L’accusée dit avoir été inspirée par le mouvement #MeToo


Antoine Lacroix
La chercheuse universitaire qui aurait voulu pourrir la vie de son ex-amant en l’accusant faussement à son entourage a affirmé avoir été inspirée par le mouvement #MeToo et a déploré que sa dénonciation se soit retournée contre elle.
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« Je suis passée de victime à harceleuse, j’étais dans le fond du baril. [...] Je me suis donné la place qui me revenait en tant que victime », a lâché mercredi Ann Letellier, alors qu’elle subit son procès au palais de justice de Sorel pour des accusations de harcèlement et d’extorsion.
Elle a poursuivi son témoignage, livrant encore une version qui vient contredire celle du plaignant dans cette affaire, dont on ne peut révéler l’identité en raison d’une ordonnance de non-publication.
Les membres du jury auront donc à décider à qui ils accordent le plus de crédibilité.
Ann Letellier leur a expliqué que son amant avait instauré une forte relation de contrôle, où elle n’était qu’un « simple objet » et subissait de violents sévices lors de chaque relation sexuelle.
Elle a soutenu qu’elle avait réussi à y mettre fin en le repoussant et le sommant de quitter son chalet.
« Ça a été la fois que j’ai été capable de lui dire d’arrêter et que je n’en pouvais plus », a-t-elle indiqué.
L’accusée n’a pas pu expliquer l’abandon du contrôle dont elle prétend avoir été victime.
« Il a respecté ça et il n’a pas essayé de ravoir [des relations sexuelles] après », a reconnu Mme Letellier.
En colère
Elle a admis avoir multiplié les dénonciations et les plaintes contre le plaignant parce qu’elle était « en colère de ne pas être crue ».
« Je suis une victime qui a essayé de raconter son histoire, mais ç’a rien donné », a-t-elle affirmé, disant avoir été inspirée par le mouvement #MeToo et la comédienne Patricia Tulasne, son « idole », qui avait dénoncé Gilbert Rozon.
Mais elle dit n’avoir jamais pensé aux impacts de ses gestes à l’égard du plaignant, comme les courriels à plus d’une trentaine de personnes, dont plusieurs de ses proches et même la ministre de l’Enseignement supérieur, dans lesquels elle affirmait avoir été « violée, abusée et agressée sexuellement ».
« Moi j’étais dans une démarche de libération contre mon agresseur sexuel. [...] C’était le cadet de mes soucis, sa réputation », a admis Ann Letellier.
Le témoignage de l’accusée se poursuit jeudi.