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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Les animatrices voulaient se venger, croit Rozon

Le témoignage de l’ancien propriétaire de Juste pour rire a été rendu public mercredi

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Photo portrait de Roxane Trudel

Roxane Trudel

2022-03-24T02:50:07Z
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L’ex-magnat de l’humour Gilbert Rozon a estimé que c’est pour se venger et nuire à sa réputation que deux animatrices l’auraient diffamé en onde juste avant son procès. 

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« Si Julie [Snyder] et Pénélope [McQuade] se prétendent juges et qu’elles peuvent condamner des gens médiatiquement, c’est leur droit. Est-ce que c’est le système qu’on souhaite ? C’est autre chose », a soutenu l’ancien homme d’affaires Gilbert Rozon lors d’un interrogatoire en septembre dernier.

Le document de cour contenant plus de 500 pages de témoignage a été rendu public mercredi à la demande des animatrices, qui tentent de démontrer en cour d’appel qu’elles font face à une poursuite bâillon de la part de l’ex-magnat de l’humour, acquitté d’agression sexuelle. 

Ce dernier leur réclame 450 000 $ pour avoir soutenu publiquement être ses victimes lors d’une émission de La semaine des 4 Julie, quelques jours avant le début de son procès pour agression sexuelle.

« C’est un geste calculé, a-t-il soutenu. Quel micro j’ai, moi, pour aller réparer ce qu’elles ont dit ? »   

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  • Écoutez la chronique de Nicole Gibeault sur QUB radio :   

Faux et archifaux

Durant ses deux jours de témoignages sous serment depuis l’Europe, le sexagénaire a nié les allégations publiques de ceux qui sont sortis dans les différents médias pour le dénoncer. 

L’un d’entre eux, un comédien, avait notamment évoqué anonymement s’être retrouvé face à l’homme flambant nu, lui disant qu’il voulait l’« enculer ».

« J’aimerais que cette personne-là le dise publiquement que je la poursuive. Bien franchement, c’est du grand n’importe quoi [...] C’est faux et archifaux », a réagi Gilbert Rozon en interrogatoire.

Au sujet de Julie Snyder, il a décrit des communications à sens unique, où l’animatrice ne le contactait que pour obtenir des faveurs, comme des billets. 

Mais après lui avoir appris qu’elle n’aurait pas un contrat pour le 375e anniversaire de Montréal – une décision de l’ex-maire Denis Coderre selon lui – leur rapport se serait corsé. 

« C’est moi, le messager, qui lui a annoncé, puis à partir de ce moment-là elle m’en a voulu », a-t-il raconté. 

Il a présenté un récit bien différent de la soirée à laquelle référerait l’animatrice, laissant entendre que cette dernière se serait invitée dans son appartement à Paris à la suite d’une rupture amoureuse pour « obtenir du réconfort », même s’ils n’étaient pas proches.

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« Folie collective »

À son avis, il « incarne » la personnalité publique la plus touchée par le mouvement de dénonciation #MeToo, qu’il qualifie de « folie collective ». 

« On n’est pas loin du Moyen Âge et de mettre des gens au pilori, a-t-il comparé. Il y a eu une sorte de chasse, [beaucoup]ont eu peur d’être dénoncés. Puis une fois que c’est fait dans les médias, tu es détruit. »

Une action collective de plus de 10 M$ intentée par un collectif de femmes est tombée à l’eau, mais plusieurs d’entre elles le poursuivent individuellement. Ces procédures sont toujours en cours.

– Avec Michaël Nguyen

Extraits de son témoignage  

« [Au début], je pensais que les allégations [c’était] que j’avais été un peu “mononcle” en disant à une fille que je la trouvais belle ou des affaires de même, parce qu’on sait aujourd’hui qu’une agression se définit d’un simple regard insistant ou de regarder le corsage d’une femme. »

« [Julie Snyder et Penelope McQuade] savaient exactement ce qu’elles faisaient et elles savent très, très bien l’impact que ça a. Il n’y a personne qui pourrait prétendre le contraire. »

« Accuser quelqu’un médiatiquement, on sait pertinemment qu’on va le détruire de façon presque plus importante qu’un tribunal. Parce que ça fait le tour du monde et ça a été effrayant les conséquences pour moi. »

« Au Québec, vous trouvez les dénonciations en masse [...] par rapport à la France, qui se garde, pour l’instant, une petite gêne avant de sortir des listes innombrables, de faire des accusations. [...] Avant de détruire une carrière, il faut présumer [l’innocence]. »

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