Vélo Photo 2 Le vélo fait son apparition dans les rues de Montréal vers la fin des années 1860. Son ancêtre, le vélocipède à pédales, voit le jour en France en 1861, mais on peut s’en procurer un à Montréal dès 1869. Photo fournie par BAC BAC

Dès les années 1860, le vélo ou plutôt son ancêtre, le vélocipède à pédales, faisait son apparition sur l’île. À l’époque, en posséder un coûtait cher. Certains lancent le chiffre de 2500 $ en argent d’aujourd’hui, c’était donc un objet de luxe réservé aux mieux nantis.

Pour apprendre à pédaler, ces bourgeois se payaient un entraîneur à 40 cents l’heure.

L’arrivée de la fameuse bicyclette à la fin du 19e siècle marque un tournant. Ces nouveaux vélos sont alors dotés d’un système de chaîne et de pneus gonflables, ils sont beaucoup plus confortables, plus stables et surtout, la production industrielle les rend aussi moins dispendieux.

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Bientôt, les promenades à vélo deviendront monnaie courante, apparaissent même les premiers clubs cyclistes comme le Montreal Bicycling Club.

0531 HIST Vélo Photos 1A et B Carte des pistes cyclables en 1897 On constate que le réseau cyclable parcourt la majorité de l’île ainsi qu’une partie de la Couronne Nord et de la Rive-Sud à la fin du 19e siècle. Photo fournie par BAnQ
0531 HIST Vélo Photos 1A et B Carte des pistes cyclables en 1897 On constate que le réseau cyclable parcourt la majorité de l’île ainsi qu’une partie de la Couronne Nord et de la Rive-Sud à la fin du 19e siècle. Photo fournie par BAnQ BAnQ

ÂGE D’OR

Les années 1890 voient l’émergence d’un véritable « boom » pour le bicycle. Des compétitions sont organisées et des cartes routières destinées aux cyclistes sont mises en circulation. Le vélo est alors perçu à la fois comme un outil de progrès, un instrument sportif et un objet de loisirs.

Pourtant, cette popularité dérange, des pétitions circulent à Montréal pour restreindre ou interdire l’usage des bicyclettes dans certaines zones urbaines.

0531 HIST Vélo Photo 4 Tramway et bicyclettes, avenue Parkside à Montréal, en 1937 Photo fournie par BAnQ
0531 HIST Vélo Photo 4 Tramway et bicyclettes, avenue Parkside à Montréal, en 1937 Photo fournie par BAnQ BAnQ

Ce phénomène s’explique par le contexte de l’époque : alors que le vélo connaît une popularité fulgurante, il s’impose brusquement dans l’espace public, jusque-là dominé par les piétons, les voitures hippomobiles et, dans certains cas, les tramways.

Les plaintes portent souvent sur la vitesse perçue des cyclistes, considérée comme dangereuse pour les piétons, le caractère bruyant ou dérangeant de ces nouvelles machines et le manque de réglementation claire entourant leur circulation.

Plutôt que d’interdire complètement le vélo, la Ville de Montréal choisit d’encadrer son usage par des règlements, instaurant notamment des zones d’interdiction ou des règles de priorité, ce qui marque en réalité l’une des premières formes de coexistence entre les modes de transport à Montréal.

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Cette opposition à la bicyclette n’est pas unique à Montréal, d’autres grandes villes occidentales connaissent des mouvements similaires.

Cela montre bien que, dès ses débuts, le vélo a toujours été au cœur de débats sur l’espace public, un enjeu encore très actuel.

Vient ensuite le déclin. Le déploiement du réseau de tramways (vers 1892) et plus tard, l’explosion de l’automobile changent la donne.

Malgré sa rapidité et surtout son efficacité, le vélo est écarté des priorités urbaines entre les deux guerres mondiales. Son rôle est réduit à celui de jouet pour enfants, de véhicule pour livreurs ou d’activité de fin de semaine.

0531 HIST Vélo Photo 5 Bicyclette pour les soldats durant la Seconde Guerre mondiale Des fantassins inspectent des bicyclettes en juin 1944. Photo fournie par BAC
0531 HIST Vélo Photo 5 Bicyclette pour les soldats durant la Seconde Guerre mondiale Des fantassins inspectent des bicyclettes en juin 1944. Photo fournie par BAC BAC

RENAISSANCE

Il faut attendre la crise pétrolière des années 1970 pour que le vélo refasse surface dans la conscience collective.

Les ventes explosent, dépassant même celles des voitures à certains moments. À Montréal, on passe de 20 000 vélos enregistrés à près du double en trois ans.

Dans la foulée, plusieurs groupes militants émergent. Des organisations comme Le Monde à bicyclette revendiquent le droit à la ville pour les cyclistes. Ces revendications, parfois exubérantes, parfois poétiques, finiront par porter leurs fruits.

La fin des années 1970 marque la naissance du premier véritable corridor cyclable moderne longeant le canal de Lachine. Peu à peu, le réseau s’étend.

En 1985, le premier Tour de l’île célèbre cette révolution à pédales, rassemblant des milliers de cyclistes dans une ambiance festive. Ce rendez-vous annuel devient un symbole fort de la culture à vélo montréalais.

LE VÉLO PLUS QUE JAMAIS

Le vélo, jadis perçu comme une nouveauté étrange ou une distraction bourgeoise, est devenu un acteur à part entière de la mobilité urbaine. Il a traversé l’ère du tramway, a survécu à l’ascension de l’automobile et a refait surface dans les années 1970 grâce à une conjonction de crise énergétique, de militantisme et de conscience environnementale.

Aujourd’hui, Montréal est reconnue parmi les villes les plus cyclables d’Amérique du Nord. De la draisienne au vélocipède, de la bicyclette à BIXI, le vélo a su s’adapter, résister puis triompher.

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